John Bernard Books va très mal et il se traîne jusqu’à El Paso où il sait trouver un médecin en qui il a toute confiance. Le diagnostic est sans appel : Books est en train de mourir d’un cancer de la prostate et il n’a plus que quelques semaines à vivre. Ce qui n’est pas sans avoir des répercussions sur les gens qui l’entourent puisque Books est un homme réputé pour ses capacités de tireur et le nombre de cadavres qu’il a laissé derrière lui.
Écrit en 1975, Le tireur de Glendon Swarthout a été adapté au cinéma par Don Siegel sous le titre français un peu débile Le dernier des géants avec John Wayne, lui-même souffrant d’un cancer, dans son dernier rôle. C’était une très mauvaise période pour le western US et je me fais pas trop d’illusion sur le résultat final que je n’ai pas vu.
Mais ça mériterait peut-être le détour parce que le livre est très peu hollywoodien et, comme c’était la mode à l’époque, aborde le genre par le versant crépusculaire. Books est à la fin de sa vie et l’Ouest qu’il a connu est en train de mourir avec lui. La Reine Victoria va être enterrée en grandes pompes et El Paso voit débarquer l’électricité.
Books se défend d’être un tueur et prétend avoir toujours dégainé en état de légitime défense. Ce qu’il regrette, ce n’est pas la légende de l’Ouest qu’il représente à son corps défendant mais sa jeunesse enfuie et les occasions manquées. Son entourage ne voit en lui qu’une icône en train d’agoniser et profiteurs, groupie et petites frappes rêvant de se faire un nom tournent autour de lui, aimantés par sa mort prochaine. Books réglera le problème une fois pour toute en rajoutant une pierre au mur de sa réputation.
Le livre est très sombre voire ironique avec une description détaillée des symptômes de la maladie de Books – il va falloir penser à faire un test de dépistage, je commence à avoir l’âge. Au fur et à mesure que Books s’enfonce dans la douleur et perd de son autonomie, il voit ses ultimes raisons de poursuivre le combat lui filer entre les doigts (une femme à aimer qui ne sera qu’une infirmière, un garçon à élever qui finit par le haïr, une femme autrefois aimée qui n’est plus que l’ombre d’elle-même…).
Au final un très bon petit western même s’il joue surtout sur la nostalgie du genre. On remarquera que le gros travail de documentation médical de Swarthout l’a un peu dépassé parce que la fin m’a rappelé un peu les délires des combats de Tim Willocks.