Sous une couverture pas super réussie d’ Allot, voilà un roman SF culte qui fleure bon les années 80. Il faut dire que ce gros pavé tombé de nulle part (on sait peu de choses sur l’auteur), aux mêmes références que Jodorowski (Castaneda and co) brasse allègrement réflexions mystiques (illumination bouddhiste, sacrifice christique, Golem judaïque j’en passe et des meilleurs), action efficace et personnages hors du commun.
Imaginez la Terre baignée dans un flux d’énergie venu de l’espace, soumise à des mutations génétiques incontrôlables, ravagée par des tempêtes gigantesques, une Terre à moitié désertique, peuplée de mutants et d’obsédés de la Race Pure, oublieuse d’un passé technologique et culturel qui s’est effondré. Non, imaginez plutôt une espèce ET qui ne soit qu’esprit, portée par un vent stellaire, passant de planète en planète, s’incarnant dans les habitants qu’ils croisent et effrayés à l’idée de rester bloqués sur la Terre. Ben, non, en fait, c’est l’histoire d’un gros lard vicieux qui tue des petites frappes pour se donner l’impression d’exister, un pauvre type qui n’a pour lui que le fait d’être un Homo Sapiens génétiquement pur.
Attanasio fait le portrait d’un Héros dans le sens mythologique du terme, soumis à un destin impitoyable, manipulé par les Dieux et dont les étapes spirituelles passent pas un long apprentissage fascinant. Chaque Maître rencontré lui apprend une leçon qui le libère de ses chaînes passées et le poussent en même temps vers un but qu’il n’a pas choisi. J’avoue que c’est cette longue initiation qui m’a fasciné, ce côté Jodo en plus cohérent, moins gratuitement provocateur, qui montre un homme se construisant aussi bien physiquement qu’intellectuellement, une thématique qui risque de résonner chez beaucoup d’ados. Attanasio pourrait se contenter de cette histoire mais c’est le genre d’auteur qui en veut toujours plus et les personnages ”secondaires” sont souvent magnifiques (il faut voir le Tueur au sabre, témoin horrifié et effrayé s’en tirant toujours par la violence). Ce pourrait être un chef-d’œuvre absolu, mais les thématiques abordées poussent Attanasio à la redondance et l’incantation (le problème du discours religieux) et la fin se lit comme certains passages de Jules Verne, en sautant des paragraphes, malgré un final apocalyptique. Pour les amateurs de livre-univers…
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Ton analyse m’interpelle :
J’avais acheté Radix – l’histoire de l’ado adipeux qui devint Dieu – il y a dix ans de cela suite à la lecture d’un vieux Métal Hurlant, qui en faisait un classique instantané !
Je me souviens de la transformation éprouvante et physique du Sucrerat.
je me souviens de courses improbables dans des forêts.
Je me souviens de mentats manipulant vos actions, je me souviens de combats improbables contre et avec des Dieux, je me souviens de persos et d’univers à la hauteur de Dune ou d’Hypérion.
Et la jeune ado que j’étais alors n’en était pas ressortie indemne !
Par contre, tout ce mumbo-jumbo incantatoire et religieux, je ne m’en souviens plus ! Va falloir que je retrouve une copie ! Merci pour le billet !
Je me rappelais moi du fatras mystique mais la relecture n’a pas été le pensum que je craignais. La partie ”dynamique” tient toujours bien la route.
Miracle ! Le premier commentaire est à sa place !
Bon, pas grand chose d’intéressant à dire à part ça…
Je ne connais pas cet auteur, mais tu me donne tout de même envie de le lire (malgré le coup de griffe contre Jules Verne – sans s final d’ailleurs- dont les digressions font aussi le charme… )
Ce n’est pas la première fois que je rajoute un ”s” à son nom à celui-là. Et je n’ai rien fait pour le site… Un mystère de l’informatique.