Non seulement je ne trouve pas le temps d’écrire des articles pour ce blog, mais des découvertes imprévues m’obligent à repousser les sujets profonds et les aventures artistiques de haute volée.
Prenons un exemple au hasard : The Goes Wrong Show (que j’on pourrait traduire par La va mauvais montre ou Le spectacle condamné à se planter). J’allume ma télé complètement lessivé, je me mets sur Amazon Prime pour voir où j’en suis dans mes séries – alors que je visais Canal + Séries – je tombe sur la liste « Les trucs qui vont dégager dans moins d’un mois » et je vois un machin siglé BBC et humour. Ça ne peut pas être pire qu’autre chose et, si c’est nul, j’aurai une bonne excuse pour dormir. Trois épisodes plus tard…
The Goes Wrong Show est une espèce de théâtre filmé en public (mais en fait remonté comme un vrai film soigneusement découpé) créé par une vraie troupe de théâtre sous le nom d’une fausse troupe de théâtre qui a la particularité de monter des pièces qui se révèlent catastrophiques du fait de décorateurs et accessoiristes incompétents. Le concept étant « il faut continuer à jouer, quoiqu’il arrive ». Et il arrive des choses hilarantes/catastrophiques/inattendues (je ne mettrai aucune bande annonce pour éviter le spoiling). Chaque épisode est une pièce, ou plutôt une parodie de pièce du type Noël, tribunal, maison hantée, love story pendant la guerre, jouée au premier degré pendant que le décor rend le travail des acteurs impossible.
On peut dire que c’est typiquement anglais puisque les contraintes fortes rendent la représentation complètement nonsensique et certaines idées délirantes rappellent le cousinage Monty Python ou Un poisson nommé Wanda. Ce n’est pas un humour moderne tel qu’on l’entend aujourd’hui à base d’autofiction et de thèmes sociétaux contemporains mais un travail soigné qui cherche à être inventif dans le délire comme à une époque où on ignorait que son nombril pouvait intéresser le reste du monde. Après visionnage, je me suis rendu compte que le vrai tour de force, c’est que les décorateurs ont fait un travail de malade pour que tout fonctionne parfaitement dans les foirades. Et ça quitte Prime dans dix jours alors il faut se dépêcher. Il existe une seconde saison mais pas dispo sur la chaîne.
Merci, on va regarder ça. C’est vrai qu’il ne vaut mieux pas avoir vu la bande-annonce, dit-il après l’avoir regardée. Je vais peut-être contacter Michel Gondry pour me faire opérer de ce souvenir par le neurologue qui officie dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, son meilleur film à ce jour.
On prévient les gens et ils passent outre. C’est comme ça que Poutine a envahi l’Ukraine. Et Eternal est maintenant un classique du cinéma.
Normalement, c’est affreusement délicieux de transgresser un interdit. En principe. Faut demander à Poutine s’il pensait que ses avertissements auraient valeur pédagogique. Je te laisse te rapprocher du Kremlin, on est un peu fâchés depuis un canular qu’il a mal pris.
https://johnwarsen.tumblr.com/post/114643990547/putin-absorbing-life-force-of-an-innocent-child
Ton titre ”dix jours pour rigoler”, c’est pas mal trouvé non plus comme injonction contradictoire stressante, à l’instar du ”soyez spontané” dont Gregory Bateson disait que y’avait de quoi rendre certains enfants schizophrènes.
Toutes les injonctions positives sont angoissantes : « soyez créatifs », « soyez Républicains »… On pourrait faire une liste.
Soyez heureux.
Soyez aimés.
Soyez qui vous êtes.
J’ai regardé les deux premiers épisodes de la saison 1. J’avoue que j’ai ri. Mon fils aussi, mais pas ma femme. Elle n’a plus que 8 jours pour rigoler, du coup.
Tu as vérifié les piles de ta femme ?
Non, je n’ai pas vérifié ses piles, mais je note qu’elle rigole devant « Extraordinary attorney Woo », série Netflix sur une avocate autiste coréenne. Je crains le pire. Plus que 5 jours pour rigoler.
Je n’ai pas essayé ça à l’époque où Netflix était en partage. En fait, j’ai été globalement déçu par mon essai Netflix.
J’ai illégalement téléchargé « Extraordinary attorney Woo » afin que les rires de ma femme puissent fuser indépendamment des fluctuations de mon pouvoir d’achat. C’est lâche, je sais, mais j’aime entendre rire ma femme.
Même quand c’est pas moi qui la fais rire.
Surtout que « Extraordinary attorney Woo », en plus, c’est une feel-good série, qui commence à m’attendrir, alors que je cède traditionnellement aux feel-bad stories. Chacun son truc.
Je ne m’intéresse pas aux séries en fonction des plateformes (bien que j’aie un apriori plutôt bienveillant pour HBO) mais des showrunners et des univers pitchés, et de l’impact éventuel sur ma femme, que je n’aime pas entendre vomir ou conchier mes choix télévisuels quand il me prend la fantaisie de les lui imposer (même si un soupçon d’adrénaline, au moment d’enclencher le programme avec la télécommande, ça peut pas faire de mal)
Concernant Netflix, il y a eu une sorte de cabale conspirationno-journalistique voulant nous faire accroire qu’ils ne pouvaient que produire et/ou diffuser des trucs géniaux, qui s’est heureusement effondrée sous son propre poids au bout de quelques soirées télé.
C’est bien une femme qui rit : elle a le poil plus soyeux et l’haleine fraîche.
Surtout si en plus, on lui a changé les piles.
J’avais un copain, prématurément disparu par strangulation à la fin d’une de ses blagues, qui avait coutume de dire ”femme qui rit, femme à moitié au lit”. Ce à quoi je lui rétorquais invariablement, ”oui, d’accord, mais du coup y’a toujours une moitié qui reste en dehors du lit, et qui s’enrhume.”
Aucun proverbe sur les femmes n’a fonctionné pour moi. Je ne devais pas avoir les bonnes piles.
Je ne crois pas que ce soit un problème de biais cognitif. C’est surtout que les proverbes portant sur les femmes sont en principe forgés par des hommes. Et que si tu en es réduit à faire des raisonnements (et à tenter de les généraliser sous forme de sentence à vocation universaliste), c’est que t’es pas vraiment un parangon du dialogue entre les sexes. Je préfère ne pas imaginer les proverbes sur les hommes, hormis ceux que je connais déjà et qui ne sont ni à ma gloire, ni à la tienne, Etienne.
Plus que 4 jours pour rigoler.
Tu as raison, les proverbes sont créés par ceux qui les utilisent. D’ailleurs, je ne connais pas beaucoup de proverbes concernant les hommes à destination des femmes – à part la taille du nez et la pointure de chaussures.