Mass Effect & Dragon Age Origins (Bioware)

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On ne peut pas dire que j’ai un temps fou pour jouer à des jeux vidéos mais je suis l’actua­li­té depuis que ma chérie nous a acheté un DX33 qui tournait sous Dos5 et Win 3.1. Et pour me convaincre qu’un ordina­teur était indis­pen­sable à la maison (mes études m’avaient rendu méfiant), elle a rajou­té là-dessus Wing Comman­der II (chronique à venir). À moi les joies du bidouillage de l’autoexec.bat et du config.sys ! J’étais devenu accro (et ma femme regrette encore cet achat).
Faut pas croire que j’ai termi­né Mass Effect en quinze jours. Les jeux vidéos, je les consomme à petite dose (ce qui m’oblige déjà à faire un tri à l’achat). Mais je l’ai termi­né, ce qui justi­fie son appari­tion sur ce blog.
Bioware est un dévelop­peur intéres­sant dont les produits se rapprochent le plus d’une expérience narra­tive classique. Le but du jeu est de racon­ter une histoire avec des person­nages forts, des rebon­dis­se­ments et une aventure ”bien écrite” avec un ton adulte. Il faut bien avouer que, malgré les cris de protes­ta­tions énervés des Kevin de tout poil, le jeu vidéo, en général, c’est pas fait pour être termi­né. Non seule­ment on se lasse assez rapide­ment une fois qu’on a compris le concept et comment gagner mais, en plus, on se rend vite compte que ce n’est pas aussi excitant que ce que l’on espérait (la diffi­cul­té peut être aussi un obstacle rédhi­bi­toire). De ce point de vue là, l’expé­rience vidéo­lu­dique est assez éloignée de la lecture d’un roman, du vision­nage d’un film ou du manger de tarte aux pommes. Peut on réelle­ment parler d’Art lorsque la majori­té des ”consom­ma­teurs” ne vont même pas aller au bout de l’objet ? Prenons par exemple l’un des jeux les plus connus, GTA : combien l’ont vraiment termi­né à 100 % ? Ce n’est pas l’objec­tif me direz-vous mais dans cas là, où placer ce genre d’objet dans l’His­toire de l’Art. Je dis peut-être des bêtises mais une oeuvre est a priori quelque chose de fini que l’on peut appré­hen­der dans sa globa­li­té. Dans le jeu vidéo, même les profes­sion­nels n’ont pas fait le tour des produits qu’ils commentent. ”le jeu vidéo c’est pas fait pour être terminé …”
Cette apparente complexi­té, ce côté chrono­phage et répéti­tif font partie des raisons pour lesquelles le grand public a eu du mal à se sentir réelle­ment concer­né. Mais depuis quelques années, les éditeurs élargissent leurs cibles. Avec l’arri­vée des consoles de salon, des gens de plus en plus divers – voire même papy et mamie – jouent et c’est une activi­té qui n’est plus réser­vée aux ados mâles de 13/​20 ans. Il faut donc créer des jeux qui peuvent plaire à tout le monde et surtout propo­ser une expérience plus classique dans beaucoup de sens du terme : intro­duire de l’émo­tion, des rapports humains, des choses qui ont fait leur preuve ailleurs.
Présen­té comme un jeu de rôle, Mass Effect est une aventure SF. Dans un univers où l’Huma­ni­té n’est qu’une jeune pousse parmi des races ET plus anciennes, vous incar­nez un vaillant soldat confron­té à une menace qui risque d’anéan­tir toute vie. Ou une soldate puisque vous pouvez choisir votre sexe (je joue toujours les filles, c’est plus rigolo de voir des fesses féminines à l’écran pendant des heures). Contrai­re­ment aux jeux de rôles classiques, vous pouvez vivre l’aven­ture de manière quasi linéaire. Par exemple dans Fallout 1 & 2, je me rappelle avoir fouillé tous les tiroirs qui me tombaient sous la main de peur de passer à côté du cric qui permet­tait de sauver la voiture que l’on croise­rait 7 h de jeu plus tard qui donne­rait un avantage certain voire indis­pen­sable par la suite. Fouiller des tiroirs, ce n’est pas ce que l’on pourrait appeler le comble de l’aven­ture et pourtant les joueurs de jeu de rôle trouvent ça tout à fait normal. Dans Mass Effect, il y a peu de tiroirs à fouiller et si vous ne le faites pas, vous aurez quand même l’occa­sion de conti­nuer à progres­ser dans l’his­toire sans avoir l’impres­sion d’être passé à côté du plus impor­tant. Un autre aspect impor­tant dans Mass Effect, c’est le compor­te­ment du person­nage. Vous pouvez choisir d’être humaniste dans vos décisions et vos dialogues ou vous compor­ter comme un pragma­tique glacé, les person­nages qui vous entourent réagi­ront à vos actions. D’autant plus que le ton adulte choisi pour les histoires ne permettent pas des choix évidents. Vaut-il mieux sacri­fier tel ou tel person­nage dans une mission ? Est-ce qu’il faut aider une crapule pour obtenir un résul­tat plus facile­ment ? Et quelle aventure amoureuse encou­ra­ger ? Ces hésita­tions donnent une vraie person­na­li­té au person­nage que vous incar­nez. En sachant que vous ne pourrez pas vivre tout ce qui est possible dans le jeu, il gagne en épaisseur.
dragon-age-origin Cet effet est encore plus marquant dans Dragon Age Origins. Là aussi, un jeu de rôle mais dans un univers héroïque fantai­sie plein de dragons et de filles en armures. Ici les choix moraux ont une réper­cus­sion sur la façon dont les compa­gnons du person­nage le perçoivent et malus ou bonus ont une influence sur les dialogues, leurs capaci­tés au combat et même leur décision de rester ou pas avec vous. Vous pouvez donc, suivant vos choix de discus­sion ou d’action, voir un person­nage impor­tant mourir en vous combat­tant ou tomber amoureux de vous. Ces choix, drama­tiques sur le moment, n’empêchent pas l’action princi­pale de progres­ser jusqu’au dénoue­ment, faisant un tout relati­ve­ment cohérent. Malheu­reu­se­ment pour moi, je suis assez aller­gique à ce genre d’uni­vers et choisir entre deux factions naines ou sauver des elfes malades ne me motivent pas suffi­sam­ment pour aller jusqu’au bout. C’est un peu dommage parce que le jeu est bien plus riche visuel­le­ment parlant, les missions plus variées et intéres­santes que dans Mass Effect et le système de combat tactique beaucoup plus riche.
C’est sûr que Mass Effect, c’est un peu bourrin : basé sur l’action genre FPS (vous tirez sur les méchants en vue subjec­tive ou presque), il propose quand même des épisodes marquants. Se retrou­ver dans une base pleine d’aliens agres­sifs et insec­toïdes ou tomber sur une colonie un peu zombie donnent l’impres­sion d’être dans une bonne série SF (sourtout que la conclu­sion n’est jamais évidente). Le design est agréable, les surprises régulières et est-ce que ma soldate va finir par coucher avec la jolie alien bleue ? C’est pas gagné d’avance. Ah, zut, je crois que j’ai comman­dé Mass Effect 2.

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4 commentaires

  1. c’est vrai que le jeu vidéo est chrono­phage, mais ”finir” un Victor Hugo n’est pas de la tarte non plus…

    je pense que ça viendra : un dépar­te­ment marke­ting trouve­ra l’idée de virer le mot ”jeu” (qui ne fait pas très sérieux) et appel­le­ra ces nouveaux objets ”romans inter­ac­tifs”, de même que la BD est allée chercher des nouveaux publics en se rebap­ti­sant ”roman graphique”… :-)

  2. C’est vrai qu’il y a un paquet de dialogues dans ce genre de jeux. Si on met les sous-titres, on se rapproche du ”roman interactif”.

  3. J’ai toujours trouvé qu’on était très indul­gents, moi le premier, avec les jeux vidéos (les univers et les histoires sont souvent peu inven­tives). Peut-être parce que l’inté­rêt d’un jeu n’est pas dans l’his­toire mais dans l’immer­sion et l’interaction.

  4. Il y a quand même des jeux qui essaient de faire des choses intéres­santes au niveau de l’his­toire. Mais le fait que ce ne soit pas le créateur qui guide le ”lecteur” pose des problèmes de narra­tion et de liber­té d’action.

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