Il est difficile pour moi de sortir au ciné en ce moment et je n’ai même pas beaucoup de temps pour la télé. Et ne parlons pas de ce blog – il n’y a pas des mauvaises herbes là-bas, dans le coin ? Du coup, voilà un récapitulatif des trucs vu cette dernière année qui m’ont marqué. Vous les rattraperez quand ça repassera.
Comptine mortelle – une minisérie britannique d’Anthony Horowitz
On va commencer par de la légèreté et quelque chose toujours visible en replay sur France TV. Comptine mortelle est l’adaptation par Anthony Horowitz de son propre roman. J’ai été intrigué par le résumé puisque c’est un whodunit (kilatué en kréol), un genre ultra balisé mais toujours très vivant auprès d’un public très populaire. Le succès d’À couteaux tirés a relancé l’intérêt pour ces histoires de meurtre à trois bandes avec un détective trop malin. À couteaux réussissait à renouveler la recette et ce Comptine mortelle a son originalité.
Alan Conway, célèbre créateur du fameux détective Atticus Pünd, vient de terminer le dernier tome des aventures de son personnage, ce qui fait bien l’affaire de son éditeur qui est en train de vendre sa boîte à un consortium et qui pousse sa chère éditrice Susan Ryeland (impeccable Lesley Manville) à prendre le relais. Sauf que l’opération est mise en danger par la mort de Conway qui semble avoir oublié de livrer le dernier chapitre du roman. Et un whodunit sans dernier chapitre, ça ne vaut rien. Susan Ryeland part à la recherche du morceau manquant, inspirée par Atticus Pünd en personne. La série passe en effet d’un univers (le roman) à l’autre (l’écrivain mort), multipliant les effets de miroir puisque cet enfoiré de Conway prenait un malin plaisir à mettre en scène son entourage pour le ridiculiser. Je me demande comment ça fonctionne dans le roman parce que c’est très visuel de retrouver les mêmes acteurs dans deux rôles différents.
Un coup de chapeau aux producteurs de télé britanniques qui font beaucoup d’efforts pour diversifier leurs castings et n’hésitent pas à placer des acteurs de différentes origines ethniques dans des rôles de pure composition. Si c’est « incohérent » d’un point de vue historique (le roman se passe dans les années 1950), ça fonctionne très bien narrativement et je me demande quand est-ce que la France s’y mettra. Je rêve d’une Jeanne d’Arc d’origine africaine.
Leto, un film très rock de Kirill Serebrennikov
Inspirée d’une histoire vraie du rock soviétique des années 1980 telle que la raconte Natalia Naoumenko, petite amie et mère de l’enfant de Mike Naumenko, leader du groupe pionnier Zoopark. Leur bande croise la route du magnétique Viktor Tsoï et une histoire d’amour à trois sur fond de bande son rock s’ébauche.
Dans un très beau noir et blanc traversé d’éclats d’énergie pure , Kirill Serebrennikov réussit un film qui évoque comme rarement l’esprit du genre, entre pose de fan et création inspirée et révolutionnaire. Ce désir de musique et de liberté dans une Union Soviétique qui craque quelque peu souligne avec évidence remarquable ce que signifie le rock (signifiait ?) pour tous les adolescents du monde. Les acteurs sont excellents, la bande son est excellente (en plus des titres des groupes décrits, Serebrennikov place des classiques du rock littéralement clippés) et l’été n’est pas éternel. À remarquer que le vrai Viktor Tsoï a encore plus de charisme que l’acteur qui l’interprète et qu’il aura une vraie fin de légende.
Le lac des oies sauvages de Diao Yinan
Zhou Zenong,truand de son état, s’embrouille avec une bande rivale et tue par erreur un policier. Il est pourchassé par toutes les forces de l’ordre et la bande rivale. Son chef lui envoie une prostituée pour l’aider dans sa fuite.
Diao Yinan signe un film noir étonnamment classique dans un univers complètement dépaysant en reprenant des tas de codes du polar US des années 1940/50 – le héros poursuivi, la femme ambigüe et seul espoir, le travail de la police décrit de manière réaliste… L’histoire se déroule dans une Chine périphérique crasseuse, peuplée de petites frappes et de losers et c’est remarquablement filmé. Le mélange entre récit ultra-balisé et univers complètement inédit au cinéma en font un classique instantané.
Mona Lisa de Neil Jordan
Dans les années 1980, il y a eu un vague de réalisateurs britanniques qui ont incarné une certaine modernité avec un sens de l’image certain. Neil Jordan était incontournable mais j’avais loupé ce Mona Lisa assez culte.
George (Bob Hoskins) sort de prison et cherche à se faire une petite place dans un monde qui a continué sans lui. Mortwell (Michael Caine), un caïd en quête de respectabilité, l’engage comme chauffeur d’une jeune call-girl, Simore (Cathy Tyson ). George s’attache maladroitement à Simone qui le charge d’une mission.
Un excellent film noir qui fait visiter les bas-fonds du Londres des années 1980 avec un Bob Hoskins qui est une vraie révélation pour moi, en petit truand dépassé par les sentiments. Caine est remarquable en caïd froid et vicieux et la petite Tyson frappe fort pour sa première apparation à l’écran en faisant oublier son physique de gamine (Jordan évacue totalement le voyeurisme) et la fatigue d’une vie volée ne semble pas la quitter une seconde.
La favorite de Yórgos Lánthimos
Angleterre, XVème, la reine Anne (Olivia Colman) gouverne difficilement, rongée par la goutte et des angoisses profondes. Elle peut compter sur sa favorite, Lady Sarah Churchill (Rachel Weisz) pour diriger la politique du royaume d’une main de fer dans un gant de velours. Arrive à la cour une lointaine cousine de Lady Sarah (Emma Stone) qui va commencer au bas de l’échelle avant de se retrouver en compétition avec lady Sarah.
J’avais beaucoup entendu parler du film The Lobster de Yórgos Lánthimos sans l’avoir encore vu et j’ai eu un peu peur en attaquant cette Favorite. Divine surprise. Le trio de magnifiques actrices s’affrontent dans une danse de pouvoir, de sexe et de rivalité tout à fait hors norme dans le cinéma d’aujourd’hui. Lánthimos utilise magnifiquement le décor, invente des scènes de décadence qui rappellent Fellini. On dirait du grand cinéma européen des années 60/70. Il faut que je visionne The Lobster.
À bientôt pour une prochaine émission du Mac et la thune.
Hello,
j’en ai vu qu’un mais je confirme : très bon choix. Le lac aux oies sauvage est un must pour se plonger dans un film retro-moderne dépaysant.
Plus qu’à voir les autres alors :-)