Evidemment, je ne pouvais pas passer à côté de ce truc puisque Métal Hurlant est directement à l’origine de ma vocation d’auteur BD.
Voilà donc un énorme pavé très ambitieux et particulièrement riche sur la vie, la gloire et la mort du magazine BD français le plus excitant qu’il y ait jamais eu. Plutôt que de ronronner l’histoire officielle, Gilles Poussin et Christian Marmonnier ont eu l’idée de génie d’appliquer le ton Métal à leur bouquin. On a donc droit à des fragments de commentaires éclatés apportant des points de vue parallèles et pas mal contradictoires sur les évènements et la vie quotidienne du (à un moment) mensuel. Ce mélange de règlements de compte, de paix retrouvée, de regrets éternels et de mauvaise foi impayable est un réel hommage à une revue qui a vécu et survécu surtout grâce à la personnalité de ses animateurs. Dionnet est royal et décadent en fan de comics tombeur de playmates, Manœuvre rock explosé en tyran domestique assoiffé de boulot, j’en passe et des meilleurs.
S’il y a des reproches à faire, c’est que la richesse de la revue ne permet pas à tout le monde de s’exprimer dans le bouquin. Si la bande rock est mise en avant (alors que cette orientation de la revue m’a toujours vaguement ennuyée même si je suis tombé moi aussi dans le concept :-)), je reste sur ma faim avec l’absence de Caza, Nicollet ou Claveloux en tant qu’ intervenants alors qu’ils ont pourtant publié des choses marquantes chez les Humanos. Et que dire de l’absence totale de commentaire sur la première publication de Philippe Mouchel dans Métal !!!!
Quoiqu’il en soit, si comme moi, vous avez couru les brocanteurs jusqu’à posséder les 6 premiers numéros de MH, vous ne pouvez pas passer à côté de ce bouquin enthousiasmant à une époque de ronronnement intensif…
Ceci peut vous intéresser
!ABC Pour signaler une erreur ou une faute de français, veuillez sélectionner le texte en question et cliquer sur l’icône R en bas à gauche.
Hello !
Effectivement c’est un très bel ouvrage ! A posseder pour les fans !
Les fans possédent plutôt la revue ;o)
Pour ce genre de bouquin, il faut être un cran au dessus, un ”faniac” comme on dit aux US. On y cherche toujours les manques, les omissions ou les erreurs des auteurs.
Mais bon … ça peut être utile pour la petite histoire.
Combien vaut ce pavé ?
40 € et j’ai essayé de me le faire offrir pour Noël :-) C’est quand même un beau bouquin qui mérite la lecture (après on peut peut être l’emprunter à la médiathèque locale).
Jean-Pierre Dionnet a désormais un blog : http://www.humano.com/blog/l‑ange-du-bizarre/1
En effet, ça commence bien avec des contre vérités, du copinage intensif… et l’impossibilité de poster un commentaire pour cause d’antispam débile. Quelqu’un a l’adresse email de Dionnet que je l’abreuve de commentaires agacés ?
@Li-An : Aux dernières nouvelles, il est possible de poster des commentaires (en tout cas il y en a qui sont affichés).
Je vais m’abstenir de faire mon malin :-) Longue vie au blog de Dionnet :-)
Pssst… Psst… C’est ”Denöel Graphic”, pas ”Graphique”… CCChuuut…
Ayé, corrigé.
Il est quand meme vaguement déprimant ce bouquin. Et ça a un côté recueil de commérages rances, de ragots et de règlements de compte pas très élégant ni très fun. A la fin, on a quand meme un peu de mal à croire que cette poignée de sales types (il n’y en a pas beaucoup qui sortent grandis à la lecture du bouquin) a réussi à sortir le meilleur canard de bd de tous les temps. L’auteur a vraiment choisi un angle très réducteur pour l’enemble du bouquin qui n’aurait du être qu’une partie parmi d’autres.
@Olivier R : je n’ai pas eu cette impression à la lecture. Elle commence à dater d’ailleurs. Pour avoir participé à une aventure du genre, je sais à quel point il n’est besoin d’être saint pour faire un bon journal :-) Et encore, après discussion avec certains de l’époque, tout n’a pas été dit :-)
@Li-An :
J’ai aussi participé à des aventures du genre, redac/bande de potes/anarchocréatifs/lutte d’ego etc, je vois bien ce que c’est. Mais quand meme. Là où on aurait pu avoir une somme sur le monument Métal Hurlant, on n’a finalement qu’une suite de commentaires affectifs qui n’a rien de transcendante. Meme la partie icono n’est pas à tomber par terre (mais ça c’est peut être différent pour ceux qui n’ont pas lu la plupart des MH). Bon, ça dépend aussi sans doute de l’humeur du lecteur au moment de la lecture aussi ;) (Il pleut beaucoup trop ces jours ci).
@Olivier R : ça dépend aussi ce qu’on attend. Pour ta défense, Manoeuvre a détesté le bouquin qu’il a publiquement incendié. Un des auteurs passe régulièrement par ici :-)
@Li-An : Ah. Vu ce qu’il prend dans la tronche, c’est pas super étonnant non plus.
@Olivier R : en même temps, il est clair qu’aussi bien Manoeuvre que Dionnet ont la tête ailleurs au bout d’un moment – boîtes, télé, musique – et que le magazine n’est plus leur priorité.
@Li-An : Maneuvre est quand meme pas mal piétiné. Il est quand même décrit comme une espèce de connard odieux mégalo et manipulateur. Moi l’impression que j’ai toujours eu (et c’est quand meme un peu dit dans le bouquin de temps en temps), c’est que sans Maneuvre, on n’aurait jamais eu ce journal (au moins autant que sans Dionnet). Et que pour faire tourner cette machine, avec ce mélange de bras cassés géniaux, de vieux maitres égotistes et de cinglés, il fallait avoir à la barre un gus un peu duraille. Ce qu’il a été.
Sur le bouquin lui même, je trouve qu’on aurait pu se passer d’une bonne partie des interventions/anecdotes vaguement pleurnichardes. Par exemple, savoir que le maquettiste en place découvre par hasard que le petit nouveau est mieux payé que lui, qu’il y a du copinage etc etc… on s’en fout un peu, non ? On a tous connu ça dans les boites ou les bandes où on est passé. Les petites mesquineries des uns et des autres, on se doute bien que ça existe partout, y compris à MH.
Par contre j’aurais aimé voir certains points esquissés plus développés (hors témoignages bruts). Par exemple la méthode de travail de Jodo, de Tramber & Jano etc.
Mais bon, peut etre qu’en fait ce bouquin est tres bien et qu’il n’est juste pas pour moi
@Olivier R : je suis d’accord avec toi pour le boulot de Manoeuvre. Mais ce que tu demandes, c’est un autre bouquin d’un genre très différent. Il faudrait que je le relise pour me refaire une idée. Mais en même temps, comme je suis assez coup de pieds dans la statue, j’aime bien voir le côté ”mesquin” des hommes qui est surtout leur côté humain. Dire du bien de Gauguin par exemple en se basant sur son génie de peintre c’est bien joli mais ça fait croire aussi de manière tendancieuse que c’était un Grand Homme, ce qu’il n’a pas été visiblement. Si on se contente de louer le travail effectué par les différents intervenants de MH, le lecteur incrédule pourrait se demander pourquoi cette belle aventure pleine de gens géniaux a fini par se planter. Je peux comprendre ta frustration mais il y a tellement peu de livres qui dépassent l’hagiographie sur le sujet de leur admiration que je trouve ça plutôt intéressant.
@Li-An : Je suis d’accord. Je ne souhaitais pas non plus lire une hagiographie ou voir dresser des idoles.
Mais en ne se focalisant que sur les petites histoires de ratages, les mesquineries, les gueguerres de clans, les jalousies un peu sordides, les histoires de dope et de pognon etc. je continue à penser que c’est un raté.
Ca n’aurait du être, à mon avis, qu’une partie d’un bouquin qui se veut une somme plus ou moins définitive sur l’aventure Métal (c’est en tout cas comme ça qu’il est présenté un peu partout). Et ça va trop loin. Certaines anecdotes sont des ragots de fond de poubelle qui ne servent à pas grand chose, n’amènent rien. On comprend assez vite l’ambiance et la problématique, on n’est pas obligé de soulever tous les tapis jusqu’à plus soif. Démythifier c’est bien, ok, mais ça ne peut pas suffire. Si tu veux parler de Métal, de toute cette aventure, de cette décennie bien particulière, de tout ce que ça a changé dans la BD (et pas seulement), tu ne peux pas te focaliser que là dessus.
Là, pour le coup, on se demande comment cette tripotée de mabouls, d’enculés, de planches pourries et de geignards chroniques ont réussi à créer et faire vivre ce canard hors norme.
Et le parti pris ne de faire parler que les rescapés encore joignables, s’il est intéressant, force à faire l’impasse sur pas mal de monde. A commencer par Chaland et Arno par exemple, fantomes tristes errant ici et là au fil des pages.
Je suis déçu et un peu énervé du coup. Je reste sur ma faim. On n’est pas prêt de revoir sortir un bouquin sur Métal, et je trouve que celui ci ne fait que la moitié du boulot. Dommage.
En même temps, j’exagère peut être un peu. Je le relirai plus tard, quand il fera soleil.
@Olivier R : ce n’est quand même pas le sentiment que j’ai eu en le lisant. J’ai vraiment appris des choses en ce qui me concerne.