Voilà donc le deuxième volume de la collection Marginalia créée par François Rivière pour les éditions Glénat (ce qui a fait couiner Dionnet puisque Rivière dirigeait une collection un peu semblable aux Humanos). Après un très décevant L’homme qui devint gorille, j’ai choisi un auteur qui ne déçoit jamais : Gilbert-Keith Chesterton.
Et là, je me rends compte que je n’ai pas parlé du créateur du Père Brown sur mon blog. Chesterton (1874 – 1936) est un journaliste/polémiste/chrétien fervent et occasionnellement auteur de nouvelles policières. De nos jours, il est très couru par les catholiques pour ses écrits théoriques polémistes et son procès en béatification lancé en 2013 (voir https://www.lavie.fr/idees/faut-il-beacuteatifier-gk-chesterton-26543.php). J’ai appris au passage que Benoît XVI est lui-même membre de la société chestertonienne argentine.
Lorsque j’ai découvert son œuvre, la partie chrétienne était complètement inconnue pour les amateurs de policiers qui se contentaient de savourer ses textes pétillants d’humour et de paradoxes intrigants dont le grand Borgès était fan. Lire du Chesterton aujourd’hui permet de mieux comprendre la face chrétienne de textes qui ressemblent à des paraboles surprenantes où la quête de la vérité sous-entend une Vérité supérieure.
La tour de la trahison
Un jeune britannique réside dans un couvent contenant un trésor férocement gardé dont il s’évade tous les soirs pour faire sa cour à une demoiselle toute proche. Une nuit, il est témoin d’un meurtre étrange et il est aussitôt accusé d’avoir pillé le fameux trésor. Son seul espoir réside dans les capacités déductives d’un ancien ami retiré du monde qui va mener l’enquête.
Le cinq de pique
Deux amis en promenade dans la campagne française tombent sur une scène de duel terminé. Un jeune homme gît sur le sol mais d’étranges indices sèment le doute sur la cause réelle de la mort. Était-ce un assassinat ?
Le jardin enfumé
Une demoiselle de compagnie découvre une maison peuplée de personnages excentriques qui parlent d’un trésor secret. La mort frappe.
Les trois nouvelles sont excellentes mais l’écriture inspirée de Chesterton y est pour beaucoup. Il a le chic pour créer une atmosphère intrigante en quelques lignes, un monde onirique où tout est possible même l’impossible. Ça, c’est le côté plaisir. Parce que les deux premières nouvelles contiennent des lignes que l’on peut qualifier d’antisémites façon entre deux-guerres. Cette découverte m’a bien gâché une partie du plaisir. Mais je crois que je vais quand même continuer à explorer son œuvre qui reste très stimulante. Après tout, je lis toujours Tintin.