Deux anciens policiers, Martin Hart (Woody Harrelson) et Rust Cohle (Matthew McConaughey) de l’État de Louisiane sont interrogés à propos d’un meurtre rituel sur lequel ils ont enquêté sept années auparavant. Chacun de leur côté, ils donnent leur vision de l’affaire et de leur vie à cette époque, comprenant rapidement que le tueur a de nouveau frappé.
L’assassin aime les cornes
Le buzz à la sortie de la saison de True Detective m’a vraiment donné envie. Un polar un peu glauque avec un tueur à l’univers démentiel, deux policiers à la limite du pétage de plomb, les références citées… Bon, bref, ça faisait envie mais il aura fallut quelques années pour que je me fasse une idée de la chose (j’ai vu la parodie du Palmashow avant la série, c’est dire).
Si le couple de policiers qui font équipe est un gros classique dans les séries états-uniennes (Starsky et Hutch, Chips, Miami Vice…), True Detective innove sur plusieurs éléments. Elle travaille déjà sur la durée temporelle puisque les deux personnages ont énormément évolué entre le moment où ils étaient policiers et les interrogatoires. Mention spéciale à Matthew McConaughey qui semble limite clodo et qui digresse à longueur de temps. Et, point très agréable, la saison entière présente une seule enquête. On a droit à une vraie histoire au long cours.
Références
- James Ellroy pour le côté perdu des policiers – Matthew McConaughey a perdu un enfant, s’est réfugié dans l’alcool puis la drogue en infiltrant des trafiquants et a un gros problème avec la vie normale, Woody Harrelson a beau avoir une femme ravissante (la craquante Michelle Monaghan), il la trompe pour des plans cul fiévreux
- Seven pour le serial killer à l’univers barré qui finit par contaminer les enquêteurs
Les bof
L’ensemble de la saison est d’un sérieux papal. Il y a une blague et elle est racontée pour faire bonne impression. Quant aux dialogues un peu space désabusés de Matthew McConaughey, difficile de savoir si c’est du lard ou du cochon.
Le vrai manque dans la série, c’est le tueur (attention, divulgâchage). Visiblement, le scénariste a beaucoup travaillé l’univers mental de l’assassin, l’historique de sa folie et le complot qui s’est construit autour des meurtres mais, au final, le spectateur n’aura droit qu’à des miettes de ce magnifique ensemble. Très frustrant.
La métaphysique de l’ensemble ? C’est une histoire avec beaucoup d’éléments symboliques qui suggère même d’autres vérités mais ça peut friser l’indigeste.
Les chouettes
Supers personnages travaillés sur la durée et dans leur quotidien. On échappe quelque peu au buddy movie. Si les deux héros finissent par s’apprécier, ils reconnaissent ne pas avoir la même vision du monde et sont toujours à cran.
Malgré le fait que ça se passe en Louisiane et la Nouvelle Orléans, on échappe totalement aux clichés touristiques (à part évidemment le côté tordu des pratiques magiques locales). C’était vraiment une bonne surprise pour moi.
Le plan séquence : une superbe scène d’infiltration/exfiltration dans un quartier chaud qui mérite le détour.
La métaphysique de l’ensemble ? En assumant le côté symbolique, les créateurs vont un peu plus loin que l’histoire policière. Ça a dû jouer dans le succès du projet.
Les suppléments
Puisque je m’étais fait offrir le Blu Ray, j’ai zieutté les suppléments. On y découvre un scénariste avec un melon énorme qui s’est évidemment fâché avec son partenaire réalisateur d’où une saison 2 aux fraises. Mais les curieux pourront apprécier la scène du prêche sous la tente dans son intégralité. Elle reprend en fait toutes les thématiques/obsessions du tueur. Une bonne idée scénaristique mais qui était peut-être too much.
La suite
Visiblement la saison 2 était un ratage complet mais la 3 semble valoir le détour. Avec la même construction temporelle : ça a dû faire plaisir aux fans mais bonjour la remise en question.
Je me souviens d’avoir trouvé l’interprétation de Mc Conaughey et Harrelson exceptionnelle. Interpréter des personnages à deux époques éloignées de leur vie, ça a déjà été fait bien sûr, en général les acteurs se contentent de jouer sur un fort contraste et ça fonctionne très bien ; mais dans ce cas la durée de la série permettait des inserts, parfois très courts, sur des moments situés pratiquement dans chacune des dix-sept années écoulées, et dans chacun ils sont parvenus à rendre perceptibles les changements, grands ou petits, intervenus dans la vie des deux policiers de façon convaincante, ça c’est moins courant.
Et heureusement qu’ils sont bons parce que la série repose littéralement sur leurs épaules.