Voici donc le nouveau film de Wes Anderson, un film d’animation basé sur la même technique de stop motion utilisée pour Fantastic Mr. Fox, au service d’une histoire plus ambitieuse.
Ces chiens vont prendre une pâtée
Dans la ville de Megasaki, le clan Kobayashi œuvre secrètement depuis des siècles pour la suppression des chiens. La grippe canine qui s’est déclarée est un bon prétexte pour les expédier sur une île décharge. Condamné à une mort lente, les clebs survivent difficilement en se battant pour quelques déchets alimentaires. Mais voilà que débarque le jeune Atari, neveu adopté du maire Kobayashi, à la recherche de son chien garde du corps. Une troupe de canidés de classe le prend sous son aile et vont l’aider dans sa quête alors que les autorités multiplient les agressions dans une escalade inquiétante.
Anderson ne nous prend pas pour des truffes
Ce qui frappe dans ce film, c’est sa richesse visuelle. Anderson est connu pour sa méticulosité et son goût pour le décor et il s’en donne ici à cœur joie mais toujours dans le respect de l’histoire. Seconde remarque : après un The Grand Budapest Hotel qui abordait malgré sa fantaisie un vrai sujet politique, L’Île aux Chiens parle de stigmatisation d’une population pour des raisons purement politiques. Mais que le fan se rassure, on retrouve plein de thèmes familiers comme le rapport au père, l’amitié ou la quête.
Néanmoins, je rejoins mon fiston qui trouve l’histoire un peu trop linéaire. Malgré la multiplicité des personnages, l’ensemble manque de vrais enjeux émotionnels (l’histoire d’amour est juste abordée), enfin, je l’ai ressenti comme cela et ceci malgré un message politique intéressant et le personnage de Chief, chien errant qui aime se battre et qui préviens « je mords », qui refuse toute soumission culturelle et qui veut faire ses propres choix, par les crocs s’il le faut (et avec des dérapage glaçants).
Reste une approche inédite et merveilleusement utilisée : l’histoire se passe au Japon et Anderson prévient d’entrée que les Japonais parleront dans leur langue et seront traduits par divers moyens extérieurs alors que les chiens s’expriment en anglais (dans la VO). L’incompréhension langagière est ainsi brillamment restituée et le spectateur se projette en priorité sur les chiens. Enfin les spectateurs non japonais parce que ces derniers vont aborder le film de manière différente du coup.
Au final un œuvre merveilleuse mais pas mon Anderson préféré. Mais qui ouvre d’autres pistes dans son univers.
Si on veut comparer les deux, j’ai quand même trouvé Fantastic Mr Fox plus passionnant… La narration morcelée de L’île aux chiens m’a un peu empêché de rentrer dedans et j’ai l’impression que le manque d’émotion dont tu parles vient de là. Passant d’un personnage à l’autre et d’un point de vue à l’autre, on a du mal à se sentir impliqué ; le film aurait sans doute gagné à se concentrer plus sur Chief et le gamin au lieu de multiplier les apartés sur le complot politique qui distraient du cœur émotionnel du film.
Je n’ai pas trop de souvenirs de Mr Fox mais l’histoire est quand même plus légère à ce qu’il me semble.