Ursula Le Guin est une autrice SF dont j’ai toujours apprécié le travail sans avoir réellement exploré son univers. Pour tout dire, je n’ai toujours pas lu une bonne partie des ses romans dits « classiques », mais les nouvelles que je croisais dans les revues m’ont donné envie d’aller plus loin et j’ai investi dans ce Quatre Vents du Désir, recueil de nouvelles publié originellement en 1982.
Des fourmis et des hommes
La SF de Le Guin est idéale pour les allergiques à la littérature de science-fiction. Centrée sur l’humain, elle ne va pas vous barber avec des considérations techniques ou rêver des engins futuristes détaillés. Du coup, ce sont plutôt les histoires dans lesquelles la science-fiction est absente qui m’ont le plus touchées.
L’auteur des graines d’acacia
Un compte rendu scientifique sur l’écriture dans le règne animal. Parce que les fourmis peuvent écrire des manifestes politiques et les poissons créer des opéras nautiques. Beaucoup d’humour et une invention qui fait rêver.
L’âne blanc
Une très courte nouvelle fantasy autour de la condition féminine dans un univers type Moyen Âge. Très cruel, évidemment.
L’œil transfiguré
Pour le coup, une vraie nouvelle de SF avec une colonie juive qui peine sur un monde aride et empoisonné. L’écriture de Le Guin est souvent mélancolique et, dans ce cas précis, la fin se révèle surprenante par sa vision positive de l’Humanité. C’est aussi une jolie métaphore sur les conflits de génération.
Labyrinthes
Un chercheur étudie une bestiole. Sauf que l’intelligence n’est pas vraiment là où on l’attend.
Sur
Comment le Pôle Sud a été atteint en premier par une équipe féminine qui a préféré ne pas ébruiter l’affaire pour ne pas indisposer les explorateurs mâles. Une aventure incroyable racontée tout simplement. Le Guin adorait les récits d’explorateurs dans sa jeunesse et c’est un hommage malicieux.
Deux retards sur la ligne du nord
Ma préférée parce qu’elle a un côté Borgèsien en diable. Impossible à résumer, il y a juste du retard sur la ligne ferroviaire. On y retrouve en tous les cas le besoin d’équilibre inspiré du taoïsme comme l’évoque Le Guin dans l’entretien qui figure dans l’ouvrage.
Au final
Il y a un peu à boire et à manger dans ce recueil. Certaines de ces nouvelles fleurent bon les expérimentations littéraires de la SF états-unienne des années 1970 et sont déroutantes. D’autres ont un peu vieilli avec des références à des univers qui rappellent l’Union Soviétique. Mais elles sont toutes très stimulantes.
L’entretien passionnera les fans, mais ne m’a pas beaucoup excité, probablement parce qu’il développe des questions d’écriture littéraire qui me passent un peu au-dessus de la tête en tant que dessinateur. Le Guin explique son approche de la littérature et comment elle écrit – elle ne fait pas de plan et laisse venir les histoires à travers les personnages, une approche qui me correspond bien. Elle raconte aussi comment sa réflexion l’a amenée à une écriture que l’on peut qualifier de « féministe » même si elle n’en fait pas l’axe de son travail. Le tout se conclut par une biographie complète.
C’est noté. Certaines nouvelles sont touchantes on dirait .
Sur le langage des fourmis, je lutte contre une infestation de fourmis sur ma terrasse,j’aurais un peu honte après lecture ahah.
Merci pour la suggestion.
De quelle couleur sont-elles ? Les fourmis rouges sont de gauche.
Oui, il y a de jolies nouvelles, mais impossible à développer sans déflorer l’ensemble.
Pourquoi pas ?
J’avais bien apprécié Les dépossédés, seule oeuvre que j’ai lue, à ce jour, de l’auteure.
Merci d’avoir signalé ce recueil – même si certaines nouvelles semble quelque peu ”vieillies” aujourd’hui ?
(s) ta d loi du cine, ”squatter” chez dasola
En fait, c’est difficile de répondre à cette question. Comme je ne lis pas beaucoup de SF récente et que je suis un vieux, les thématiques et univers ne m’ont pas trop paru datés. Mais effectivement, les textes les plus expérimentaux fleurent bon les années 70/80 dans leurs délires.