
Fallout, c’est un jeu vidéo auquel j’ai un peu joué dans les années 1990 – les deux premières itérations en isométrique. Dans un univers post-apocalyptique, vous incarnez (c’est un jeu de rôle) un habitant sorti d’un Abri (une structure qui a résisté aux différentes attaques atomiques et leurs conséquences) confronté à un monde sans foi ni loi rempli de créatures mutantes, de confréries faschoïdes, d’implants et d’injections bizarres.
Inspiré par Mad Max et le western spaghetti, son ton adulte à l’humour grinçant à quelque peu révolutionné le jeu de rôle vidéo. Personnellement, je n’ai jamais été très loin parce que j’en avais marre de découvrir que pour ouvrir le coffre, il fallait récupérer la clef cachée dans la troisième placard d’une maison visitée il y a trois heures de jeu. On passait son temps à fouiller des tiroirs de peur de louper un truc important et ce n’est pas trop ma conception de l’aventure. Sans compter les résultats de dés pourris qui faisaient ragequit lors des combats.
Autant dire que l’annonce de la série Fallout sur Prime Video m’a laissé un peu de marbre. Quel intérêt de visionner des gens en train d’ouvrir des tiroirs ?
Les avis étaient partagés, les connaisseurs de toute la série faisaient une moue blasée, et j’ai attaqué les épisodes en mode relax. Et je me suis bien amusé.
Dans l’Abri, personne ne vous entendra crier
Lucy est une joyeuse habitante de l’Abri 33. Enfin jusqu’à ce qu’une bande de brigands venus de l’extérieur s’invitent dans son petit nid douillet et enlèvent son père. Lucy n’a peur de rien et la voilà partie dans la nature irradiée. Elle va rapidement croiser le chemin d’un scientifique en fuite accompagné d’un chien super intelligent, puis un membre de la Confrérie de l’Acier (des MAGA en armure). Et une goule (un humain rendu quasiment immortel, tant qu’il peut s’injecter du Radx, sinon adieu l’humanité) particulièrement redoutable.
Le charme de la série, c’est d’avoir réussi à faire revivre tout un univers déjanté sans se prendre au sérieux et les scènes d’action un peu gore fonctionnent bien. L’histoire est assez accrocheuse : Lucy va découvrir que les Abris ne sont pas les derniers vestiges de la Civilisation (états-unienne) qui se préparent à recoloniser la Terre pour sauver l’Humanité, mais un héritage peu reluisant d’une caste de privilégiés.
Franchement, ça se regarde avec plaisir, le décalage entre la vision un peu angélique de l’héroïne et la violence de l’univers qu’elle découvre fonctionne parfaitement. Les petits détails qui m’ont chiffonné sont minimes : Ella Purnell a des yeux tellement grands qu’on dirait que c’est elle qui a posé pour la pochette du fameux disque de Eels, Beautiful Freak. Et j’ai trouvé que, pour une jeune femme qui a passé toute sa vie dans un abri, elle s’adaptait facilement aux sensations de la vie extérieure. Leg geeks n’ont pas toujours raison et une seconde saison est en phase de finalisation.
Coupez ! (Michel Hazanavicius)

Typiquement le film qui vous fait vous exclamer « Tu ne l’as pas vu ? C’est trop génial ! ». Hazanavicius est un metteur en scène français hors norme. Embarqué dans l’aventure des Nuls, il a créé une des licences les plus marquantes du cinéma français de ces dernières années (OSS 117), mais ne s’est jamais reposé sur ses lauriers en abordant des thématiques très diverses – le dernier que j’ai bien aimé étant son film sur Godard (où l’on a pu découvrir qu’il n’y avait finalement pas grande différence entre un fan du metteur en scène suisse et un fan des comics Marvel).
Avec Coupez !, il réalise un petit long métrage inattendu. Le film est séparé en deux parties : la première est un film de zombies tourné en un long plan séquence. Un film un peu mal fichu où les acteurs ont, étrangement, des noms japonais. La seconde partie raconte la genèse du film et l’envers du tournage. Et, brusquement, toutes les anomalies de la première partie film prennent sens. C’est un film drôle, inattendu et un hommage réjouissant au cinéma, quelque soit son genre et son ambition.
Je ne vous mets pas la bande-annonce qui en montre trop. Le plaisir du film, c’est la surprise.
Le chien de Baskerville (Terence Fisher)

Un classique de la Hammer (fameuse maison de production britannique spécialisée dans le fantastique) qui reprend assez fidèlement l’enquête originale de Sherlock Holmes. Le casting est pas mal du tout, Peter Cushing fait un Sherlock tout en énergie sympa à voir et la scène d’introduction est violente à souhait.
Comme je dessine des trucs de l’époque, j’ai beaucoup regardé les décors. L’appartement de Sherlock a visiblement inspiré de nombreux illustrateurs (je pense à Robert Fawcett), la lande est magnifique, mais le carton pâte de la Hammer se fait sentir à de nombreux endroits, notamment le château des Baskerville dont la partie extérieure qui est juste un tas de ciment qui ne ressemble à rien. L’abbaye abandonnée profite de l’ambiance cheap/gothique (avec lumière verte improbable) des films de l’époque. Au final, on passe un bon moment et, comme la série Sherlock n’a pas fait mieux, on peut le recommander surtout pour les curieux amateurs de cinéma un peu rétro et de Sherlock.
La vie privée de Sherlock Holmes (Billy Wilder)

Voilà une adaptation de l’univers de Sherlock dont je n’avais pas gardé un grand souvenir. Les critiques sérieux le portent au pinacle et je me suis dit que je pouvais toujours lui accorder un second visionnage.
affiche signée Robert McGinnis
Sherlock contre la femme nue
Billy Wilder était fan du personnage et a vu grand pour ce film. Quatre enquêtes inédites et une durée conséquente. Les producteurs n’ont pas été de son avis et ont coupé dans le gras. Reste deux histoires distinctes.
Sherlock est invité à rencontrer une célèbre danseuse russe qui veut unir leurs ADN pour enfanter un enfant extraordinaire. Pour se tirer de ce guêpier, il laisse entendre qu’il est en couple avec Watson.
Une femme en détresse se présente chez Holmes. Elle a été jetée dans la Tamise et a perdu la mémoire. Pendant la nuit, elle se présente nue devant Holmes, qui la recouche gentiment. Le lendemain, elle a retrouvé la mémoire et demande à Holmes de retrouver son mari, un ingénieux belge qui a disparu. On va croiser Mycroft Holmes et le monstre du Loch Ness.
Cette nouvelle séance a été plutôt distrayante, mais je n’ai toujours pas compris pourquoi le film est autant apprécié par la critique. J’imagine que les allusions à la sexualité de Holmes sont, à l’époque, assez culottées, mais ça n’a pas le même impact de nos jours. Il est considéré comme le Wilder le plus réussi, visuellement parlant, et on ne peut pas dire que ça m’ait frappé. J’ai trouvé ça gentillet dans l’ensemble et le maquillage de Holmes m’a agacé.
Avanti ! (Billy Wilder)

Sorti en 1972, Avanti ! ne fait pas partie des films les plus connus de Billy Wilder, mais c’est une jolie surprise pour moi. Un homme d’affaire états-unien très sérieux, Wendell Armbruster, Jr. ((Jack Lemmon)) voyage en catastrophe jusqu’en Italie pour récupérer le corps de son père, mort dans un accident de voiture alors qu’il profitait de sa cure thermale annuelle. Sauf qu’il y avait une passagère avec lui. Et que la fille de ladite passagère(interprétée par (Juliet Mills)), une anglaise célibataire, libérée façon swinging London et qui a des kilos à perdre, débarque au même moment pour des raisons symétriques.
affiche Sandy Kossin
Capri, ça commence
Lemon est excellent dans le rôle d’un homme d’affaire US qui n’a pas de temps à perdre et qui doit gérer la lenteur administrative italienne, la rédaction d’un dernier hommage qui lui échappe de plus en plus, sa famille (maman incluse) qui lui met la pression par téléphone et une jeune femme qui n’est vraiment pas son genre et qui semble tout prendre à la légère. Juliet Mills, que je découvre, est délicieuse. Pour le rôle, elle a pris quelques kilos et son personnage de petite vendeuse londonienne qui profite à fond de son escapade bouscule quelque peu les poncifs féminins habituels des comédies romantiques.
Un film qui donne le sourire – et on pardonnera les caricatures des Italiens qui ne font pas dans la subtilité. Les deux Wilder sont visibles en ce moment sur Prime Video.