Après le film impressionnant d’ Andrew Dominik, j’ai visionné The true story of Jesse James de Nicholas Ray, datant de 1957, avec une certaine curiosité. Ça commence bien avec une petite ville qui explose dans la violence d’une attaque de banque, bandits poursuivis par les forces de l’ordre dans les marais, abattus, dynamités… C’est la bande de Jesse James ! Un journaliste bougon se demande comment James en est arrivé là. On ne reverra pas le journaliste de tout le film. Il faut dire que Nicholas Ray n’a pas tourné l’histoire qu’il avait en tête pour cause de producteur sourcilleux et propose un récit rythmé par les flash-backs avec comme point pivot cette attaque catastrophique de la banque de Northfield.
Jesse James est un personnage mythifié de son vivant : symbole du Sud vaincu qui n’accepte pas la défaite, il est célébré comme un héros des petites gens contre les forces de l’Ordre (armée du Nord, banques, etc…), chanté comme un moderne Robin des Bois par les journaux ex-sudistes. Le film tente de trouver des explications psychologiques au comportement de voyou autodestructeur de Jesse (Nicholas Ray voulait Elvis Presley pour l’interpréter et comparait la bande des James aux bandes d’ados des années 50) en montrant la frustration des habitants du Missouri pendant et après la guerre de Sécession mais, de manière paradoxale, ne s’étend pas sur le fait que les James aient fait partie des bandes de Quantrill et William Anderson dit ”Bill le Sanglant” qui se sont illustrés par le massacre de civils et de soldats désarmés durant la guerre. Pour leur ”excuse”, les partisans nordistes du Kansas faisaient tout aussi bien de leur côté et il semble que la Guerre de Sécession ait été un Paradis pour tous les psychopathes de l’époque.
Le film ne montre pas non plus le rapport de Jesse avec la presse – il n’hésite pas à envoyer des communiqués de presse pour démentir les accusations voire en niant avec aplomb son implication dans des attaques. On le voit juste se prêtant au jeu de Robin des Bois, ce qui fait bien rire ses acolytes. Le point le plus faible de film est probablement son histoire d’amour et son mariage avec sa cousine, une espèce de guimauve sucrée assez énervante. Reste le personnage de maman James, force de la nature qui perd un bras lors d’une attaque foireuse des agents de Pinkerton et qui soutiendra ses fils avec conviction, ce qui est bien rendu dans le film (on la soupçonne d’avoir commandité un des livres les plus connus parus après la mort de son fils). Finalement, le film, comme tous les westerns, ne se préoccupe pas trop des types chargés de se faire flinguer par les personnages principaux, indiens ou citoyens respectueux des lois, ils font figure de cibles tombantes. Pourtant, lors de l’attaque de la banque de Northfield, ce sont commis, étudiants, fermiers et commerçants qui tiennent en respect la bande armée. Braves citoyens défendant leurs biens et romantiques hors-la-loi luttant contre l’injustice sociale, tous unis pour que les fabricants d’armes continuent à vendre leurs produits aux citoyens US.