1852 – Arthur Bowman est le sergent le plus coriace de la Compagnie des Indes et c’est pour cela qu’il a été choisi pour une mission dangereuse à la veille de l’invasion de la Birmanie. Mais rien ne fonctionne comme annoncé dans ce qui ressemble à un coup de pute venant d’en haut. Bowman est capturé. Et seuls dix soldats reviennent des cages de bambou des soldats birmans.
Quelques années plus tard, Bowman, policier londonien qui ne tient plus que par l’ingurgitation de litres d’alcool de mauvaise qualité, trouve dans les égouts un cadavre affreusement torturé. Avec les mêmes plaies qui marquent le corps de Bowman, héritage les tortures subies en Birmanie. Rapidement suspecté, Bowman part à la recherche de ses anciens soldats.
Une quête qui va le mener en Amérique où il tâchera de trouver une rédemption… ou de payer pour les souffrances qu’il a infligé.
J’ignorais que le roman d’aventure pouvait encore exister de nos jours. Ce Trois mille chevaux vapeur signé Antonin Varenne date de 2014 et c’est une excellente surprise. Varenne se base sur un personnage énorme qui oscille aux portes de l’Enfer et l’envoie à la recherche d’un fou assassin qui lui ressemble bien trop dans un récit passionnant et super bien documenté. Il échappe superbement aux clichés propres à ces récits historiques en donnant une vision très politique de l’univers décrit : la société victorienne privilégie le fort sur le faible, écrase les pauvres gens, se goinfre de richesses avec le sang des innocents sur les mains. Les États-Unis semble d’abord aux yeux de Bowman un endroit où l’on peut refaire sa vie mais Varenne prend un malin plaisir à rappeler le bigotisme des colons, leur mépris des Peaux-Rouges et l’exploitation désastreuse des richesses naturelles avant une violente guerre civile à venir. Et si les riches ne le sont pas de naissance, ils sont tout aussi dénués de scrupules que leur homologues européens.
Seuls quelques personnages croisés sur le chemin, d’une humanité compréhensive, permettront à Bowman d’échapper à la folie qui le guette et peut-être au destin qui lui semble tracé.
Bref, malgré quelques petits coups de mou, ça se dévore avec effarement comme un vieux Dumas père. La seule chose qui m’a étonné, c’est que la culture française n’y trouve qu’une toute petite place.
Varenne a prolongé l’univers avec deux autres romans, Équateur et La toile du monde , ce dernier se déroulant à Paris.