En ce moment, je n’en peux plus des super héros. L’avalanche continue des films à licence à gros budget plein de stars plein de muscles, d’effets spéciaux tonitruants et de réalisateur à la mode a fini par me dégoûter complètement du genre. Et pourtant, quand j’ai vu que Kick Ass, le film de Matthew Vaughn inspiré du comics de Mark Millar avec au dessin John Romita Jr, passait à la téloche, je me suis dit que j’y jetterai bien un coup d’oeil.
Il faut dire que l’histoire de Kick Ass va un peu à contre courant. Un ado US normal, Aaron Taylor-Johnson, finit par trouver étrange qu’il y ait aussi peu de gens qui tentent dans la vraie vie de jouer eux-mêmes au super héros. Aussi sec, il se commande une combinaison de plongeur sur Internet et s’en va combattre le crime dans la rue. Et se fait exploser littéralement. Étrangement, cet échec va transformer sa vie : complètement retapé à coup de plaques de métal, il est devenu – relativement – insensible à la douleur, ce qui le motive pour retenter l’expérience. Et, surtout, la fille du lycée dont il est secrètement amoureux, Lyndsy Fonseca, s’intéresse à lui… persuadée qu’il est homo parce qu’il a réussi à convaincre l’infirmier qui l’a ramassé de le débarrasser de sa combinaison et qu’officiellement, on l’a retrouvé nu comme un ver. Sa seconde tentative d’héroïsme est un vrai succès. Il s’interpose dans une bagarre entre voyous sur un parking et sa bagarre est filmée par les témoins qui postent illico la chose sur YouJ’vousEntube. Le voilà devenu – ou plutôt son personnage Kick Ass – une star médiatique. Sa prestation donne des idées à un ex-policier – Nicolas Cage – qui cherche à venger la mort de sa femme et son envoi injuste en prison. Pour cela, il entraîne sa petite fille de 12 ans – Chloë Moretz – à l’usage des armes. En voulant rendre service à sa copine, Kick Ass croise ces deux nouveaux super héros, Big Daddy et Hit Girl qui se révèlent bien plus efficaces que lui. Un peu dégoûté de son amateurisme, il décide d’arrêter les frais et réussit à séduire sa copine en lui révélant qu’il est Kick Ass.
Mais il a attiré l’attention du grand méchant chef de la Mafia locale, Mark Strong, qui accepte l’idée que son fiston se transforme lui-même en super héros pour attirer Kick Ass dans un piège. Il découvre alors que ce sont Big Daddy et Hit Girl ses vrais ennemis.
Bon, vous l’avez compris, il n’y a pas un seul super héros dans le film. En fait, j’aurai tendance à voir Kick Ass comme un film de super héros ”spaghetti” dans le sens où il rend hommage aux comics tout en tentant une vision plus réaliste, moins mythologique. Le personnage de Aaron Taylor-Johnson se bat en fait très peu et se sont des combats plutôt pourris (il gigote deux bouts de métal) et renverse le postulat Superman/Spiderman : c’est en faisant son coming-out qu’il séduit la fille qu’il aime et cette dernière le fait jurer de ne plus aller se battre. Les ”vrais” super héros sont bien plus ambigus : Big-Daddy et Hit Girl sont des machines à tuer à l’entraînement constant et qui ne vivent que pour la vengeance. Le personnage de Hit Girl est particulièrement fascinant à l’écran et a fait scandale à la sortie du film puisque c’est une petite fille – pas une ado sexy – qui se bat comme une ninja, jure et découpe en tranche ses ennemis. Ça pourrait être scandaleux si Matthew Vaughn ne filmait pas ça de manière un peu gore. C’est le sang et la violence non suggérée qui justifient que les personnages aient envie de passer à autre chose à la fin du film. C’est d’ailleurs le message assez paradoxal : les super héros ça fait des super scènes d’action mais il faut être un peu malade dans sa tête pour l’assumer.
Un dernier mot sur la mise en scène, très maligne, et qui cite plus le cinéma que le comics avec des références à Tarantino, le western spaghetti et même Nikita. Finalement, j’ai trouvé le film plus intéressant que tous les blockbusters qui interrogent soi disant la mythologie des personnages avec des super héros substitut agités des héros antiques. Il a le mérite de poser la question de la nature du super héros de manière frontale et pas subliminale – les critiques cinématographiques ”sérieuses” qui parlent super héros me font toujours rire en allant chercher Ford, Hitchcock ou Lang et en oubliant soigneusement d’aborder le problème qu’on leur fourre sous le nez : pourquoi et comment ces gens sont-ils aussi musclés et quel plaisir éprouvent-ils à s’habiller de manière ridicule – la cape, c’est trop cool. Pour moi, un film bien supérieur à tous les trucs qui sortent sur les écrans et je regrette qu’il n’ai pas ringardisé ces derniers – mais ainsi fonctionne l’industrie du spectacle : il n’y a plus de ”Nouvelle Vague”.
Oups, j’oubliais de parler du comics. Le dessin de John Romita Jr. ne m’attire pas particulièrement et le peu que j’ai vu ne m’a pas convaincu. C’est une chose de dessiner de manière comics un peu crade une petite fille pleine de sang et une autre de voir une vraie petite fille cabrioler dans tous les sens. Ce qui sur papier ressemble vaguement à un fantasme érotique un peu malsain prend subitement vie – la fille bouge comme une fille pas comme un personnage papier – et rend grotesque toute cette violence.
Très bon souvenir que ce Kick Ass que j’avais vu au cinéma. C’est drôle, délirant et surtout bien plus malin que ce qu’on pense.
En revanche, je ne sais trop quoi penser du deuxième film qui sort fin août au cinéma… J’ai peur d’une redite un peu lourde, mais le propos à peut être changé en même temps que Hit Girl a grandi…
@Lorhkan :
Hum… Le propos ”a” peut-être changé bien sûr…
@Lorhkan : il est possible de corriger rapidement ses commentaires en cliquant sur ”modifier”. J’attends de lire les critiques pour me faire une idée du second opus. De toute manière, ça ne peut être que différent vu la philosophie du 1.
Merci pour l’info, je vais de ce pas réserver ce drôle de film ainsi que ma combinaison de supergrospatapoufman.
@Grospatapouf : tu mettras une photo ?
J’aurais bien fait critixman mais c’est déjà pris par un autre gros.
Peut-être superACBDman ?
@Grospatapouf : en Superschtroumpf – bon Dieu, il faut que j’aille déposer le brevet !
On pourrait croire à une histoire de Daniel Clowes. Je pense à un récit complet dans Caricature qui règle son compte au super-héroïsme de belle façon … Et puis il y a le Rayon de la mort bien sûr …
@Pierre : malheureusement, je n’ai jamais accroché au travail de Clowes. Trop boring comme ils disent sur Bayday.
@Li-An :
1 : ne pas trop écouter bayday qui crache dans la soupe dont elle se nourrit (beurk)
2 : laisser sa chance à Clowes en tentant, par exemple Ice Haven qui est vraiment très bien.
@Pierre : ah si, il faut se moquer de la BD qui se prend pour de l’industrie, y’a pas.
Et j’ai vraiment beaucoup de mal avec Clowes que j’ai tenté plusieurs fois. Déjà, je n’accroche pas super au dessin. C’est toute une école US qui ne me fait rien.
Dans le même genre, mais encore plus désabusé et dérangeant, il y a ”Super”… en fait cette grande mode du film de super héros a déjà son versant indépendant et critique, et c’est salutaire entre deux blockbusters.
@Guy : ah oui, tiens, j’ai vu passer Super de loin. Le seul point positif de cette mode c’est qu’il finira bien par y avoir un contre coup – enfin si on croit à une évolution positive de l’Humanité.