Troisième album de la série (et ce sera bon pour cette fois-ci sauf rebondissement imprévu), le Big Man de Mazzuchelli chez Cornélius. Très à la mode (tendance intello) dans les années 90, il ne semble plus être publié en France (en fait il ne semble plus faire de BD tout court cf. note plus bas).
Pour changer un peu et ne pas faire trop ”comics” justement, il imagine une espèce de géant (mais un petit géant), croisement improbable entre Hulk et Corto Maltese puisqu’il débarque ligoté sur un radeau (j’ignore si c’est un clin d’œil ou une coïncidence). Là encore, une famille (nombreuse) de paysans le recueille et une petite fille attardée s’attache à lui. Il n’a pas de pouvoir spécial mais une force herculéenne qui lui permets de sauver un fermier. Comme il a plus de place, Mazzucchelli peut développer le propos et le présente comme une espèce de retour du père (ce qui est plutôt bien vu) ou une catastrophe naturelle. Contrairement aux deux précédentes histoires, ce ne sont pas les locaux qui décident de s’attaquer à lui mais la police locale. L’histoire s’inscrit du coup dans une espèce de tradition romanesque de ”gauche” tendance Steinbeck ce qui fait plus politiquement correct, mais beaucoup moins grinçant évidemment. Le grand bonhomme casse la gueule aux fachos de flics et se barre dans le soleil couchant. La petite fille est toute triste. C’est l’histoire qui permet le plus d’interprétations (Dieu, la création, la Nature…) mais la moins rigolote, il faut bien l’avouer.
note : Provisus me fait savoir dans son commentaire ci-dessous que Mazzuchelli va publier un graphic novel en juin prochain.
J’aime bien cet album (malheureusement introuvable aujourd’hui), probablement parce qu’il y a cette arrière pensée moraliste. C’est l’exemple d’une utilisation adulte du thème ”ET”.
Est-ce que c’est un thème encore ET à ce niveau-là ? Je ne suis pas sûr. Je suis un peu étonné que Cornélius ne l’ait pas réédité.
@Li-An : Pour répondre à la question que tu poses dans ton billet, David Mazzucchelli enseigne aujourd’hui à la School of Visual Arts de New York et poursuit en parallèle sa carrière d’auteur de comics. Pantheon books publiera l’année prochaine (le 2 juin exactement !) le graphic novel Asterios Polyp, sur lequel il travaille depuis dix ans :
Cornélius ne l’a pas réédité..?Mais est-ce que tous les titres(comme à l’association)ne sont pas ENCORE à leur ”catalogue”?Belle résurrection par ce billet inspiré,c’est déjà ça..!
@Provisus : merci Provisus. Je vais compléter mon billet.
@julien : oui, ça m’étonne qu’il leur manque un bouquin à leur catalogue.
@Raymond : est-ce que tu peux développer ”pensée moraliste”, Raymond ?
Il y a une espèce de perfection dans ce livre pour moi.
Je crois qu’il s’est honteusement mal vendu.
Volà un commentaire qu’il serait intéressant à développer. En quoi est il ”parfait” ?
J’ai employé le terme de ”moraliste” parce que Mazzucchelli ilustre dans cette histoire certaines valeurs, mais il est vrai que j’aurais peut être dû parler d’humanisme. L’auteur nous conduit à progressivement découvrir l’humanité de ce personnage étrange, de ce géant qui est repoussé par les hommes et qui parvient à devenir l’ami d’une petite fille. Il nous fait aimer ce ”big man” et cette capacité de considérer d’abord ce qu’il y a de bon, de même cette volonté de regarder au delà des différences, tout cela me semble un message très ”moral”. Ce livre ne fait aucun prosélystisme, mais on peut y voir tout de même un message, une sorte d’éloge de la différence et de l’humanisme. Je reconnais cependant qu’il s’agit là d’une morale moderne et pas vraiment de la morale chrétienne traditionnelle.
Je comprends mieux. Mais je trouve étonnant qu’il ait développé une vision complètement différente des précédentes histoires sur le même thème. En fait, je ne suis pas sûr qu’il soit plus ”réaliste”.
le prix y était peut-être pour quelques choses ?
je parlais de ce ”honteusement” mal vendu
Eh bien je suppose que la perfection, c’est ce dont on ne saurait rien modifier. C’est exactement ce que me fait Big Man et j’aurais bien de la peine à te dire pourquoi. J’ai bien aimé le Mazzuchielli qui dessinait Batman et j’ai lu ”la soif” et ”géométrie de l’obsession” sans déplaisir (mais sans enthousiasme exagéré). Quand à l’adaptation de Paul Auster, je ne sais même pas si je l’ai lue.
Par contre Big Man me semble un objet particulièrement cohérent, jusque dans son édition par Cornélius (toujours dispo si je me fie au site de l’éditeur).
Je me demande s’il existe pour moi un album ”parfait”… Pas les miens en tous les cas :-)
On ne peut pas trouver parfait ce qu’on fait, c’est une malédiction connue :-)
Je connais certaines personne qui ont une assez haute opinion d’eux-même :-)
Et les Bone brothers, avec la fameuse great cow race, ça ne ferait pas une bonne tétralogie ?
Oulala, c’est un peu tiré par les cheveux (qu’ils n’ont pas), là… Bon, il y a les ET, les bouseux… mais quand même :-)