On connaît mal la BD philippine en Europe, pourtant très riche et issue de l’occupation états-unienne (les Philippines ont été une colonie US de 1898 jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale). Francisco V. Coching (1919 – 1998) fait partie de la deuxième génération d’auteurs philippins et son travail est très inspiré par Hogarth (Tarzan) ou Al Foster, un dessin réaliste très soigné au service d’aventures échevelées (western, exotisme, romance, fantastique…). Son aisance graphique est prodigieuse mais pas sûr que les scénarios méritent le détour. Ce qui peut expliquer pourquoi son travail n’est pas parvenu jusqu’à nous.
Ses histoires continuent à être republiées localement alors si vous faites un tour par les Philippines…
Toujours impressionné par la qualité technique de tous ces dessinateurs philippins. Curieux qu’il n’ait pas percé aux USA. Il semble d’après Wiki qu’il ait tout de même été publié dans El Vibora, en Espagne, donc (?).
Je pense qu’il était très satisfait de sa carrière aux Philippines.
On dirait de bons vieux EC comics ou DC comics, mais venus d’une dimension parallèle. Espesyal !
Le dessin n’est pas tout à fait dans la lignées des graphisme US de l’époque chez DC ou EC à ce qu’il me semble.
Le propre des univers parallèles, c’est qu’ils ne sont jamais parallèles jusqu’au bout.
En effet, ce qui surprend le voyageur dimensionnel quand il découvre ces ”komiks”, comme on les appelle là-bas, c’est que dans ce monde parallèle-là, les dessinateurs de comics on tous eu une carrière différente de celle qu’ils ont eue chez nous : Hal Foster dessinait pour Creepy, Hogarth faisait des scènes de genre à la Norman Rockwell, Frazetta illustrait des romances à l’eau de rose, Will Eisner de l’heroic-fantasy et Al Capp des army comics ; seul le Bernie Wrightson alternatif resta fidèle à ses chers morts-vivants. Et ils signaient tous du même pseudo : Coching, peut-être parce qu’ils partageaient un studio ?
On peut formuler ça autrement : il y a énormément d’emprunts à des thématiques américaines , mais traitées d’une façon divergente : même le style des bagarres est différent, on ne verrait jamais les bagarreurs d’Action Comics s’empoigner comme ça !
Et il y a une sensualité dans ces portraits d’aventuriers exotiques et de détectives(?) qu’on chercherait en vain dans Secret Agent X9 ou dans le Fantôme du Bengale.
Ou encore, tous les éléments présents sur la couverture d’Espesyal Komiks pourraient se retrouver dans une couverture du Post par Norman Rockwell, mais avec un traitement graphique qui, lui, doit tout à Hogarth.
Ça ne rend pas le travail de Coching moins intéressant, ni sa maîtrise moins impressionnante : la façon dont il a digéré toutes ces influences et les a restituées pour en faire autre chose est fascinante.
C’est sûr que ses filles n’ont pas le côté poupée lisse des comics US. Je pense qu’il devait être une espèce de dessinateur virtuose qui prenait beaucoup de plaisir à dessiner ce gente d’histoire. Complètement en phase avec son public.
J’imagine ! Les Philippines sont au croisement d’au moins trois cultures (espagnole, malaise et nord-américaine), peut être quatre avec la proximité du continent indien, qui exporte pas mal sa culture populaire. On sent aussi un cousinage avec les dessinateurs espagnols et ibéro-américains.
Et je suis bien d’accord : ce sont ses filles, surtout, qui ont quelque chose d’espesyal !
Déjà, elles ne font pas blonde décolorée.