J’aime bien les bouquinistes. Quelque fois, j’ai l’impression que les vieux livres sont les dernières terres inconnues qu’il nous reste, des espaces vierges à explorer d’où peuvent sortir des trésors oubliés.
À St Denis de la Réunion, il y a un bouquiniste comme je les aime : une boutique pleine de choses diverses et variées avec des trucs que je n’ai jamais croisés. C’est là que j’ai découvert L’homme qui devint un gorille de H.J. Magog avec sa couverture génialement illustrée en noir et blanc. Un gorille revêche en chapeau melon !
Réédité dans la collection Marginalia dirigée à l’époque par François Rivière, L’homme qui devint un gorille est un roman publié originellement en 1930. Le professeur Fringue, chirurgien génial mais un peu barré dans sa tête et son assistant, le muet et froid Clodomir (dit Silence), reçoivent un étrange visiteur qui se dit volontaire pour une opération théorisée par les deux savants : transférer le cerveau d’un humain dans le corps d’un animal – et réciproquement. D’un autre côté, Roland Missandier à la veille de se fiancer à la délicieuse Violette Sarmange, fille de banquier et amie d’enfance. Mais un rival rôde : le Corse Borsetti qui tient l’avenir de la banque Sarmange dans sa main.
Tuons le suspens tout de suite : il n’est pas très étonnant que Magog ne soit plus connu que par un petit nombre d’initiés. Si son écriture est alerte – un peu à la Maurice Leblanc – et les personnages réussis – évidemment, on ne compte pas le héros sans peur et la jeune demoiselle en détresse – il réussit à transformer un départ intrigant en un récit sans aucun rebondissement. Le lecteur malin aura compris après deux chapitres ce qui va se passer et la seule surprise… c’est qu’il n’y en a aucune ! Difficile de juger un auteur sur un seul livre mais comme celui-ci est présenté comme un de ses trois meilleurs…
Reste la collection Marginalia pleine de titres excitants et d’auteurs du même acabit (Chesterton, Leblanc, Lovecraft, Stevenson,…), elle rappelle que la fin des années 70 en France voyait un bouillonnement de curiosité pour une littérature autre (et une BD du même tonneau). Et Rivière avait eu la bonne idée de demander à des illustrateurs de ses connaissances de réaliser la couverture. Je connaissais évidemment celle de Moebius pour Lovecraft et les dessins de Tardi pour Stevenson.
De son vrai nom, Magog s’appelait Henri-Georges Jeanne et la couverture est évidemment de Franquin – un gorille, des savants fous, voilà des thèmes qui devaient lui parler…
Les bouquinistes,ce sont des passeurs.Trouver ce que l’on ne cherchait même pas;ben,c’est la vie,ça. Trés beau texte.On a même le parfum,je crois.
Oui mais en général, on n’a pas de mauvaise surprise chez les bouquinistes…
Mais bien sûr !
Tout d’un coup toutes ces couvertures me reviennent en mémoire.
Merci.
à part celle de Moebius, qui est un classique.
Ah ben moi je ne connaissais que celle de Moebius et encore, pour l’avoir vue reproduite dans des ouvrages. Jamais en librairie.
Jolie trouvaille ! Je traine souvent dans des bouquineries et je n’ai jamais vu passer des ouvrages de cette collection… Par contre, je viens de voir L’homme qui devint un gorille à la Fnac, il fait partie des textes de SF réédités par les éditions de l’évolution selon une stratégie éditoriale un peu contestable selon moi (vendre au prix fort des textes libres de droits en ajoutant simplement un petit dossier inédit sur la thématique abordée).
En effet, je l’ai vu et cherchant des infos sur Magog. Comme le bouquin ne m’a pas emballé, j’ai évité de parler de cette réédition.