Pouvez-vous imaginer un monde technologique où vous seriez aussi perdu que vos (arrière) grands-parents face à une console de jeux, un magnétoscope ou un ordinateur ? Vernor Vinge le fait.
Robert Gu, le plus grand poète que l’Amérique ait enfanté, se réveille d’un long sommeil : il vient d’être soigné de sa maladie d’Alzheimer. Malheureusement, il n’est plus du tout dans le coup et il découvre avec horreur que toutes les les capacités de travail qu’il a pu acquérir n’ont plus aucune valeur dans un monde hyper virtualisé où on apprends plus à trouver l’information et à la manipuler plutôt que les concepts de base tels qu’on les enseigne encore au début du XXI° siècle. En règle générale, la SF présente des univers dont les règles philosophiques, artistiques et technologiques font écho à celles du lecteur (bien obligé, sinon je ne vois pas qui achèterait un bouquin incompréhensible). Vinge pousse le bouchon plus loin en imaginant un monde très proche (Gu a bossé sous Win Me) mais complètement déroutant par évolution (la seule manière de le maîtriser aurait été de grandir avec lui). On y voit d’ailleurs un ancien prix Nobel suer sang et eau pour réussir un examen…niveau lycée technique du futur (Vinge nous laisse dans le plus grand mystère sur ce que peuvent réaliser les lycéens des classes supérieures). Plus vicieusement, il imagine un monde où le livre papier ne sert quasiment plus que de décoration murale, où les bibliothèques universitaires pour survivre doivent se transformer en virtualité post Tolkien/Pratchett/Pokemon et, pire que tout, où la littérature générale a été un moment phogocytée…par la SF (à mourir de rire). Le personnage de Gu est d’ailleurs très intéressant de ce point de vue : génie littéraire, ce fut aussi une peau de vache de première et sa morgue, son mépris pour ce qui n’arrive pas au niveau de la grande littérature est comme un écho à la difficulté des élites à se confronter à l’émergence de nouvelles consommations culturelles. Se greffe par dessus un thriller tout à fait réjouissant où tout le monde manipule tout le monde dans un monde où le moteur de recherche est roi. Pour terminer, sa description d’un monde hyper virtualisé où nous portons sur nous les moyens de le redéfinir à volonté et suivant nos besoins risque de marquer la SF et justifie un prix Hugo 2007.
ps : un bémol tout de même. Vinge ne nous montre que des étudiants, chercheurs et militaires, c’est à dire des univers repliés socialement sur eux mêmes. Qu’en est-il des ouvriers, commerçants, paysans ? Un peu mystère et boule de gomme.
Voilà je viens enfin de le finir et mon avis est : Hyperchiant !
Vinge nous avait habitué à des romans certes ultra science mais là c’est une logorrhée indigeste sur la future technologie virtuelle avec un scénar vaguement d’espionnage.
Certains y ont vu du Cyberpunk, d’autres du Dostoïevski, c’est dire le grand écart.
Hugo totalement injustifié.
Mieux vaut lire Science et Vie, ça coûte moins cher et c’est bien plus divertissant.
Je tire mon chapeau au traducteur (que je connais) pour avoir bossé là dessus.
Tu trouves ça trop Science et Vie ??? Mazette, j’ai pourtant lu bien pire question vulgarisation :-)
en tout cas il faudrait retrouver le type qui a commis la couverture :)
Je ne sais pas si c’est un gars ou une fille mais son travail est très contesté chez les amateurs SF. Il/elle a fait pire…
Au fond, je crois que j’aime bien. La forme escargoïdale sur le côté me laisse songeur.
(j’aime bien être laissé songeur)
Je pense que c’est un morceau de la Sagrada Familia à Barcelone (un chapitre du livre se déroule là-bas).
Ah, Gaudi, toujours un train à vapeur d’avance…