Le retour du coureur de lame
Le Blade Runner de Ridley Scott était un film culte des années 80. Le concept Philipp Marlowe contre les androïdes avait fonctionné du tonnerre en présentant un avenir bouffé par l’urbanisme, la paranoïa et la nature de l’homme dans un décor jamais vu au cinéma — ça ressemblait quand même beaucoup au Long Tomorrow de O’Bannon et Moebius (vous pouvez en voir un peu plus ici). Malgré les couinements de la rédaction de Métal Hurlant qui, au nom de la défense de K. Dick, passait complètement à côté du film, ce dernier est resté une référence SF. Alors que Scott ressuscite ses diverses licences au cinéma, il n’est pas très étonnant de revoir sortir les voitures de police volantes et le cuir mouillé des Blade Runners. Et, bonne nouvelle, c’est Denis Villeneuve qui s’y colle après un excellent Premier contact.
À quoi rêvent les petites amies virtuelles ?
Ce nouvel opus 2049 a ses qualités et ses défauts. K. (Ryan Gosling), androïde Blade Runner, est chargé de l’élimination des vieux modèles cachés dans la population. Il tombe lors de sa mission sur un cercueil qui risque de changer les rapports entre humains et androïdes. Sa supérieure lui ordonne de remonter la piste et d’effacer toutes les traces.
J’ai été assez surpris de voir à quel point cet opus cite son prédécesseur et de nombreux clins d’œil raviront les fans. Le personnage principal prend le contre-pied de celui de Harrison Ford puisqu’il est un androïde qui rêve d’amour et d’humanité. Mais, comme Deckard avant lui, il en prend plein la tête et risque de perdre le peu qu’il possède.
Visuellement, c’est la même chose en différent. Scott avait joué sur un univers poisseux d’humidité et de sang versé, Villeneuve développe sur la même base, des décors vides et froids, accentuant l’absence d’amour et de sentiment de l’univers Bladique Runnesque.
Le film est un peu agaçant dans sa lenteur contemplative et le peu d’innovations par rapport au premier opus — l’unique vraie nouveauté, c’est la petite amie virtuelle de K., un concept fascinant superbement développé et qui sert en plus l’histoire — et Ford fait pas très raccord avec l’ambiance générale. Mais il est très réussi sur ses interrogations métaphysiques (la nature de l’amour et de l’être aimé, qu’est-ce qui fait un humain…) avec une excellente méchante en prime.
Je ne crierai pas un chef d’œuvre mais je pense que le film va me trotter dans la tête quelques temps et donner lieu à des discussions passionnées.
Merci, analyse moins fouillée (que toutes celles lues jusqu’ici) mais beaucoup plus éclairante.
The long tomorrow est une influence revendiquée de Ridley Scott (dans un making of du film notamment)… Il s’en est d’ailleurs encore inspiré pour son récent ” prometheus”…
Ça se voit trop – mais comme je n’ai pas vu Pnomotheus, je ne peux guère en dire plus de ce côté.
Pas vu non plus mais il y a dans le film un gus qui se fait attaquer par un proto-alien tentaculaire et sur les images du making of on voit que les designers ont carrément placardé dans leurs bureaux la case de the long tomorrow où le héros est au prise avec la prostituée qui se transforme en monstre tentaculaire… (mon frangin avait mis la photo en question sur son blog, là j’ai pas accès à mon ordinateur, difficile d’être plus précis)
Un peu étrange parce que le personnage n’est jamais attaqué par quoique ce soit de tentaculaire dans le film à ce qu’il me semble.
Je parle de prometheus, là… où il y a effectivement une sorte de facehugger primitif à tentacules si je ne m’abuse.
Et le post dont je parlais, avec le comparatif à la fin : http://le-zouave-interplanetaire.blogspot.fr/2013/08/?m=1
Ah, c’est Prometheus. Pas vu en entier – je me suis rapidement agacé.
”Je ne crierai pas un chef d’œuvre mais je pense que le film va me trotter dans la tête quelques temps et donner lieu à des discussions passionnées.” Pertinent conclusion.
C’est un peu mission impossible de faire ce genre de film. Mais je suis d’accord avec toi au final. C’est réussi mais on s’ennuit un peu. Peut-être un manque de rythme (2h40 quand même) !
Je pense surtout qu’on ne s’attend pas à un tel rythme. Le cerveau n’est pas préparé.
On est d’accord. Faut arrêter de déconner. Ceux qui descendent en flèche 2049 me font penser à ceux qui n’ont rien trouvé de bien dans ”Aliens Covenant”. Style : ”c’était mieux avant”. Pffffff.…
Personnellement, j’ai évité le Aliens. Je crois que le cinéma de Scott n’est plus compatible avec mes goûts.
Je m’inscris en faux.
“Aliens Covenant” est une sombre merde malodorante.
http://ilaose.blogspot.fr/2017/08/alien-covenant.html
D’ailleurs, je regarde les nouveaux Aliens de Ridley Scott comme je regarderais un porno : je sais que ça va être dégueulasse, mais j’espère bander.
Jusqu’ici, cet espoir est déçu.
Alors que Blade Runner 2049 € TTC est un chef d’oeuvre sur un monde en déréliction, qu’en plus on ne peut aimer Blade Runner 2049 € TTC que si on avait conchié le BR 1, ce qui était mon cas, et le regarder d’un oeil neuf comme un préquel un peu foireux et chichiteux, comme l’avait prophétisé Philippe Manoeuvre dans Métal Hurlant.
Vive Philippe Manoeuvre !
Tu veux parler du même Métal Hurlant qui à la même époque portait aux nues un film Disney avec des dragons ?
Vive Philippe Manoeuvre !