Thin Air – Richard Morgan (Bragelonne)
Hakan Veil est un ex-nettoyeur. Dès sa conception, il a été programmé par une grosse entreprise pour un boulot particulier : mis en hibernation dans les vaisseaux qui routent entre la Terre et Mars, il n’est réveillé qu’en cas de problème nécessitant une intervention musclée. Il se transforme alors en machine à tuer particulièrement efficace. Mais sa conscience l’a poussé à une faute professionnelle et le voilà bloqué sur Mars, mercenaire au service du plus offrant. Mars, planète de la Frontière où les industries de pointe peuvent se développer comme des champignons, et qui voit débarquer non sans sueurs un audit terrien. Car qui dit Frontière dit magouilles en tous genres. Veil se retrouve assigné à la protection d’une Terrienne chargée d’une enquête particulièrement sensible. Et au physique particulièrement vavavoom.
Richard Morgan ne fait pas dans la dentelle. Son livre joue à fond le côté hard boiled des romans policiers gonflés à la testostérone façon Mike Hammer. Le gars Veil est du genre super dur à cuire qui ne lâche pas le morceau, surtout si il y a au bout une poupée qui le fait triquer. Parce qu’il y a aussi des scènes de cul explicites. Qui m’ont rappelé l’époque révolue des SAS… en moins bien. Elles sont assez ridicules (les protagonistes sont visiblement incapables de résister à une bouffée de désir sexuel) et m’ont fait régulièrement décrocher du récit. Pas que ce fut déplaisant à lire, je me suis surpris à me demander ce qui allait se passer : politiciens corrompus, flics violents, grosses boîtes qui franchissent la ligne rouge, il semblerait que rien n’ait changé pour le roman noir même SF. C’est probablement ce côté classique (on a même droit à la secrétaire fidèle sous forme d’IA plantée dans le crâne) qui m’a permis de tenir presque jusqu’au bout. J’ai finalement décroché avec la dernière scène de jambes en l’air et je me suis rendu compte que je m’en tamponnais de savoir si la Navy allait mettre la main sur Mars ou si le super méchant allait se faire exploser la tête. C’est ballot, il restait une vingtaine de pages.
La mort de Staline, un film décapant de Armando Iannucci
Comme il est assez déprimant d’écrire un billet juste pour dézinguer un roman, je compense avec cette Mort de Staline signée Armando Iannucci, inspirée de la BD de Fabien Nury et Thierry Robin que je n’ai pas lue.
Staline, le Petit Père des Peuples, clamse dans la douleur avec le Politburo qui court en rond autour de lui comme un poulet sans tête. Il faut dire que la poigne de fer du dirigeant de l’URSS pesait tellement lourd qu’il est compliqué d’imaginer sa mort pour son entourage (voire interdit même inconsciemment). Après avoir digéré la nouvelle, chacun tente de prendre le pouvoir en sachant que les perdants risquent gros.
Iannucci n’a pas fait dans la dentelle bien aidé par un casting anglo-saxon relevé qui jouent le sadisme, la veulerie, la bêtise et l’outrance avec un plaisir communicatif. On assiste donc à une farce tragi-comique insensée où la Mort ricane méchamment. La film a été interdit en Russie, ce qui prouve clairement sa pertinence. On peut aborder la paranoïa stalinienne via le mélo ou la mélancolie « tellement slave » mais la charge aux boulets rouges me parait plus honnête : ces gens étaient des bourreaux malades qui défendaient un régime délirant en massacrant des gens. Ils méritent que l’on rit à leurs dépens.
Fabien Nury est un très bon scénariste, il fait souvent mouche dans les thrillers politiques.
La BD est peut-être une bonne porte d’entrée avant le film.
Malheureusement, ce n’est pas du tout mon type d’histoire en BD. Alors que ça ne me gêne pas du tout au cinéma.