Service de presse (mais j’aurais fini par les lire) – Comme beaucoup d’auteurs de sa génération, Jack Vance n’a pas écrit seulement pour les magazines SF mais a commis quelques romans policiers. Il n’a pas vraiment marqué le genre à l’exception du fameux Méchant garçon qui a longtemps été le seul de ces titres traduit en français (et même adapté au cinéma par un Français).
Ces derniers temps, Spatterlight distribue l’intégralité de l’œuvre de Vance traduite par le regretté Patrick Dusoulier via un célèbre vendeur en ligne. J’ai reçu gracieusement trois de ces histoires policières et je me suis précipité sur Les Îles de la Mort.
Les Îles de la mort
Technique : Acryla gouache Holbein sur papier aquarelle Artistico Fabriano grains satinés 300g, 18 cm × 26 cm.
Cela faisait longtemps que je voulais le lire celui-là puisqu’il se déroule en Polynésie Française peu ou prou à l’époque où mes parents se sont rencontrés à Tahiti.
Brady Royce, yachtman et rentier bien connu, épouse Lia Wintersae une jeune beauté et part en lune de miel avec une petite troupe de familiers départ San Francisco direction la Polynésie, le tout en voilier bien évidemment. Au même moment, son neveu et héritier putatif manque de se faire tuer dans la presqu’île tahitienne où il travaille comme chercheur biologiste. Il prend le cargo direction les Marquises où il a rendez-vous avec son oncle en même temps que l’homme qui a cherché à l’assassiner.
Bah, autant couper court au suspens, ce n’est pas un grand roman policier. En mettant en parallèle deux arcs narratifs séparés (le voyage en voilier d’un côté et le voyage en cargo de l’autre), Vance dilue fortement l’action qui n’est déjà pas trépidante. De plus, le ressort de l’intrigue (une succession alambiquée) n’aide pas à la motivation.
Rappelons que Vance était lui-même navigateur et qu’il a réalisé à la voile le trajet du personnage décrit. Le voyage est donc tout à fait documenté ainsi que le Tahiti de l’époque. C’est un roman à réserver donc aux curieux et une déception en ce qui me concerne.
Comme je n’ai pas du tout aimé la couverture du roman, j’en ai réalisée une version pulp années 1960.
Sombre océan
Betty Haverhill en a marre de sa mère et de son amoureux collant dont elle ne veut pas. Elle embarque sur un cargo à San Francisco direction l’Italie. Sauf que le voyage ne part pas sous les meilleurs auspices : le collant s’est invité sur le navire et un autre passager à la personnalité forte et sombre est prêt à tout pour séduire Betty. Collant disparaît mystérieusement…
Encore une histoire sur bateau mais plus intéressante que le précédent ouvrage. Betty est attirée par ce qui ressemble fort à une crapule de la pire espèce et, lorsqu’elle comprend à qui elle a affaire, elle est prise pour une enquiquineuse par le capitaine et les autres passagers. L’espace du bateau, véritable piège flottant, est très bien rendu et Vance créée un méchant onctueux et implacable comme il les aime bien. L’héroïne est intéressante aussi : un peu naïve, prompte à faire les mauvais choix mais qui trouve de la ressource pour rebondir. Elle est confrontée à une garce bien plus séduisante qu’elle que Vance ne loupe pas.
Pas incontournable mais pas désagréable non plus.
Un plat qui se mange froid
Vance crée en 1966 le personnage de Ed Bain dans Un plat qui se mange froid et pense en faire une série. Au final, seul deux romans sortiront (plus un troisième resté sous forme de projet).
Dans le comté (imaginaire) de San Rodrigo (Californie), Ausey Wyett revient chez lui après seize années passées en prison pour le meurtre d’une adolescente, meurtre qu’il a toujours nié. Il a échappé à la peine de mort car on le considère comme un peu félé. Et il faut l’être pour affronter les hommes qui ont témoigné contre lui. Les incidents se succèdent et le shériff adjoint Bain a fort à faire à calmer les esprits et mener campagne pour être élu shériff du comté alors qu’il semble mal parti face à un jeune avocat aux dents longues.
C’est de loin le meilleur des trois romans de cette série… et le moins Vancien. Pas de voyage exotique, de jeune femme en danger ou de méchant suave mais un personnage principal qui a les pieds sur terre et qui avance sans s’énerver sur son enquête. Les personnages secondaires sont bien marqués et, si la résolution de l’histoire est un brin rapide (comme souvent chez Vance), j’ai passé un agréable moment dans le conté de San Rodrigo, un joli endroit de Californie préservé de la modernité.