Women in chains est un petit recueil de nouvelles de Thomas Day dont j’avais déjà lu une histoire, Nous sommes les violeurs, qui m’avait laissé une sensation mitigée.
La thématique est claire ici : on parle des femmes et de la violence qui s’exerce contre elles – mais sans pathos et un goût pour les secrétions intimes assez culotté. Ça tape, ça frappe, ça tue et ça viole sèchement et explicitement. Day s’approprie des thèmes bien connus et y injecte une dose de fantastique limite horrifique comme dans La ville féminicide (les meurtres impunis des milliers de femmes de Ciudad Juarez) ou Eros-Center (le trafic de femmes entre Afrique et Europe), raconte la vie et la mort d’une ”nymphomane” (j’ai un peu de mal à trouver un terme exact) qui fuit la compagnie des hommes (Tu ne laisseras point vivre), retourne de manière étrange et très provocatrice le concept de viol dans les pays musulmans en guerre (Nous sommes les violeurs) et clôt avec une histoire SF autour de la violence conjugale – pas la meilleure nouvelle du lot.
Bon, ma préférée est probablement Tu ne laisseras point vivre malgré sa fin abrupte qui donne l’impression d’avoir zappé 300 pages d’un roman mais où Day rend de manière très réaliste la vie d’une femme seule au Groenland – ce n’est pas souvent que l’on suit une folle du cul qui ne soit pas décrite comme folle justement – et c’est celle qui m’a le plus plu du point de vue de l’écriture.
Je regrette quand même un titre anglais à référence ”musicale”, une spécificité dans la SF française qui m’agace un peu – et que l’on retrouve dans certains textes.
Un petit livre qui devrait intéresser les lecteurs qui aiment se faire bousculer un peu et qui correspond assez bien de l’idée que je me fais de la littérature de genre opposée à la Littérature contemporaine : un alcool fort pour dérégler les sens.
Je n’ai lu que deux nouvelles de ce recueils, parues ailleurs : ”Nous sommes les violeurs” et ”La ville féminicide”. Clairement, le but de Thomas Day est atteint : c’est dur, violent, et marquant pour le lecteur.
Le genre de lecture à ”conseiller” à ceux qui veulent se prendre une bonne claque.
Parues dans Bifrost, j’imagine.
Oui pour la première nouvelle, la deuxième avait il me semble été rendue gratuite le temps des délibérations du prix Rosny aîné.
Tu dois en savoir plus que moi. On peut donc raisonnablement penser que tu as raison.
Remarquable définition.Dommage pour le commercial:on aurait pu vendre à 500 000 avec un truc du genre ”Seras-tu toujours vivante?”
Avais-tu lu Francisco Coloane et son ”Cap Horn”?
Pas du tout mais comme j’ai décidé que cette année sera plus littéraire, je le note.