Mon appel sur les réseaux sociaux pour m’aider à trier les séries visibles sur Amazon Evil Prime a été entendu (mais personne ne m’a envoyé spontanément de l’argent, ce qui m’a désolé) et j’ai donc commencé mon visionnage avec un entrain non simulé.
The Boys
Comment se débarrasser de ses ennemis avec un bébé, les risques de coucher avec une super héroïne, les risques du cunnilingus, comment liquider un personnage à la peau invulnérable, faut-il branler un dauphin lorsque l’on conduit ? Voilà quelques unes des questions intéressantes auxquelles répond The Boys, une série de super héros inspirée d’un comics créé par Garth Ennis et Darick Robertson. La série elle-même est chapeautée par Eric Kripke (Supernatural que je n’ai pas vue).
Le concept est très inspiré par le travail de Moore notamment sur Watchmen avec des super héros (ils ont de vrais pouvoirs dans The Boys) mal dans leur peau et leur rapport au monde extérieur (en même temps, si ça se trouve c’est devenu une thématique très classique des super héros, je n’en lis pas). Il faut dire qu’il n’y a que deux cents humains nés avec des capacités hors norme et que les sept meilleurs font partie de la team d’élite The Seven, gérée par la compagnie Vought de la promotion au merchandising. Et à l’enterrement des bavures.
On peut rire de tout même des bébés tueurs
Hughie Campbell a vu sa fiancée mourir à cause de A‑Train (l’homme le plus rapide du monde) et il refuse l’argent qu’on lui propose pour garder le silence. Ce qui attire l’attention de Billy Butcher, un type super louche et dangereux, qui veut faire la peau des Seven et particulièrement de Homelander, leur leader (qui a exactement les mêmes pouvoirs que Superman d’ailleurs).
J’ai beaucoup rigolé au visionnage avec des scènes très violentes à l’humour très noir. La série aborde beaucoup de problèmes politiques US actuels (puissance des multinationales, abandon du service public, montée du populisme religieux…) en restant divertissante avec un esprit comics marqué. Les répercussions politiques et sociales de supers pouvoirs sont évoqués avec pertinence (à mes yeux) et ça justifie les collants et la cape. Une excellente surprise en attendant la saison 2 qui est dans les tuyaux.
The Marvelous Mrs Maisel
Fin des années 1950. Miriam (Midge) Maisel (Rachel Brosnahan) est une jeune femme mariée mère de deux enfants de la bonne bourgeoisie juive new yorkaise. Son mari rêve de devenir un comique de scène et elle le soutient de tout son amour de femme au foyer parfaite. Ce beau conte de fée va exploser lorsque monsieur décide de quitter le logis familial. Midge, complètement bourrée, monte sur scène et révèle au monde entier sa vraie nature comique (et pas que ça). Ce qui n’échappe pas à Susie Myerson (Alex Borstein) qui décide de devenir l’agent de Midge.
Voilà une série clairement écrite pour moi : des dialogues étincelants, des tenues magnifiques, il ne m’en faut pas plus. En fait, il y a plus et c’est fabulous. La série fonctionne sur les contrastes (en restant très propre visuellement, privilégiant les couleurs de la comédie romantique) : Midge est limite fashion victim (elle a passé le permis suite à l’achat de gants roses, elle s’achète une nouvelle robe à chaque rendez-vous important) toujours pimpante et pleine d’énergie alors que Susie est une petite femme célibataire habillée en pantalon et chemise (casquette de moto incluse) que les hommes appellent Monsieur et qui vit chichement dans un appartement d’une pièce. Autre contraste de taille : les deux femmes utilisent un langage que l’on pourrait qualifier de grossier mais qui reflète leurs sentiments et souligne un humour ravageur qui se moque des conventions. Ce qui détonne fortement dans un monde dominé par les hommes où le travail des femmes est mal vu.
La femme au pouvoir
La série décrit donc en creux un monde qui change : Kennedy va se présenter aux élections présidentielles, les droits civiques sont un sujet brûlant (la représentation de la population noire est très intéressante), les femmes manifestent et Lenny Bruce révolutionne le stand up en abordant tous les sujets tabous tels que la sexualité ou la drogue (Lenny Bruce est d’ailleurs un des personnages clefs et une influence majeure de la série et il a eu droit à un excellent film, Lenny signé Bob Fosse avec Dustin Hoffman dans le rôle titre). En creux parce que le sujet principal c’est quand même l’envie de monter sur scène de Midge et des rapports qu’elle entretient avec Suzie et ses parents. Des parents (et beaux parents) juifs, ce qui donne lieu à des empoignades homériques dignes de Woody Allen (celui dont il faut taire le nom).
L’atout majeur c’est l’actrice Rachel Brosnahan. Elle interprète avec un charme irrésistible une femme au foyer modèle (sauf peut-être en tant que mère) qui prend conscience que ce rôle n’est pas satisfaisant pour elle et, surtout, refuse la place que ses parents et la société lui ont octroyée.
Au final, le seul reproche que l’on pourra faire à la série ce sont les références très états-uniennes de l’époque qui peuvent perdre le spectateur français moyen. Mais, à part ça, c’est un énorme coup de cœur pour moi et je vais dévorer les deux saisons suivantes.
Je n’ai pas entendu ton appel sur les réseaux sociaux, je vis à la campagne et ne reçois pas facebook. Je ne t’ai pas parlé de Mrs Maisel parce que je ne voulais pas nuire à ta productivité. Encore une série que j’ai prise pour ma femme, et c’est moi qui me retrouve devant. The Boys, je n’ose pas tenter, je n’accroche pas du tout avec l’auteur du comics d’origine, Garth Ennis, trop outré pour mon palais délicat.
message de service : je regarde The Expanse, mais ça tient plus de l’aventure industrielle que de la série de SF.
American Gods, la première saison est très distrayante, la seconde d’un ennui hideux.
The Boys, je ne lirai jamais le comics c’est juste ugly. Je ne comprends rien à ce dessin typique qui donne l’impression que l’auteur n’a jamais mis les pieds dans un musée de sa vie. Dans la série, les scènes gore sont très drôles et il y en beaucoup moins que dans le comics – d’après mes lectures sur le Web. Je ne sais pas si ça te plaira mais je le conseille.
La série de Mrs Maisel est surtout un hommage à l’humour de Lenny Bruce (celui dont il ne faudrait pas oublier de citer le nom, et qui est d’ailleurs un des personnages), bien plus contestataire et outrancier que celui duquel il ne faut pas dire le nom. ;-).
Oui c’est vrai, j’ai oublié de dire un mot sur Lenny Bruce mais quand j’en parle, les gens ne connaissent pas – malgré le très bon film.
D’où l’intérêt de le citer sur ton blog (ce cher Lenny Bruce) où tu ne parles que d’artistes que peu de gens connaissent (dont je fais partie bien souvent) et qu’on est bien content de découvrir !
Moi aussi, j’ai adoré cette série, à la logorrhée tellement jouissive et pétaradante qu’on peut sans doute la voir et revoir sans déplaisir (sans parler du style quasi chorégraphique donné à l’ensemble), alors que ”the boys”, bien que m’ayant beaucoup plu, ne m’a pas laissé la même envie d’y revenir.
Tout à fait d’accord, ça se revoit avec beaucoup de plaisir ce qui est super rare dans les séries. Quant à Lenny, le voilà dans les commentaires.