Valérian et la Cité des mille planètes, un film de Luc Besson
On ne peut pas dire que je me sois précipité dans les salles obscures malgré des avis plutôt positifs. J’ai patiemment attendu que ça arrive dans mon téléviseur et j’ai plutôt bien fait.
Valérian, agent intergalactique terrien, est une grande gueule un peu macho qui est sûr que Laureline, blonde et super efficace, est raide dingue de lui et va accepter sa demande en mariage. En attendant, il est visité par les souvenirs d’une princesse bleue et doit escorter sur la Cité des milles planètes (un rassemblement de toutes les races ET qui forme un monde étonnant de diversité) un général pète sec qui cache d’inavouables secrets.
Si vous avez lu l’album BD L’ambassadeur des ombres de Christin et Mézières, vous avez reconnu une partie de la trame originelle. C’est pour moi le Valérian (et Laureline) qui fait réellement décoller la série et c’était un choix plutôt judicieux de la part de Luc Besson qui, fort du succès de Lucy et Le Cinquième Élément, pensait lancer la nouvelle licence SF à succès. Et puis pschiiit.
Pourtant, il y avait les moyens. Le film multiplie les univers visuels (une des forces de l’album) et on ne peut que saluer le travail des designers et autres responsables visuels. Ça part dans tous les sens et on s’émerveille devant tant de créativité. Malheureusement, cette débauche d’énergie se heurte à un scénario qui oublie tout le charme de la BD.
Valérian au lycée
Le premier choc, c’est le choix des acteurs pour interpréter le couple de héros. Dane DeHaan (Valérian) a une tête de lycéen et fait un couple mal assorti avec Cara Delevingne (Laureline) qui s’en tire mieux en vierge guerrière (mais les actrices sont toujours bien servies par Besson). Leurs rapports sont très agaçants puisque tête de bébé est un macho persuadé de son charme et qui attend que Laureline lui tombe dans les bras. C’est d’autant plus énervant que le charme de la BD venait du fait que les rôles étaient inversés par rapport aux histoires traditionnelles : Laureline était le preux chevalier à la rescousse de son bien aimé. Dans le film, Besson accorde autant de scènes d’action à Valérian qu’à Laureline, ce qui dénature complètement la structure du récit.
De la même manière, il squizze complètement l’aspect politique (et ironique) de l’album pour nous pondre un super méchant militaire face à une tribu super écolo. Et tous les gags autour du transmuteur grognon de Bluxte, de chef du protocole geignard et des Shinghouz passent à l’as – pourtant un des points forts de la BD. À la place, on a droit à des scènes inutiles et étirées avec Chabat et surtout Rihanna qui subit la malédiction cinéma de Madonna. Au final, si je me suis bien amusé au début du film, la fin a tourné à la corvée. Comme on dit dans notre jargon professionnel : « Une bonne BD, c’est d’abord un bon scénario ». Finalement, le seul vrai truc vraiment réussi, c’est l’armure sexy de Laureline qui retranscrit bien le charme de l’originale.
Hanna, un conte/thriller de Joe Wright
Quand j’ai vu le résumé de Hanna dans Télémérou, je me suis demandé ce qu’il leur prenait de mettre un de leurs précieux T à ce qui ressemblait à un sous-Nikita de seconde zone.
Hanna vit dans la forêt avec son père. Elle tue le bison à mains nues, parle trente six langues, maîtrise les armes à feu mais voudrait découvrir le monde extérieur qu’elle ne connait qu’à travers des encyclopédies. On ne retient pas une ado qui veut sortir du bois et son papa se résout à déclencher le signal qui va les jeter sur les routes d’Europe. Avec des services secrets au cul.
Voilà un film qui partage : certains crient à la divine surprise quand d’autres pleurent un navet déplorable. Je me rangerai carrément dans la première catégorie. Hanna est un film d’action tourné pour le plaisir et qui lorgne tout autant vers le Nikita de Besson que le cinéma de genre avec moultes clins d’œil au giallo italien, au cinéma d’action asiatique et Sergeo Leone. Sans compter une structure de conte inversé surprenant (la petite fille quitte la forêt pour découvrir un monde peuplé d’ogres et de sorcières). Joe Wright s’était illustré dans un cinéma assez classique et il a voulu visiblement se lâcher en privilégiant des ambiances fantastiques et des personnages hors normes. Autant dire que l’on s’amuse comme des fous en compagnie de deux excellentes actrices : Saoirse Ronan en intrépide et innocente Hanna et Cate Blanchett inattendue en reine mère frigide et sadique.
La bande annonce en montre trop.
À remarquer qu’Amazon Prime diffuse une série adaptée du film (on doit être à la troisième saison) qui se révèle assez décevante. Pour ce que j’en ai vu, le début de l’histoire est la même mais la forme se veut plus « réaliste » et insiste sur le côté ado qui découvre le monde.
The Best Offer, un film cinématographique de Giuseppe Tornatore
De Giuseppe Tornatore, je ne connaissais que Cinema Paradiso et cette histoire d’amour éperdu qui lorgne vers Hitchcock est une excellente surprise.
Virgil Oldman (Geoffrey Rush porte le film magnifiquement) est un commissaire priseur incontournable et rusé qui collectionne en secret des portraits de jeunes femmes peints par les plus grands artistes (l’amateur pourra s’amuser à les reconnaître). C’est un personnage célibataire corseté et angoissé par les gens au point de porter des gants en permanence. Il reçoit un jour un coup de téléphone d’une femme qui veut absolument qu’il dirige la vente du mobilier de la maison de ses parents. Rien de bien intéressant pour Oldman si ce n’est de mystérieuses pièces d’horlogerie abandonnées. Et l’impossibilité de rencontrer sa cliente en personne.
Le grand plaisir que l’on prend à regarder ce film c’est que c’est du cinéma ”à l’ancienne” : on y parle de sentiments violents dans un habillage sophistiqué, Tornatore joue avec ses personnages et le spectateur et l’ombre du De Palma des années 1970 n’est pas loin. C’est hyper agréable d’être confronté à un film qui ne cause pas du monde actuel mais qui s’intéresse à ce qui fait l’essence du cinéma, cette construction complexe fascinante qui soulève des émotions inattendues.
Je retiens The Best Offer. Même si cette l’histoire entre un commissaire priseur et une cliente n’est pas commune. Pourquoi pas ?
On est dans le thriller amoureux de haute volée. Ça ne ressemble à rien de commun (comme les films de Hitchcock).
Mêmes impressions, exactement, sur Valérian et sur Hanna, que j’ai vus… que vais-je en conclure sur The Best Offer que je n’ai pas encore vu ? Que je vais le voir dare-dare !
C’est un peu inquiétant de penser la même chose que moi. Je veux être unique !
Besson et son Valerian ont effectivement déçu le souvenir que j’avais gardé de la Cité des eaux mouvantes et l’empire des mille planètes lus dans les années 75. Je m’étais imprudemment précipité à la première et bien que bluffé par les effets, l’histoire était trop convenue et surtout le Valérian insipide avec sa tête de vieux lycéen. Heureusement Laureline s’en sort à peu près, mais le tout n’est vraiment pas à la hauteur de la BD.
Ayant vu la série Hanna sur amazon, j’ignorais qu’il y avait un film à la base, je vais essayer de le trouver car la série est beaucoup trop diluée et je l’avais abandonnée… ( ou en avance rapide, c’est ça qui est bien sur ces chaines!)
Si vous accrochez au parti pris du film, c’est bien bien mieux – et du coup, rien à voir avec la série, à part le scénario.
‘Pas pu aller au bout de Valérian, une adaptation faite en dépit du bon sens qui sabre tout l’intérêt de la BD, et qui arrive à être 10 fois moins moderne que l’original qui a 50 ans d’âge (Valérian passe pour un vieil harceleur obsédé par le mariage, incompréhensible). ça donne pas envie de voir ce que Besson a pu faire avec Adèle Blanc-Sec (si jamais on en avait envie).
C’est ni meilleur ni pire le Adèle (je l’ai vu mais pas chroniqué ici). Il réussit à retrouver les gueules de Tardi – et même des cadrages – mais son histoire part un peu en fantastique gentillet eton retrouve un peu le même thème que dans Valérian (un peuple à part qui a de grands pouvoirs). Il raconte toujours un peu la même histoire au final.