Après les directeurs de collection qui refusent les manuscrits sans les lire, on se demande si on n’assiste pas à la naissance d’une nouvelle race : les directeurs de collection qui publient les livres sans les lire. J’imagine que Folio SF est une collection un peu fourre tout mais, franchement, j’aurai plutôt casé ça dans une collec ”roman noir”.
Es donc, Thomas gère comme il peut ses triples frangins siamois qui partagent le même cerveau et ses souvenirs familiaux douloureux dans la grande et belle maison coloniale rongée par la moiteur sauvage d’un Sud étatzunien particulièrement gratiné où les jeunes filles ne sont pas très farouches et les sorcières font la pluie et le beau temps. C’est un bouquin difficile à résumer parce qu’il tient par l’écriture. Une écriture fragmentée où les chapitres se répondent mollement, où le rêve et la réalité se disputent âprement le récit. Un bouquin où les gens meurent et reviennent et ne semblent jamais trouver le repos. Un faux polar avec un privé, un serial killer (bon en fait, du 46 qui s’en prend au derrière des chiens de la région) qui parle de la fragilité de l’amour face au désir. Il n’y a pas de réelle intrigue, de début et de fin, c’est juste un état d’esprit entre fantasme et délire. Tom Piccirilli se tire très bien d’un exercice casse-gueule. Ça pourrait être saoûlant et vaguement artificiel mais sa volonté de ne rien résoudre ou d’expliciter, de laisser le narrateur comme le lecteur dans une espèce d’incompréhension du monde en fait un roman très recommandable mais qui ne va pas plaire à tout le monde…
À noter que c’est le même Piccirilli qui a novellisé Hellboy ce qui me rendrait curieux pour le coup. On pourrait aussi longuement gloser sur une couverture un peu étrange puisqu’elle ne correspond pas vraiment au bouquin tout en donnant une idée pas trop fausse de ce qui est à l’intérieur mais de manière peut-être vaguement putassière…
Novellisé Hellboy, par Piccirilli ? Je ne savais pas !
Concernant Piccirilli, puisque tu as l’air de l’apprécier, je me permets par ailleurs de te signaler qu’un troisième de ses textes, plutôt très réussi, est disponible en français. Malheureusement ce n’est qu’une nouvelle : « Alchimie » (en voici ma critique (si tant est que cela t’intéresse) http://machinations-demiurgiques.blogspot.com/2011/08/alchimie.html).
A+.
Merci pour l’info :-) Je jette un oeil sur ton compte-rendu.