Les vacances arrivent et vous n’avez pas réussi à bouffer l’intégralité du catalogue Amazon Prime ? Il vous reste un peu de place pour cet été. Voilà une première fournée de ce que j’ai visionné pour vous (ou pas).
Crisis in Six Scenes de Woody Allen
Sortie en 2016, Crisis in Six Scenes est la seule série télé « moderne » réalisée par Woody Allen, en six épisodes comme le titre l’indique. Ce qui aurait dû être un évènement télévisuel attendu a fait pschiit pour diverses raisons. Allen a toujours revendiqué son attachement du cinéma en salle et ne fait aucun effort pour les versions DVD et autres supports de ses films. Assez logiquement, il ne donne pas l’impression de s’être dépassé et son histoire ne reprend que mollement les codes des séries. Le spectateur peut avoir l’impression de regarder un film saucissonné. Miley Cyrus qui a le rôle important d’une passionaria de la lutte armée dans les États-Unis des années 1960 ne se révèle pas une très grande actrice. Plus embêtant, Allen (qui interprète un écrivain touche à tout qui essaie de vendre une série idiote à un producteur) n’est plus tout à fait dans le rythme. Encore plus perturbant, Elaine May (sa femme dans le film) semble avoir été frappée par un AVC avant le tournage tellement elle a du mal à bouger et parler. Et pourtant…
Lennie Dale, une militante de gauche accusée d’avoir tiré sur un policier s’évade de prison et va se réfugier dans la maison de Sidney Mutzinger (Allen). Elle connait depuis son enfance Kay, la femme de Mutzinger. Ce dernier veut la dénoncer à la police mais Kay s’y oppose. Dale va peu à peu faire passer ses idées révolutionnaire auprès de Kay (et de son club de lecture) et de l’étudiant hébergé par les Mutzinger qui tombe amoureux alors qu’il est fiancé par ailleurs.
Une fois digéré les défauts, Crisis in Six Scenes a de quoi réjouir le spectateur (l’amateur de Allen ?) avec beaucoup de petits gags inattendus (Sidney et Lennie ont au moins une chose en commun : ils aiment la même chose en nourriture) et, à une époque de jeunesse qui rêve d’une révolution écolo/végane/anti raciste/LGBT++++/anti capitaliste, les questions soulevées et l’ironie de Allen qui refuse de prendre partie sont quelque peu perturbantes. Si il déplore la violence de la Révolution (et les discours stéréotypés des militants), il souligne aussi que cette dernière permet littéralement de se révéler et de rêver dans un monde imparfait. Enfin, la scène finale qui voit une multitude de personnages débarquer dans la maison de Mutzinger est tout à fait réjouissante.
https://youtu.be/6KOsQMfEMXM
Tales from the Loop de Nathaniel Halpern
Tales from the Loop a de beaux atouts. Inspirée visuellement par le travail de Simon Stålenhag qui représente des objets SF en attente dans de majestueux paysages (et qui ne m’ont jamais tout à fait convaincu, un peu lisses pour moi). On y suit des préados et ados d’une petite ville construite autour d’un centre scientifique enterré qui cache un objet étrange aux pouvoirs mystérieux. L’occasion de raconter à chaque épisode une nouvelle histoire un peu cruelle et très douce à la fois tendance SF rétro.
Il parait en effet que l’univers de Tales from the Loop est situé dans les années 1980 mais j’ai trouvé que les scénarios lorgnaient plutôt vers les années SF 1950 tendance Bradbury ou Sturgeon, à l’époque où les nouvelles se penchaient sur la psyché humaine confrontée à des événements et des univers hors normes. Malheureusement, ce côté rétro m’a vite agacé. J’avais moi-même l’impression d’être bloqué dans une bulle où on n’allait pas m’expliquer le pourquoi du comment de tous ces événements. C’est très bien fait, c’est joli, bien raconté mais un peu trop poli pour moi. Je n’ai pas dépassé l’épisode 3.
Upload de Greg Daniels
Nathan Brown est un beau gosse assez nombriliste qui développe un logiciel qui va permettre de démocratiser le Paradis. Il faut dire que dans le futur proche où se déroule Upload les gens peuvent éviter la mort cérébrale en se faisant uploader dans un Cloud, paradis virtuel où leur esprit vivra à jamais…s’ils ont les moyens de payer l’abonnement.
Mais il a un accident impossible dans une voiture autopilotée avant de pouvoir concrétiser son projet. Sa petite amie Ingrid (Allegra Edwards) qu’il fréquente surtout pour sa plastique parfaite (elle passe son temps à faire tout refaire, une espèce de Paris Hilton qui propose à une journaliste de Vogue de visionner sa sextape pour éviter des questions gênantes) le convainc de préférer l’Upload à une opération risquée et, pour se débarrasser d’elle, il cède. Le voilà donc au Paradis qui reproduit un hôtel grand luxe du Nord des États-Unis. Enfin, Paradis est un grand mot. Car la nouvelle vie de Nathan dépend entièrement de l’argent que veut bien lui allouer Ingrid. L’horreur de la situation est compensée par la rencontre avec son Ange Nora (Andy Allo) chargée de s’occuper de lui. Une relation impossible se développe entre les deux alors qu’ils tentent d’en savoir plus sur l’accident subi par Nathan.
Lorsque l’on regarde les commentaires pour la bande annonce de la série, on découvre que les spectateurs y ont jeté un coup d’œil par curiosité et se sont empiffré aussi sec la première saison. Il faut dire qu’elle est séduisante sous des dehors légers en traitant de manière très drôles les problèmes liés aux nouvelles technologies actuelles, ce qui en fait le croisement improbable de Black Mirror et Ghost (le type mort qui enquête). Les amateurs de série citent aussi The Good Place que je ne connais pas. Vous découvrirez comment faire l’amour avec votre compagnon décédé/uploadé, que le Paradis est truffé de pubs insupportables, que la mise à jour vous fera profiter du goût acide ou amer, qu’un avatar piraté peut vous faire changer de sexe ou que les chiens psy peuvent parler. Le Paradis virtuel permet de nombreux gags complètement surréalistes que n’auraient pas reniés les Monthy Python. Une très jolie surprise même si le plaisir de l’histoire l’emporte quelque fois sur la vraisemblance (Ctrl+Z en cinq touches, ça fait beaucoup).
Il paraît que la bande annonce est naze mais je la mets quand même.
L’amie prodigieuse de Francesco Piccolo et Laura Paolucci
Puisque ça passe en ce moment sur France Télé, ne ratez pas L’amie prodigieuse tiré du roman de Elena Ferrante. À force d’entendre parler du bouquin, j’étais devenu curieux mais le résumé (l’amitié entre deux femmes à partir de l’enfance dans le Naples de l’après guerre) me faisait un peu peur. Je crois que je vais tenter la chose parce que la série est superbe. Dans un quartier pauvre construit un peu comme un décor de théâtre, on découvre une petite communauté soumise à l’autorité de familles plus ou moins mafieuses, tentant de survivre avec difficulté et où avoir une fille douée pour les études est vécu comme une malédiction (qui va payer pour les livres ?). La série a choisi d’éviter toute joliesse et on a un sacré défilé de trognes qui rappelle le grand cinéma italien de l’après guerre. Les personnages principaux sont touchants dans leur combat désespéré d’échapper à un destin misérable sans avoir les clefs de leur émancipation dans un univers particulièrement machiste (et les actrices même gamines sont excellentes). C’est magnifiquement filmé avec des choix très forts dans les scènes extérieures qui montrent un quartier où tout le monde bouge et vit sans que cela fasse cliché (il y a tout un travail sur ce qui se passe hors champ qui n’est pas sans rappeler… Moebius).
Pour une fois une adaptation télévisuelle réussie ce qui est très rare, ne pas rater L’amie prodigieuse ou alors lire les romans ;)
Tales from the Loop, il faut se laisser embarquer dans l’histoire dans sa lenteur et ses non-dits, une SF différente loin des clichés habituels avec des réminiscences de la Quatrième dimension, passé le n°3 il y a d’autres pépites ;)
Merci pour le retour, Doc. J’ai bien peur que le mystère de The Loop ne m’agace trop. C’est différent de ce que l’on voit habituellement (quoique la SF commence à être bien variée ces derniers temps) mais un peu trop proche de choses que j’ai connues. Il manque une pointe de piment.
Au fait, as-tu vu la sortie prochaine d’une adaptation prochaine des Princes Démons chez Glénat ?
Tales From the Loop, je t’aurais bien conseillé de pousser au moins jusqu’à l’épisode 4 parce que c’est mon préféré, mais si tu cherches à ce que la série te raconte ”le pourquoi du comment”, effectivement tu seras déçu, ce n’est pas du tout l’objectif… En fait il n’y a pas vraiment de mystère quant aux éléments fantastiques, ils arrivent de façon magique, le ”loop” servant de prétexte pour faire advenir un peu tout et n’importe quoi… Je trouvais justement ça assez malin d’avoir des éléments SF-fantastique sans les inclure dans un mystère, en en faisant seulement des éléments déclencheurs pour partir ailleurs ou embrayer sur des métaphores.
D’ailleurs l’épisode 4 est sans doute celui où l’élément fantastique est le moins présent, plutôt là comme une virgule poétique qu’autre chose.
Il y a trop de trucs à regarder (en plus les cinémas ont réouverts) pour que j’ai le courage de continuer. Peut-être à l’occasion.
Diable ! A part l’adaptation du roman d’Elena Ferrante qui se laisse effectivement regarder (mais, c’est pas trop ma came), je n’ai rien vu. Tales from the Loop me tente bien, on verra si je peux binge watcher comme un porc par des moyens détournés.
Auparavant, faut que je dénoue les noeuds à mes neurones provoqués par la troisième saison de Dark. Ouch ! C’était bien, mais rude.
C’est quoi Dark ?
C’est une série de science fiction allemande en trois saisons diffusée sur Netflix. Le scénario joue avec les ressorts du voyage temporel et des mondes parallèles. On s’attache à la généalogie de plusieurs familles et aux actions menées par les uns les autres pour briser une boucle temporelle funeste.
Voir bande annonce de la saison 1 ici : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19575172&cserie=20328.html
ps : je conseille de visionner la série en allemand (sous-titré en français, bien sûr^^)
Vivement que ça passe sur Arte, ah ah. Je regarde toujours en VOST (et comme j’ai vécu une partie de mon enfance en Allemagne, l’allemand ne me gêne pas). Je note en tous les cas.