Gambit
Un hold up extraordinaire (Gambit in english) est une comédie de cambriolage de Ronald Neame sortie en 1965. À l’époque, le cinéma grand public se contentait d’aligner les stars et tâchaient de distraire le public avec des lieux exotiques en tentant d’oublier l’inexorable avancée de la télévision. Ce qui donnait des films qui ne passent jamais à la télévision, plus ou moins réussis, plus ou moins drôles et qui ont mal vieilli en général.
Un hold up extraordinaire est tout à fait dans cette lignée avec en tête d’affiche Shirley MacLaine et Michael Caine. Ce dernier interprète un cambrioleur de haut vol qui engage une danseuse de cabaret métis dénichée à Hong Kong (MacLaine). Elle est le portrait craché de la femme décédée d’un milliardaire qui ressemblait elle-même de manière troublante au portrait sculpté d’une impératrice exotique (sculpture qui vaut des millions). Le plan millimétré du voleur se déroule à la perfection. Sauf que…
Si je parle de ce film ici c’est que j’aurais adoré écrire cette histoire. On va éviter de trop divulgâcher (et fermez les yeux si vous comptez visionner ce film prochainement) mais il y a deux versions du cambriolage qui contrastent de manière magnifique. MacLaine est superbe en aventurière amateure qui veut juste vivre sa vie et Caine très drôle en personnage qui se croit plus intelligent que tout le monde et que tout le monde perce à jour.
Une espèce de Ocean’s Eleven en moins friqué mais plus humain et pétillant (et beaucoup plus ironique).
À couteaux tirés
Je reprends le chemin des salles obscures (non, pas les salles de strip tease) et mon goût me porte vers des films policiers en ce moment.
À couteaux tirés (Knives Out) est un film de Rian Johnson (le réalisateur du très bon Loop, un film de SF à base de paradoxe temporel) que tout le monde qualifie « d’à la Agatha Christie », ce qui n’est pas tout à fait faux.
Un riche écrivain policier est retrouvé égorgé et les héritiers (forts désagréables) qui vivaient à ses crochets se précipitent pour toucher l’héritage. Sauf qu’un doute subsiste sur la possibilité d’un suicide, doute nourri par la présence du fameux détective Benoît Blanc (Daniel Craig) convoqué anonymement pour aider la police dans son enquête.
Un scénario très malin qui fait des clins d’œil à la Christie tout en apportant des éléments au genre (coupable révélé rapidement, politique Trumpienne…) et qui piègera même l’amateur le plus aguerri. La distribution est étincelante et grimace admirablement. Craig est excellent en enquêteur qui semble dépassé mais qui a un coup d’avance sur tout le monde. À ma grande surprise, le film semble très bien marcher (en version VOST, la salle était comble).
Brooklyn Affairs
De son vrai nom Motherless Brooklyn, Brooklyn Affairs est réalisé et interprété par Edward Norton et rend hommage au film noir (chapeau feutre, coups de matraque à répétition, collusion politique…).
Lionel Essrog (Norton lui-même), détective d’une agence orpheline de son patron, entend bien aller au bout d’une enquête qui tourne autour du personnage le plus puissant de la ville de New-York, responsable habité des grands travaux de la Grosse Pomme.
Après un bon quart d’heure où j’ai été un peu mal à l’aise (Bruce Willis semble refaire toujours le même rôle de dur à cuire sympa, Norton fait peur avec ses tonnes de tics – son personnage à la maladie de Tourette – et le décor fait un peu artificiel), j’ai fini par accepter le personnage grâce à une histoire qui joue le classicisme du polar en le tirant vers le haut portée par une bande son au petit poil (j’ai cru que j’allais devenir amateur de jazz) qui ne joue pas que la nostalgie (très belle chanson de Tom York) et un scénario qui accélère petit à petit et qui a fini par me happer. Alec Baldwin en mégalo bulldozer et Willem Dafoe en ingénieur lâche et génial aident beaucoup à la réussite de l’ensemble.