Je vois des choses à la télé et je me dis que ça serait bien d’en faire un billet et j’ai la flemme. Alors séance de rattrapage.
River
L’élément déclencheur, c’est River, une série britannique policière de six épisodes créée par Abi Morgan et diffusée sur Arte en ce moment même.
L’inspecteur John River (Stellan Skarsgård) est un un enquêteur particulièrement efficace mais peu apprécié par sa hiérarchie et ses collègues. Il faut dire qu’il fait la conversation avec des personnages imaginaires. Et que l’assassinat de sa collègue et seule amie le contraint à courir désespérément après des ombres. À moins que ce ne soit l’occasion d’une rédemption ?
Ce que j’aime bien avec les séries britanniques, c’est que ça ne dure pas longtemps et que la distribution est impeccable. Reste plus qu’à voir le scénario.
J’avoue que je me suis affalé jeudi dans le canapé près à déguerpir : encore une histoire de policier en souffrance personnelle, une approche qui tourne au cliché paresseux et bon pour les bobos en quête de sensations faciles. Mais le cas River m’a ému. Il n’a pas perdu sa femme victime d’un serial killer, il n’a pas tué un gamin innocent, il n’a pas voté Fillon à la Présidentielle, non, il a un problème unique (mais pas super original non plus en fiction) : les morts viennent lui causer.
Sa psy lui demande : « Vous voyez des fantômes ? » et lui « Je les voie plutôt comme des projections. »
Il faut dire ces partenaires particuliers passent leur temps à tenter d’imposer leur point de vue et le pauvre River se bat contre eux, les console, essaie de les comprendre et ne peut pas s’en passer comme sa défunte collègue (Nicola Walker) qui continue à lui prodiguer des conseils de sociabilité malgré son absence.
La recherche du meurtrier de cette dernière est la seule raison de vivre de River que sa hiérarchie voudrait bien pousser vers la sortie. Cette enquête le fragilise encore plus mais l’oblige à s’ouvrir au monde extérieur. River vit dans une solitude effroyable – conséquence directe de son ”don” – et l’histoire tourne autour d’un suspens insoutenable : à qui peut-il parler, à qui peut-il faire confiance, qui peut-il aimer sans être trahi ? Et les découvertes qu’il fait petit à petit sur sa coéquipière bien aimée ne risquent pas de le rassurer sur son rapport aux gens.
C’est super bien écrit. Chaque épisode propose une affaire qui prolonge les réflexions soulevées par l’histoire principale. Le problème de River n’est pas un truc facile pour résoudre les affaires, les morts ne répondent jamais aux questions directes mais bousculent River, l’obligent à avancer dans son histoire personnelle. La suite et fin jeudi.
La page officielle .
Un conte peut en cacher un autre
Nouel c’est bien pour rattraper son retard en film d’animation jeunesse. Ce moyen métrage d’une heure de Jan Lachauer et Jakob Schuh est l’adaptation d’une histoire de Roald Dahl où un loup en imper raconte à une baby sitter comment sa famille s’est fait décimer par les personnages de contes fameux. Chacune des histoires (les trois petits cochons, le petit chaperon rouge, Jack et le haricot magique…) est revisitée et transformée, les personnages se croisent et s’influencent et, sous le doux délire, pointe une noirceur inattendue et un féminisme sympathique.
Visuellement c’est mignon sans être gnangnan et j’ai passé un bon moment.
Boxtroll
Voilà une jolie surprise. Boxtroll est un film d’animation en stop-motion (on anime des marionnettes qui sont photographiées comme dans Wallace & Gromit) de Graham Annable et Anthony Stacchi tiré du livre Au bonheur des monstres de Alan Snow.
Dans les sous-sols d’une ville imaginaire genre victorienne/burtonienne, d’étranges créatures gouillent , volent les enfants et les objets : les Boxtrolls (ils sont habillés d’une boîte en carton qu’ils ne quittent jamais). En fait, ce sont des créatures pacifiques terriblement douées pour le bricolage qu’elles pratiquent à partir d’objets récupérés en surface. Mais le terrible et hideux Archibald Snatcher a décidé de les exterminer afin d’obtenir le fameux chapeau blanc qui fera de lui un membre du club d’élite des goûteurs de fromage. Malgré sa terrible allergie audit fromage. C’est sans compter sur le jeune Eggs, élevé par les Boxtrolls.
Boxtrolls est très éloigné des normes Disney avec ses personnages aux trognes incroyables – même la ”princesse” est une rouquine au visage buté – aux méchants qui philosophent sur la nature de leurs actions et un travesti d’anthologie (je vous laisse la surprise). Visuellement, c’est très réussi, plein de trouvailles rigolotes et le seul point qui m’a chiffonné c’est que l’origine et la reproduction des Boxtrolls sont pour le moins aussi étranges que celles des Schtroumpfs.
Under the Skin
On va finir avec cet inattendu film de science-fiction de Jonathan Glazer où l’on voit d’étranges motards foncer sur les routes écossaises, où un extra-terrestre prend l’apparence de Scarlett Johansson pour embarquer de pauvres types qu’elle emmène dans des coinstots bizarres où… bon, voyez cela par vous-même.
J’avoue que ce film encensé par la critique m’a fait un peu peur et je craignais la branlette écossaise d’intello à lunettes. Que nenni. On ne peut pas parler d’histoire et à peine de personnages mais plutôt de suite d’événements parfaitement clairs. La première partie peut paraître répétitive mais reflète bien le ”travail” du personnage de Johansson et la séquence d’assimilation est d’une beauté visuelle marquante.
Puis, petit à petit, l’extra-terrestre prend conscience de son corps d’humaine et en oublie sa mission.
L’ensemble est fascinant (superbe musique de Mica Levi) et si vous vous laissez embarquer, c’est un voyage anxiogène mémorable qui vous attend.
Oui, j’ai bien accroché aussi, c’est mélancolique et teinté d’un humour très british…
Quel bon goût tu as.
Oh, tu sais, dès qu’il y a des morts qui parlent…
Bon, pas si drôle que ça, en fait, prenant tout de même, malgré le lot de ponsifs…
Moi j’ai aimé jusqu’à la fin. Mais j’ai probablement une culture très limitée de ce genre de récit.
Moi aussi j’ai aimé, le personnage de River est très attachant et le décalage avec les autres, l’atmosphère… :)
J’avais enregistré River, mais je n’ai pas réussi à accrocher au truc, à cause de ce personnage, toujours larmoyant dirait-on, de longueurs aussi parfois. Pourtant je suis fan de choses britanniques en général. J’aurais peut-être dû insister finalement… Par ailleurs j’ai commencé à regarder Maigret, le film avec Rowan Atkinson, et là je suis plus enclin à poursuivre… (Moi qui ai une sainte horreur des vieux Maigret passés cent-mille fois sur le petit écran!) A suivre. L’as-tu vu ? (”Maigret et son mort”) Qu’en penses-tu ?
Non, j’ai zappé dessus en me disant « tiens, c’est bizarre, c’est Maigret ? » mais je ne suis pas allé plus loin. River, si on accroche pas au perso, ça peut être super chiant (ma chérie n’arrêtait pas de râler).
Bon, on est au moins deux alors… ;-)
Le début de River, c’est bien. Une fois l’effet de surprise estompé, ça tire un peu à la ligne. Enfin, ils ont eu la décence de ne faire que 6 épisodes, là où les Ricains auraient fait 5 saisons de 12.
J’attends la saison 4 de Broen / et je ne serai plus là pour personne.
Non, non, le perso évolue, je suis très curieux de voir comment ça se termine.
Bon sang de bois, c’est pourtant vrai que c’est bientôt Noël !
Cette année il faut vraiment que je décore un sapin, les autres années j’oublie toujours. Merci de nous y faire penser !
River et Un conte peut en cacher un autre, j’en entends parler ici pour la première fois mais je sens que ça va me plaire, Boxtrolls ça m’intrigue (surtout le passage sur le chapeau en fromage blanc) et Under the skin, je me suis laissé embarquer par Scarlett Johanson et j’ai pas encore trouvé la sortie (faut dire qu’il fait très noir).
Si tu l’as suivie, je suis au regret de t’annoncer que tu n’es plus toi-même.
oui, les trois premiers episodes m’ont scotché ! Vivement jeudi pour la suite !
Vivement jeudi en espérant qu’ils ne foirent pas la fin.
Je ne parle que des séries que je vois à la télé en clair. Ça me limite grave :-)
J’ai regardé ça, dans le genre polar avec gars psycho-détraqué, les deux premiers épisodes. (C’est la mode en ce moment!) Pas trop mal je trouve, au-delà des enquêtes un peu basiques.
http://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=20631.html
Bah, si l’enquête est basique, je m’ennuie vite – mais je suis peu attiré par les séries françaises.
Le prof de criminologie vaut le coup d’œil quand même. Il fait un peu le spectacle, presqu’à lui seul…
excellente mini série, du début à la fin