Parlement est une série française d’abord et avant tout diffusée sur France.tv. Ce qui fait que je ne l’ai pas visionnée à sa sortie pour une simple et bonne raison : si je dois jeter un coup d’œil sur tout ce qui est dispo en ligne (oui, je pense à toi Arte.tv), il me faudrait plusieurs vies. Coup de bol, France 5 en a passé les premiers épisodes et j’ai pu me faire une idée. En résumé, c’est excellent.
Les députés nationalistes n’en font pas une et se contentent d’empocher l’argent
Créée par Noé Debré, Parlement va à rebours de la pensée dominante française qui veut que l’Europe politique est tellement ennuyeuse qu’il vaut mieux faire comme si elle n’existait pas ou qu’elle ne peut servir que comme défouloir. J’ai entendu quelque part qu’un grand quotidien allemand avait plus d’une dizaine de journalistes qui couvraient le Parlement Européen là où BFM TV n’avait… aucun correspondant permanent.
Petit à petit, la fiction française s’empare de la vie politique (les enjeux dramatiques provenant malheureusement de la perte de champ du possible et du sentiment de fragilité qu’elle suggère actuellement), mais, en s’attaquant directement au fonctionnement politique de l’UE, Noël Debré fait fort. En jetant un coup d’œil sur son parcours, j’ai découvert qu’il a aussi bien travaillé avec Jacques Audiard que Blanche Gardin (Problemos et La Meilleure Version de moi-même). Parlement penche franchement du côté humoristique mais sans chercher la satire ou le dégommage, ce qui tient quand même du miracle.
Aileron de requin
Samy (Xavier Lacaille excellent en premier de la classe un peu dépassé par les évènements) débarque en tant qu’attaché parlementaire sans expérience aucune, attaché à Michel (Philippe Duquesne complètement ahuri et qui évite de savoir comment ça fonctionne parce que ça fait trois ans qu’il est là et que c’est trop tard pour demander sans passer pour un idiot). Il va se retrouver rapidement baladé dans le délicat dossier de la pêche des requins, aidé à contre-cœur par une assistance britannique – d’une députée Brexit – qui cherche à rebondir (Liz Kingsman) et bousculé par un assistant allemand perturbateur (Lucas Englander).
C’est la volonté d’éviter une vision franco-française qui séduit en premier lieu et qui n’est pas sans rappeler L’auberge espagnole (citée d’ailleurs). L’humour permanent quelque fois assez délirant est le moteur d’une comédie qui explique avec le sourire la difficulté à faire de la politique parlementaire, c’est à dire dans la discussion, la recherche de compromis et la démocratie. Une vision très éloignée des prétentions des grandes gueules politiques françaises, tous bords confondus.
La saison 2 vient de sortir, toujours sur France.tv https://www.france.tv/slash/parlement/
Oui mais si on n’a pas envie de rigoler avec l’U.E ?
si on préfère pleurer sur la mort de la gauche parlementaire, et hurler à la lune avec les Disappointed Melenchonists ? hein ?
« Le rire est la politesse du désespoir » (Carlos). On rigole aussi de l’UE dans la série.