Convoi de femmes, un film de William Welman

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Un peu échau­dé par mes derniers vision­nages western ‑désolé, les gars et les filles mais Le Grand Silence n’a éveillé en moi qu’un grand ennui- je me suis attaqué à Convoi de femmes (Westward the Women) avec un peu de résigna­tion. Déjà, le titre français est une vraie abomi­na­tion machiste. On image des nanas enfer­mées dans des camions, pleur­ni­chant, avec des types armés autour. Certaines affiches entre­tiennent le doute avec Robert Taylor fouet­tant l’air tandis qu’une femme se roule par terre… Mais en fait, c’est proba­ble­ment un des westerns les plus émouvants que j’ai vision­né (je suis assez midinette).

Allez, plus vite que ça, sales femmes !
Allez, plus vite que ça, sales femmes !

Si vous avez lu La fiancée de Lucky Luke ‑je ne vous le souhaite pas- vous connais­sez le pitch et vous savez qu’elle est tirée d’une histoire vraie : des femmes sont parties en convoi pour l’Ouest sauvage afin de trouver un époux qu’elles ne connais­saient pas. Le proprié­taire d’un grand domaine califor­nien engage un pisteur réputé (Robert Taylor) pour conduire ce convoi d’Est en Ouest. Taylor est sceptique. Le voyage est trop dur et il conseille de recru­ter cent cinquante femmes pour être sûr d’en voir arriver cent (quel rigolo ce Taylor me suis-je dit). Les femmes apprennent à conduire les mules, jurer, cracher ‑euh non. D’ailleurs les actrices ont dû suivre la même forma­tion pour paraître crédibles et elles sont rejointes par une quinzaine d’hommes – dont un petit Japonais, Henry Nakamu­ra, le film date de 1951 – qui ont pour consigne de ne pas frayer avec les donzelles. Et c’est parti pour l’Ouest !

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Du nerf, maudites femelles !

Ce qui séduit d’emblée, c’est le côté rugueux du film. Il n’y a pas du tout une volon­té d’en faire un périple héroïque réali­sé par des femmes surhu­maines et d’ailleurs les premiers problèmes, ce ne sont pas les Indiens, les tornades ou la soif mais le désir des hommes. Droit dans ses bottes, Taylor flingue froide­ment ceux qui se sont frottés aux filles et bientôt il ne reste plus que lui, Nakamu­ra et le patron pour attaquer les Rocheuses. Le film alterne les person­nages trucu­lents – Nakamu­ra doit retrou­ver une tombe mysté­rieuse, la veuve inter­pré­tée par Hope Emerson, grande gueule au langage fleuri – et morts inatten­dues dues à la malchance, aux accidents, jamais specta­cu­laires (cf. la fameuse attaque du convoi). Mais les nanas s’arrachent et finissent par voir le bout du voyage. Et là, je me rends compte que cet enfoi­ré de Taylor avait raison : il en reste à peine une centaine.
Mais ce person­nage quasi Goosse­nien peut-il rester insen­sible au courage de ces femmes ? Malgré ses fronce­ments de sourcil, il va finir par craquer pour une Française – Denise Darcel – qui l’alpague litté­ra­le­ment, lui faisant caresses et décla­ra­tions d’amour dans un renver­se­ment de situa­tion de séduc­tion pas courant mais obligé ici. Bref, un grand film que je mets illico dans mes westerns favoris.

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Origi­nal Theatri­cal Trailer | Westward, The Women | Warner Archive
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8 commentaires

  1. ”Un peu échau­dé par mes derniers vision­nages western ‑désolé, les gars et les filles mais Le Grand Silence n’a éveillé en moi qu’un grand ennui- ”

    Oh, vraiment ? As-tu essayé El Merce­na­rio ou Far West Story du même Corbuc­ci ? Et le Dernier face à Face de Solli­ma ? El Chuncho de Damia­ni ? Ou encore le délirant Blind­man de Baldi ? Le Dernier jour de la colère de Valerii ? Ou encore Keoma de Castel­la­ri ? Je cite mes préfé­rés, comme ça, de mémoire mais le western italien est suffi­sam­ment riche et varié pour y trouver son compte et pour ce qui me concerne j’ai longtemps cru que tout cela se résumait à Sergio Leone et Trini­ta (auquel Mon nom est personne est en quelque sorte la réponse du berger à la bergère).

    Sinon je n’ai jamais vu ce Convoi de femmes, mais le billet donne envie de réparer cet oubli.

    • @Pierre : je me contente de vision­ner ce qui passe à la télé. Mais je ne suis pas sûr d’être en phase avec le western spaghet­ti : j’ai déjà mis beaucoup de temps à m’ada­ter à Sergeo Leone. Enfin, je ne déses­père pas…

  2. J’ai un grand souve­nir de ce film, vu il y a longtemps.
    C’est un scéna­rio de Frank Capra, si je me souviens bien.

    C’est bien là dedans où il y a une femme de marin qui conduit son chariot et ses chevaux comme l’équi­page d’un bateau ?

    • @thierry robin : pas tout à fait de Capra. Il a propo­sé un scénar à son studio qui n’en voulait pas et il a dû refiler le bébé à Welman. C’était bien son idée origi­nale mais il y a des chances que le scéna­rio défini­tif ne soit pas exacte­ment ce qu’il avait écrit.

      En effet, la veuve de marin jure comme son ex mari et utilise les termes itou.

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