Ayant à de multiples reprises parlé du travail de Robert Fawcett, j’ai été ravi de voir sortir un livre sur son travail. Sous-titré The Illustrator’s Illustrator, le livre revient sur le parcours d’un illustrateur qui n’a pas été très à la mode à une époque où l’on privilégiait les gros plans sur des jeunes filles au teint de pêche croquant dans la société de consommation à pleine dents. Robert Fawcett est d’origine anglaise et a suivi ses parents aux USA. Poussé par son père qui rêve d’Art, il dessine très tôt et devient professionnel à l’adolescence. Il économise suffisamment pour partir deux ans dans une grande école d’Art londonienne où il travaille énormément sur modèle. Plus tard, il avouera ne pas avoir suivi de cours d’anatomie ou de peinture pour se focaliser sur le trait et le dessin. Son travail sur Sherlock Holmes dans Courrier’s va le rendre fameux dans le très large milieu de l’illustration US de l’époque. Invité à faire une conférence sur son travail pour des étudiants, la salle se verra submergée par les professionnels new yorkais curieux d’en apprendre plus sur un artiste un peu hors norme. Contrairement à la plupart de ses confrères, Fawcett ne cherche pas à rendre beau ce qu’il représente et ses traitements du décor vont vers l’abstraction. Il préférera travailler avec les magazines qui lui proposent des sujets à caractère historique plutôt que de faire de la publicité. Il est fameux pour sa quête de pinceaux usagés qu’il retaillait pour obtenir des effets particuliers et l’utilisation des feutres. Ses recherches techniques l’ont amené à publier un livre sur le dessin (que je n’ai pas réussi à lire) très apprécié à l’époque et il souvent sollicité pour parler du métier. Le contraste entre la qualité de ses personnages et le traitement du décor se retrouve dans le travail de Goossens, Pratt ou Blutch.
Le livre reprend une grande partie de son meilleur travail mais il y a peu de reproductions issues d’originaux. La plupart sont scannées à partir des magazines et il est assez difficile de se rendre compte de ses couleurs originales (il était daltonien). Le livre reprend plusieurs interviews de Fawcett passionnantes à travers les réflexions qu’il se fait sur le dessin.
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Aurons-nous quelqu’échantillons de réflexions de FAWCETT ?
Bon, allez, mais c’est pas de la grande traduction : ”Les lecteurs demandent à voir de jolies personnes dans de jolis décors composant une jolie image. Plus votre public est large, plus son goût est limité. Il préfère le contenu du sujet au rendu et les filles aux hommes. Il ne veut pas voir d’autres messages que ”les filles sont mignonnes et les hommes aimes les filles mignonnes.””.
Merci.Est-ce l’expression-cynique-de son point de vue?Un constat attristé ou une lutte..?Son art semble apporter les nuances et les bonnes réponses.
Je ne pense pas qu’il y ait une pointe de cynisme. J’ai oublié de dire qu’il aurait pu faire une carrière de peintre et qu’il a préféré l’illustration qui lui semblait philosophiquement moins hypocrite. Il voit son travail comme un combat contre la paresse intellectuelle.
Oui c’est un des ”Famous Illustrators” des années 50, on peut trouver ses dessins explicatifs dans le Famous Artist Course. Je n’ai jamais trouvé de bonnes repros de son boulot, et je pensais que ce bouquin (que j’attendais depuis plusieurs mois) en offrirait. Tant pis. Juste un point sur son traité du décor. Je le vois plutôt comme motif graphique (type Eyvind Earle de la meme épouque) que comme une abstraction
Il y a quelques scans d’images originales. Je n’ai pas fait le compte mais elles sont très minoritaires. Il y a quand même des choses qui sortent du motif pur mais je ne suis pas assez savant pour discourir là-dessus.