Un peu échaudé par mes derniers visionnages western ‑désolé, les gars et les filles mais Le Grand Silence n’a éveillé en moi qu’un grand ennui- je me suis attaqué à Convoi de femmes (Westward the Women) avec un peu de résignation. Déjà, le titre français est une vraie abomination machiste. On image des nanas enfermées dans des camions, pleurnichant, avec des types armés autour. Certaines affiches entretiennent le doute avec Robert Taylor fouettant l’air tandis qu’une femme se roule par terre… Mais en fait, c’est probablement un des westerns les plus émouvants que j’ai visionné (je suis assez midinette).
Si vous avez lu La fiancée de Lucky Luke ‑je ne vous le souhaite pas- vous connaissez le pitch et vous savez qu’elle est tirée d’une histoire vraie : des femmes sont parties en convoi pour l’Ouest sauvage afin de trouver un époux qu’elles ne connaissaient pas. Le propriétaire d’un grand domaine californien engage un pisteur réputé (Robert Taylor) pour conduire ce convoi d’Est en Ouest. Taylor est sceptique. Le voyage est trop dur et il conseille de recruter cent cinquante femmes pour être sûr d’en voir arriver cent (quel rigolo ce Taylor me suis-je dit). Les femmes apprennent à conduire les mules, jurer, cracher ‑euh non. D’ailleurs les actrices ont dû suivre la même formation pour paraître crédibles et elles sont rejointes par une quinzaine d’hommes – dont un petit Japonais, Henry Nakamura, le film date de 1951 – qui ont pour consigne de ne pas frayer avec les donzelles. Et c’est parti pour l’Ouest !
Ce qui séduit d’emblée, c’est le côté rugueux du film. Il n’y a pas du tout une volonté d’en faire un périple héroïque réalisé par des femmes surhumaines et d’ailleurs les premiers problèmes, ce ne sont pas les Indiens, les tornades ou la soif mais le désir des hommes. Droit dans ses bottes, Taylor flingue froidement ceux qui se sont frottés aux filles et bientôt il ne reste plus que lui, Nakamura et le patron pour attaquer les Rocheuses. Le film alterne les personnages truculents – Nakamura doit retrouver une tombe mystérieuse, la veuve interprétée par Hope Emerson, grande gueule au langage fleuri – et morts inattendues dues à la malchance, aux accidents, jamais spectaculaires (cf. la fameuse attaque du convoi). Mais les nanas s’arrachent et finissent par voir le bout du voyage. Et là, je me rends compte que cet enfoiré de Taylor avait raison : il en reste à peine une centaine.
Mais ce personnage quasi Goossenien peut-il rester insensible au courage de ces femmes ? Malgré ses froncements de sourcil, il va finir par craquer pour une Française – Denise Darcel – qui l’alpague littéralement, lui faisant caresses et déclarations d’amour dans un renversement de situation de séduction pas courant mais obligé ici. Bref, un grand film que je mets illico dans mes westerns favoris.
”Un peu échaudé par mes derniers visionnages western ‑désolé, les gars et les filles mais Le Grand Silence n’a éveillé en moi qu’un grand ennui- ”
Oh, vraiment ? As-tu essayé El Mercenario ou Far West Story du même Corbucci ? Et le Dernier face à Face de Sollima ? El Chuncho de Damiani ? Ou encore le délirant Blindman de Baldi ? Le Dernier jour de la colère de Valerii ? Ou encore Keoma de Castellari ? Je cite mes préférés, comme ça, de mémoire mais le western italien est suffisamment riche et varié pour y trouver son compte et pour ce qui me concerne j’ai longtemps cru que tout cela se résumait à Sergio Leone et Trinita (auquel Mon nom est personne est en quelque sorte la réponse du berger à la bergère).
Sinon je n’ai jamais vu ce Convoi de femmes, mais le billet donne envie de réparer cet oubli.
@Pierre : je me contente de visionner ce qui passe à la télé. Mais je ne suis pas sûr d’être en phase avec le western spaghetti : j’ai déjà mis beaucoup de temps à m’adater à Sergeo Leone. Enfin, je ne désespère pas…
J’ai un grand souvenir de ce film, vu il y a longtemps.
C’est un scénario de Frank Capra, si je me souviens bien.
C’est bien là dedans où il y a une femme de marin qui conduit son chariot et ses chevaux comme l’équipage d’un bateau ?
@thierry robin : pas tout à fait de Capra. Il a proposé un scénar à son studio qui n’en voulait pas et il a dû refiler le bébé à Welman. C’était bien son idée originale mais il y a des chances que le scénario définitif ne soit pas exactement ce qu’il avait écrit.
En effet, la veuve de marin jure comme son ex mari et utilise les termes itou.
Je suis désolé de le dire,mais ce billet est foutrement bien écrit.Et il donne envie.
C’est dit.
@julien : il ne faut pas être désolé…
Quel film ! Et quelle modernité ! Dans mon top 10 ”western”.
@Guillaume : bon ben on est tous d’accord…