Vieux un jour, vieux toujours
En ce moment, je suis d’humeur chagrine. L’actualité ne met pas en joie, c’est certain, mais j’imagine que mes angoisses personnelles et l’âge m’incitent au « frein à main » (expression inventée par le regretté Bacri pour parler des personnes qui, avec le temps qui passe, perdent leur capacité à s’intéresser au monde et à espérer le changer).
Je ronchonne après les sorties BD qui me font autant rêver qu’une durite percée, je n’ai pas envie d’aller au cinéma voir des documentaires sociaux (ou des films qui y ressemblent) ou un nouveau Batman. Et, même en musique, je ne trouve pas une nouveauté excitante à me mettre sous la dent (vivement que l’on débranche tous ces auto-tunes). Bref, je me fait vieux. Et que font les vieux ? Ils se penchent sur leur passé.
C’était mieux avant Internet. C’est prouvé par Internet.
Je l’ai déjà dit dans un précédent billet, j’ai remarqué que j’avais un faible pour le genre musical trip hop. Et, dans une magnifique crise de collectionnisme aigüe, je suis parti à la recherche des meilleurs albums trip hop puisque je n’avais en fait qu’effleuré le sujet à son époque dorée. Le genre étant considéré comme passé de mode depuis le début des années 2000, il y avait un petit côté archéologie assez satisfaisant.
Évidemment, le top cinq est trusté par de grands classiques signés Massive Attack, Tricky et Portishead – avec un accessit pour DJ Shadow dont l’album Endtroducing… est considéré comme matriciel au genre et puis le Japonais DJ Krush pour l’ensemble de son œuvre. Mais ensuite, ça se corse sérieusement. On a un peu l’impression que chacun a besoin de mettre en avant un album ou un artiste que les autres ignorent royalement et il est assez amusant de musarder à la recherche de raretés (quelque fois même pas disponibles en téléchargement illégal) venues du monde entier, de découvrir que les artistes travaillent toujours ou ont sombré dans un total anonymat.
Les listes qui font tripper leur hop
- JoeTheSlacker est Français et il a recensé 185 (!) albums (LP et EP) de la période dorée (1994 – 1999) soigneusement classés. Et, tant qu’à faire, il a créé un site pour les commenter et les partager en toute illégalité : http://strictly-trip-hop.over-blog.com/. Nous, les Français, quand on se donne à fond, on ne fait pas semblant ;
- John Twells et Laurent Fintoni proposent un travail d’historien avec une liste des cinquante albums les plus importants du genre, soigneusement choisis pour représenter sa diversité géographique et musicale, et remarquablement analysés. Du travail de vrai journaliste : https://www.factmag.com/2015/07/30/50-best-trip-hop-albums/;
- le site Trip-hop.net – https://www.trip-hop.net/ – est aussi français. Créé en 2002, il accompagne en fait la fin des années dorées. Lorsque à partir de 2010, les albums mis en avant sont autoproduits ou très exotiques, on sent que le genre n’a plus la cote. Sa liste des indispensables – https://www.trip-hop.net/indispensables.html – est un peu bancale puisqu’elle loupe une bonne partie des albums historiques. Le site n’est pas mort même s’il semble tourner au ralenti (et qu’il mériterait un sacré coup de polish);
- je finis avec Triphopnation.net – https://triphopnation.net/ – qui est lancé en 2013 (sic) et qui semble en veille (pas de news depuis le Best of 2020). Ça semble une référence pour le trip-hop contemporain mais j’avoue que je n’ai pas eu le courage d’explorer ;
Enfin, de la musique
Pour cette entrée en matière, j’ai sélectionné deux albums que j’ai adorés et dont je n’avais évidemment jamais entendu parler.
The Baby Namboos – Ancoats 2 Zambia
The Baby Namboos est composé de vieux routiers de Bristol (la ville repère du trip-hop) signés sur le label de Tricky. Et une ambiance ténébreuse y fait penser – surtout que le gars Tricky chante dedans – mais se démarque par des éclairs de lumière et la voix prenante de Aurora Borealis qui va vous déchirer les tripes.
Silent Poets – to come…
Les Silent Poets sont Japonais (une grosse nation de trip-hoppeurs) et leur album to come… sort quelque peu des sentiers battus avec des ambiances jazz et cools cinématographiques portées par des voix féminines/masculines au top.
Ah ! Voilà de la matière pour les oreilles, histoire d’alimenter le moods (ça ne me rajeunit pas tout ça).
Perso, lorsque la mélancolie repeint mon humeur en noir, je lance Dead Man de Neil Young. Et, je me dis que je n’ai que l’âge de mes artères. Tu connais d’ailleurs la chanson : levons-nous les damnés de l’artère.
(mes excuses pour l’éventuel doublon, mais ma connexion vacille)
Voici de quoi flatter les oreilles et alimenter le moods. Moi, lorsque la mélancolie repeint en noir mon humeur, je lance ”Dead Man” de Neil Young. Effet garanti. Pour le reste, on a jamais que l’âge de ses artères. Tu connais d’ailleurs la chanson : debout les damnés de l’artère, debout les forçats de la fin.
Je laisse les deux, tant pis :-) Tu as la possibilité d’éditer ou supprimer le commentaire pendant cinq minutes normalement.
J’ai la BO de Dead Man mais je préfère relancer le film. De toute manière, si je suis d’humeur ronchonne, je peux me lancer un épisode de *Mrs Measel*. Oh non, c’est bientôt fini. Ronchonne, ronchonne.
Pas Measel.
Pas Weasel, comme l’autre fois.
Maisel, Mrs Maisel.
C’est pourtant simple.
J’aime bien ton volume 1 de tripope, et je promeus tes housses, je veux dire, je suggère Crustation et Burial pour le volume 2.
Je n’y arriverai jamais. Et pourtant cette saison 4 est excellente.
Crustation et Burial, voilà bien deux groupes dont je n’ai pas croisé le nom dans les différents tops. Je me méfie de tes goûts musicaux mais je vais tester car je suis encore un peu jeune et fou dans le troisième placard à droite de ma tête.
En fait, j’ai chopé le Crustation – complètement oublié.
Merci d’avoir ravivé un pan de not’bon vieux temps du Trip N’ Roll et de me rappeler mon grand âge…Euh,Cocteau Twins,ça compte..?Concernant Portishead,qui ‚avec Stina Nordenstam,est bien décidé à ne jamais me ruiner,je plonge toujours autant avec bonheur dans leur deuxième album…et leur excellent concert en 1997 en cassette vidé…Oui,bon…merci.
Cocteau Twins, c’est la préhistoire du trip-hop. Une des sources. Ça fait longtemps en effet que je n’ai pas croisé la Nordenstam que je n’ai connu qu’un K7. Elle avait une petite voix un peu stressante quand même.