J’ai mis un temps fou pour me procurer ce numéro spécial de Bifrost publié en 2003 consacré à Jack Vance et pris autant de temps ensuite pour le lire, un peu traumatisé par mes dix années à vivre dans l’univers du célèbre écrivain.
Les univers de Jack Vance propose une biographie signée par l’incontournable Jacques Garin très bien faite comme on pouvait s’y attendre, une esquisse d’autobiographie par Vance lui-même, un article sur les écrits policiers signé Noé Gaillard très intéressant parce que c’est la partie de l’ œuvre de Vance la moins connu des amateurs, une étude de l’écriture de Vance par Dan Simmons où ce dernier se révèle fidèle à sa réputation – très rentre dedans, grinçant des dents contre la SF post Star Wars et les novellisations de séries mais je suis de son côté – une bibliographie que je suppose très complète et un petit guide vancéen à l’usage des débutants.
Évidemment, la partie qui justifie l’achat ce sont quatre nouvelles qui vont par ordre croissant d’intérêt.
Point de chute – Henry Revere a 90 000 ans et il n’en peut plus de la vie. Malheureusement pour lui, du fait de son immortalité, c’est aussi un Trésor de l’Humanité et il est surveillé comme le lait sur le feu . Ses tentatives de suicide sont toutes éventées par des gardiens invisibles et omniprésents. Jusqu’à ce qu’il trouve une idée géniale.
Une histoire à chute – ah ah – et Vance le dit lui-même, il n’est pas très bon à ce jeu là. Sans compter qu’il traite le thème de l’immortalité avec beaucoup de légèreté.
La gaffe monumentale de Dover Spargill – une histoire d’hommes d’affaires qui jouent au plus malin comme Vance en a fait beaucoup. Sympathique, sans plus.
Le syndrome de l’homme augmenté – voilà une histoire qui pourrait faire un bon film. Dans un futur proche, CIA, KGB et services chinois se font la guerre autour d’un dictateur africain.
James Keith, agent états-unien, est transformé en sosie d’un homme politique pour prendre sa place (et on le barde de technologie défensive et offensive sur tout le corps). Mais ce que peut faire la CIA, les autres agences de renseignements en sont aussi capables et rapidement il devient difficile de savoir qui est qui. Surtout lorsque Keith se prend au jeu de son personnage.
C’est la nouvelle de Vance la plus Dickienne que j’ai lue. De manière très étonnante, le héros est rapidement dépassé par les événements (ce qui n’arrive jamais chez Vance), se perdant dans son identité nouvelle et obligé de remettre en cause la réalité des gens qui l’entourent. La fin est particulièrement réjouissante.
Rassemblement – Jarvis est un aventurier en quête de boulot et voilà qu’un mystérieux commanditaire rassemble toute une bande de gros bras pour leur faire passer une sélection.
Une nouvelle très amusante, qui porte au voyage imaginaire comme souvent avec Vance avec des mondes à peine esquissés et plein de promesses d’aventure. On a droit ici à des personnages hauts en couleur et une chute bien menée.
Maîtres de maison – une expédition terrienne découvre une planète où vivent des Humains qui n’ont jamais entendu parler de la Terre. Des brutes vivant dans la forêt affrontent de belles créatures choyées par de mystérieux serviteurs. On retrouve en condensé plein de thèmes vanciens (une élite séduisante et inaccessible mais limitée mentalement par sa culture de classe) et même Tschaï avec les Humains déportés loin de la Terre. La nouvelle la plus Vancienne du recueil et particulièrement cruelle.
Évidemment, on en ressort frustré de ne pas en avoir plus et on se précipite pour relire du Vance ce qui prouve que l’objectif de ce numéro est atteint – hors considération de maquette et de relecture, des défauts chez Bifrost auxquels je ne m’habituerai jamais.
Flûte, encore une raison de relire Jack Vance, on n’est pas sorti de l’auberge ! (il faut toujours se méfier quand on entre dans une auberge chez Jack Vance). Les articles ainsi résumés ont l’air bien intéressants… Le syndrome de l’homme augmenté est disponible dans une des anthologies J’ai Lu, je me demande ce qu’il en est des trois autres nouvelles ?
Il faudra me dire quelle anthologie parce que je ne me rappelle plus l’avoir lu avant. Ah, tu veux sûrement parler de ces anthologies thématiques ?
Un petit tour sur http://www.jackvance.fr/ me dit que c’était au Bélial que le Syndrome… a été publié (je ne m’en rappelais absolument pas) et Maîtres de maison a aussi été édité au Bélial dans une autre anthologie que je n’avais pas vu passer. Bonne nouvelle pour moi :-)
J’ai quelques Jack Vance sur ma PAL (et plein d’autres que je n’ai pas encore, c’est que le Monsieur a été prolifique !), une piqûre de rappel pour me dire de m’y remettre, merci ! ;)
Pour la maquette, j’avais réussi à m’y faire, mais le nouveau ”Fiction” vient de lui mettre une jolie claque, même si les créneaux sont différents (pas de critiques dans ”Fiction” par exemple).
Tiens, j’avais dit que je voulais le voir ce Fiction, je vais le chercher. Pas difficile de faire une maquette mieux que Bifrost : elle a l’air de dater du début des années 90.
Merci de ton aimable citation même si à ma grande honte j’ai délaissé Vance depuis quelque temps.
Tu as tout à fait raison, la meilleure nouvelle est bien ”Le syndrome de l’homme augmenté ” et comme toi j’y voyais un excellent scénario de film d’espionnage. Elle n’a jamais fait partie d’un recueil J’ai Lu.
Tu as oublié de citer ”Rassemblement (1953, Shape-up)” une histoire vancéenne de vengeance un peu facile mais ”alimentaire” comme aimait à le rappeler Jack.
La bibliographie est la meilleure qui existe pour 2003.
Amitiés
Ah oui, zut, et en plus je l’aime bien Rassemblement. Je la rajoute.
Bah, ce n’est pas plus mal de passer à autre chose – on ne peut pas rester toute sa vie ”fan”, il faut grandir. Je suppose que tu es en train de te préparer à partir pour Mars…
Autant au temps pour moi, c’était en Pocket pas en J’ai lu.
Au Bélial plutôt, non ?
Oui, il est sorti d’abord au Bélial puis ressorti en Pocket.
Là, je crois que c’est complet comme info :-) En plus, c’est idiot, j’ai vu qu’il était sorti en poche en effet.
Pour Mars, c’est sur que le départ est attendu mais l’échéance matérielle recule d’années en années, alors j’explore d’autres voies : le transfert psychique semble être une bonne solution.
Bonne idée, je vais m’entraîner aussi…