Tim Burton est devenu un metteur en scène incontournable et chacun de ses films est un enjeu pour les fans de la première heure qui ont pris un coup de vieux : est-ce que ce sera aussi bien qu’avant ? Y’aura-t-il des grilles rouillées ? Des jeunes filles pâles aux gros seins blancs ? Son dernier long mètrage, Dark Shadows, propose une bande annonce prometteuse ! Sortons le carosse poussiéreux et la cape noire, direction les salles obscures où des choses innommables grouillent sous vos pas – usuellement appelées corn flakes par les ignorants.
Ce que le spectateur moyen – et particulièrement francophone – ne sait pas, c’est que ce film est une adaptation d’une série quotidienne de plus de 1000 épisodes d’une 1/2 heure chacun diffusée sur ABC aux USA entre 1967 et 1971. Décrivant un univers fantastique dont le pivot est la demeure des Collins à Collinsport, la série est destinée aux jeunes ados qui peuvent la visionner en sortant de l’école. Elle ne décolle réellement qu’avec l’arrivée de Barnabas Collins, vampire de la famille réveillé après deux cents de sommeil. L’histoire présentait un univers gothique voire délirant (loup garous, fantômes, voyage dans le temps et les dimensions…) à un public qui n’y avait jamais eu accès auparavant et, pour cette raison, est restée culte aux États-Unis.
Barnabas Collins (Johnny Depp) est l’unique héritier de la prestigieuse famille Collins qui possède les pêcheries de Collinsport et une immense demeure gothique. Sa servante, Angélique Bourchard (Éva Green) le séduit mais il lui préfère Josette du Pres. Folle de jalousie, Angélique, qui est une sorcière, fait se jeter Josette d’un promontoire. Barnabas saute aussi pour rejoindre son amour dans la mort mais, rien à faire, il est toujours vivant. C’est qu’Angélique lui a lancé un sort et l’a transformé en vampire immortel. Comme Barnabas la rejette toujours, elle monte les habitants de Collisport contre lui – pas trop difficile puisqu’ils servent de réserve à sang pour le vampire – et le fait enfermer dans un cercueil en métal d’où il en sort deux cens ans plus tard… en 1972. De la famille Collins, il reste plusieurs membres dont un petit garçon qui voit sa mère morte. Arrive au même moment une jeune femme qui postule au poste de gouvernante, sosie fidèle de Josette du Pres (Bella Heathcote) et pleine de secrets. Barnabas révèle son identité à Elizabeth (Michelle Pfeiffer) et découvre rapidement que Angélique a traversé les siècles, toujours aussi amoureuse et jalouse.
Ce qui frappe au premier abord, c’est la qualité visuelle de l’ensemble, du manoir jusqu’aux tenues de Bella Heathcote qui est tout simplement ravissante. Le scénario est un peu décousu, mélangeant plusieurs lignes fortes : l’histoire d’amour/vengeance entre Barnabas et Angélique (avec une Éva Green époustouflante qui souffle le chaud et le froid avec un sourire carnassier), des gags autour de Barnabas et du décalage entre l’époque et sa vision du monde (sa recherche d’une bonne literie est très drôle) et, enfin, les multiples personnages issus de la série qui ont un peu de mal à exister.
Au final, un grand spectacle quelque fois très drôle avec des actrices magnifiques et un Johnny Depp glacial et coincé incapable de résister à la chair. Dommage que le scénario n’ait pas essayé de se resserrer sur le couple Barnabas/Angélique, il y avait de belles pistes (si Angélique a lancé une malédiction sur Barnabas, Barnabas est lui-même un séducteur qui détruit les femmes qu’il aime).
La bande annonce du film (je n’ai encore vu que ça pour l’instant) fait un peu peur : on a l’impression que Burton (et toute sa bande) s’y livrent aux joies de l’auto-caricature, et pis c’est tout… rassurez-nous : ça va donc un peu plus loin que ça ?
@Tororo : je pense que la bande annonce est faite pour que les fans restent en terrain connu. Je trouve que le film est assez différent de ce qu’il a fait précédemment puisqu’on est dans l’hommage parodique de certains films de vampires.