Baston, Triades, Fargo et Mme Maisel

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Bullet Train – Bande-annonce VOSTFR

Fargo saisons 3 à 5

J’avais bien aimé la première saison de Fargo, relec­ture inspi­rée du film du même nom (voir ici), moins la deuxième saison (ici) et, à l’occasion de la sortie de la cinquième, je me suis farci ce qu’il y a entre les deux.

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Saison 3, parking et rapacité

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Toutes les saisons sont écrites en fait par Noah Hawley qui a ses petites marottes, une espèce d’extension de certaines théma­tiques des frères Coen, réali­sa­teurs du film éponyme dont s’inspire la série. Cette saison 3 multi­plie les références à la Bible.

Emmit et Raymond Stussy sont deux frères (tous les deux inter­pré­tés par Ewan McGre­gor) que tout semble opposer. À la mort de leur père, Raymond s’est appro­prié la voiture dont il rêvait pendant que Stussy se conten­tait de la collec­tion de timbres qui s’est révélée d’une valeur suffi­sante pour se lancer dans les affaires. Il est désor­mais le Roi des Parkings de sa ville pendant que Raymond se contente du boulot peu relui­sant de garant de caution (comme dans Jackie Brown de Taran­ti­no) et va jusqu’à se maquer avec une de ses clientes. Poussé par sa copine, Raymond décide de s’emparer du dernier timbre possé­dé par son frère. Au même moment, un mysté­rieux inves­tis­seur décide de prendre la main sur la compa­gnie d’Emmit.

J’ai failli laisser tomber au bout de deux épisodes. Le confit entre les frères est très artifi­ciel – chacun est poussé dans le sens de l’affrontement par leur proche – et la figure du Mal est un peu fumeuse. Le person­nage, qui repré­sente l’Avidité, n’est pas états-unien et ses hommes de main sont asiatique et russe. Autant dire que le Mal, c’est l’Étranger. Ça fait un peu tousser. Le person­nage de flic féminin, emblé­ma­tique de la série, fait cette fois-ci équipe avec une collègue mais elles n’ont pas un poids très impor­tants sur le récit. Et puis l’épisode 3 m’a poussé à conti­nuer. C’est un épisode « inutile » où la fliquesse part à Los Angeles pour son enquête et la tonali­té quelque peu Lynchienne, la petite histoire racon­tée avec de l’animation sortent quelque peu de l’ordinaire. Je me suis accro­ché parce que je me suis deman­dé comment le méchant allait tomber. Pour les amateurs, on retrouve un person­nage de la saison 1 et ça tourne presque au film d’action façon Usual Suspects. La chute est moyenne.

Fargo | Installment 3 : Official Trailer | FX
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Saison 4, Dieu est une femme et elle est méchante

La saison 4 est un peu hors sol. Dans les années 50, à Kansas City (Missou­ri), la mafia italienne fait face aux nouveaux venus Afro-Améri­cains désireux de se faire leur propre place au sommeil crimi­nel. Il y a bien une figure du Mal, cette fois-ci féminine et bien barrée. C’est beaucoup plus ambitieux visuel­le­ment que la saison 3 mais… Mais je me suis vite arrêté. Il y a une tonne de person­nages qui dispersent le récit, les deux chefs de gang manquent de charisme (Chris Rock et Jason Schwartz­man) et on a déjà vu des histoires d’embrouilles de Mafias bien plus ambitieuses. Enfin, je dis ça, je ne sais pas comment ça se finit. La seule partie qui m’a accro­ché, c’est la famille multi-raciale et la gamine qui écrit des histoires. À noter que le raccord avec le monde Fargo passe par deux évadées de prison, ça fait très ténu.

Fargo Season 4 – Official Trailer | Chris Rock, Jessie Buckley, Jason Schwartzman|Amazon Prime Video

Saison 5, Home Sweet Home

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La femme d’un conces­sio­naire automo­bile se fait enlever par deux truands engagés par son mari. Ça ne vous rappelle rien ? C’est le début tout craché du film Fargo. Ce clin d’œil ludique va amener une histoire bien diffé­rente. Dorothy Lyon (Juno Temple, épatante) est une femme au foyer comblée mariée au plus gentil des hommes et mère d’une fille épatante. Pour elle, il n’y a rien de plus impor­tant que sa famille et son foyer. Alors lorsque son ex (Jon Hamm) veut la récupé­rer, il faut redou­ter la fureur de la tigresse.

Ce coup-ci, pas besoin d’attendre de voir, j’ai été scotché dès le premier épisode. Juno Temple crée un person­nage inoubliable de maman avec une toute petite voix douce qui se révèle plus dange­reuse qu’un crotale-gorille. Jon Hamm campe un shérif cowboy Malbo­ro qui n’a cure des lois fédérales et d’une sans limite (« À quoi ça sert d’être milliar­daire si on ne peut même pas faire tuer quelqu’un. »). Avec autant de figures du Mal tendance ultra-droite états-unienne, le Diable avait de la concur­rence. Cette saison, le fantas­tique apparaît sous la forme d’un person­nage étrange qui semble venir d’un autre siècle et instru­ment d’une Justice divine pour le coup très aveugle (Sam Spuelle minéral et fascinant).

Soyons honnête, l’écriture n’est peut-être pas aussi parfaite que les deux premières saisons. L’ obliga­toire femme-flic est un person­nage un peu artifi­ciel qui passe les plats entre les diffé­rents prota­go­nistes et je me suis deman­dé longtemps à quoi servait exacte­ment le person­nage de Sam Spuell jusqu’à la toute fin du tout dernier épisode, dans une conclu­sion que j’ai beaucoup aimée.
La théma­tique dévelop­pée dans cette saison est claire­ment les violences faites aux femmes et la sorori­té mais, plutôt que de copier la lutte violente très mascu­line, l’héroïne cherche une autre voie. Déjà, elle combat avec tout ce qui lui tombe sous la main et n’utilisera que très peu les armes à feu. Elle cherche d’abord une solution légale – malheu­reu­se­ment ineffi­cace – à son problème princi­pal. Et son ambition, c’est l’amour, la douceur et la compré­hen­sion. Les amateurs de coups tordus et d’humour noir sont priés de rester, le person­nage de Leigh fait très bien le boulot. Et la Mort viendra chercher son dû.

Triades – La mafia chinoise à la conquête du monde

Ce n’est pas un documen­taire, c’est un truc hallu­ci­nant, un film de gangsters inédit, un film politique effrayant. Signé Antoine Vitkine, cette série documen­taire retrace l’histoire des mafias chinoise, de leur évolu­tion et de leur avenir possible. Comme le souligne le réali­sa­teur dans ses inter­views, il y a peu de documen­ta­tion sur les Triades qui restent un fantasme relégué aux quartiers chinois de l’Occident (rappe­lez-vous L’année du Dragon de Cimino). C’est pourtant une histoire longue et riche qui mérite d’être racon­tée, surtout depuis qu’elles se sont alliées objec­ti­ve­ment au Parti Commu­niste Chinois, qu’elles ont pourtant combat­tu à Shangaï dans les années 30.

Le documen­taire est d’autant plus passion­nant qu’il comporte des inter­views décom­plexées d’un chef de Triade et de petites mains (en activi­té et repen­tis). Les images d’archives sont hallu­ci­nantes, les histoires dignes d’inspirer les cinéastes – en fait, certaines Triades sont aussi produc­teur cinéma et ont donc finan­cé des films à leur gloire. Leur influence sur la politique à Taiwan (où leurs liens avec le pouvoir a accélé­ré paradoxa­le­ment le passage à la démocra­tie), à Hong Kong où ils ont joué le jeu des autori­tés et leurs inves­tis­se­ments finan­ciers dans la sphère d’influence de la Chine jusqu’au Canada – il y a une forte commu­nau­té chinoise à Vancou­ver et les politiques se sont affichés avec des respon­sables de Triades – donne le vertige. En fait, j’ai trouvé ça bien plus excitant que les histoires de mafio­si italiens. Peut-être parce que c’était tout nouveau pour moi.

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Naissance d’une pieuvre | Triades – La mafia chinoise à la conquête du monde (1/​3) | ARTE

Poupoupidou – Polar Marylin

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Puisque j’ai dit beaucoup de bien de la série Polar Park, il faut que je dise quelques mots sur Poupou­di­dou de Gérald Hustache-Mathieu où on voit un roman­cier de polar (Jean-Paul Rouve) débar­quer dans la ville la plus froide de France suite à un héritage foireux et décider d’y rester en décou­vrant la mort suspecte d’une Marylin de province. Ça vous rappelle évidem­ment la série susnom­mée tournée dix ans après le film. On retrouve donc le même couple d’enquêteurs inter­pré­tés par les mêmes acteurs dans le même décor. Encore plus fort, il y a des échos entre la série et le film (le chien, l’ado qui fait l’accueil à l’hôtel qui est revêche dans un cas, amoureuse dans l’autre). C’est donc un exercice très étonnant de voir les deux objets filmiques.
Le film est toute­fois moins réussi. Si Sophie Quinton est remar­quable dans son rôle de jeune femme qui se pense la réincar­na­tion de Marylin (et même dans la façon dont elle est filmée qui évite tout glamour et reste près du person­nage), le concept est un peu trop artifi­ciel (sa vie est le décalque de celle de Marylin) pour m’emballer totale­ment. Le person­nage de Rouve se révèle plus nombri­liste, persua­dé qu’il aurait pu sauver la victime, alors qu’il est incapable de ressen­tir le désir des person­nages qui l’entourent. Et c’est au final plus tragique que la série.

POUPOUPIDOU – Gérald Hustache-Mathieu – BANDE ANNONCE

Mrs Maisel saison 5 – l’histoire d’une vie

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La dernière fois que j’ai parlé séries, j’ai oublié de dire un mot de l’ultime saison d’une de mes chouchous, The Marve­lous Mrs Maisel. Lorsque j’ai appris que la saison 5 serait la dernière, mon petit cœur s’est serré. Parce que c’était la preuve que le monde est injuste et, surtout, je me suis dit qu’ils ne pouvaient que louper la sortie d’un truc aussi génial. Il faut dire que chaque saison repré­sen­tait un temps assez court de la vie de Miriam Maisel, la standu­peuse new-yorkaise bourgeoise et juive. Et à chaque fois, elle se heurtait à un mur invisible qui la renvoyait quasi­ment au point de départ de sa carrière. On ne pouvait pas nous laisser avec une histoire inache­vée. Et les scéna­ristes ont relevé le défi. Cette saison raconte comment Miriam a fini par percer et toute sa carrière, ses mariages foirés, ce que sont devenus ses enfants (pas facile avec une maman absente et célèbre), son ex-mari et, surtout, se recon­centre sur le tandem Miriam/​Suzie (son agent). Entre ruptures et récon­ci­lia­tion, on finit par comprendre que ce qui reste de plus précieux dans toute cette aventure, c’est encore leur amitié.

Les séquences ébouriffantes :

  1. deux versions d’une comédie musicale dédiée au ramas­sage des ordures à New York (un spectacle finan­cé par la Mafia). Une avec Miriam enthou­siaste et une autre avec la même dégoûtée.
  2. l’épisode de l’hommage rendu à Suzie pour l’ensemble de sa carrière où on apprend que sa sœur a sorti un tube disco dans les années 70.
The Marve­lous Mrs. Maisel Saison 5 – BANDE-ANNONCE | Prime Video
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