J’ai chroniqué il y a longtemps Dans les villages de Max Cabanes et j’ai eu envie de relire la suite, à savoir L’Anti-Jôle et La Crognotte rieuse, tous les deux publiés originellement chez Dargaud. J’en suis ressorti un peu perplexe en me demandant si j’avais vraiment lu ces albums au moment de leur achat. Je ne sais pas si l’on peut résumer ce qui n’est qu’une suite de courses éperdues pleines de créatures bizarres évoluant dans une réalité alternative du Sud de la France. Deux, puis trois petits personnages tout nus essaient de retrouver leurs amis disparus et croisent des dangers étranges.
Je ne sais pas ce que Cabanes avait en tête avec ce récit mais on a l’impression qu’il est plongé dans un rêve qu’il s’applique à reproduire sans que le lecteur puisse appréhender la moindre logique. Le délire de l’ensemble a trouvé un public (de fumeurs d’herbe qui fait rire ?) mais je pense que c’est le dessin qui a rendu les gens complètement zinzin.
Il faut dire que Cabanes bosse de manière méticuleuse des cases pleines d’ombres portées rendues à la plume méticuleusement, provoquant la rencontre étonnante d’un décor méditerranéen reproduit avec amour et de scènes oniriques inquiétantes et rigolardes à la fois (ce qui est très fort, il faut bien le reconnaître). Les premières planches de La Crognote sont à tomber par terre par leur rendu et ce qu’elles représentent (je crois que c’est encore mieux si on ne connait pas l’histoire). J’ai l’impression que Lidwin a essayé de retrouver cet espèce de miracle visuel dans SON album.
Ah tiens je vois sur wikipédia que les humanos ont publié une intégrale des 4 tomes en 2003… Et que Cabanes a ensuite publié 3 autres volumes situés plus ou moins dans le même univers chez Dupuis. Tu n’es donc pas à jour :D
Ce n’est pas pour l’histoire que j’investirai et le dessin m’a moins intéressé… dans mes souvenirs. Il faudrait refeuilleter ça.
Oui sur ces derniers albums il est passé au dessin au crayon colorisé à l’ordinateur. Pour tout dire je suis assez ignorant de l’œuvre de Cabanes, pourtant mise en avant dans tous les dictionnaires de la BD de la création.
En même temps, son Colin Maillard risque d’être ”oublié” vu qu’on y voit des enfants impliqués dans des activités sexuelles.
*J’ai plaisir, perso, à relire dans (à suivre) ”le roman de Renart”, réalisé avec Forest, en noir et blanc.
https://www.bedetheque.com/BD-Roman-de-Renart-Cabanes-Le-Roman-de-Renart-26511.html
C’est vrai que Forest c’est mieux pour le scénario mais c’est aussi super bavard. Mais c’est bonne idée si je le croise.
L’album est incroyable, j’ai déniché la version Humanos pour une bouchée de pain en 2017, mais j’ai bien peur qu’on ait déjà eu cette conversation sur ton article ”dans les villages”.
En effet, tu en avais déjà parlé et on avait dérivé jusqu’à Forest.
C’est exactement comme la vie, les histoires qui arrivent dans les villages de Cabanes. On a des copains qui partent en avant et qu’on n’arrive pas rattraper, alors on se sent perdu, on est coursé par des jôles et des anti-jôles, on se fait traiter de pichette par la première chenapouille venue, tous les gens qu’on rencontre disent des choses bizarres, et un jour on se rend compte que tout est parti de travers à cause de grandes personnes qui n’arrivaient plus à rêver ce qu’elles auraient dû rêver. Et quand Cabanes arrête de dessiner nos histoires, il n’y a plus qu’à essayer de revenir en arrière, mais c’est pas facile, on a l’impression qu’il manquera toujours des pages.
Hum, j’ai l’impression qu’il vaut mieux alors lire ces livres dans sa jeunesse. Dans les années 1980.
L’anti-Jôle, la Crognote Rieuse et le Rêveur de Réalité m’ont fait une vive impression quand je les ai lu ado. Vrai, son dessin était à tomber et a influencé durablement quelques contemporains (coucou Loisel) mais c’est surtout l’histoire qui me transportait, cette impression d’être ailleurs et ici en même temps. Oui, on n’obtient pas toutes les réponses et explications mais ça ne me dérange pas, le voyage valait le détour. J’ai pas lu la suite chez Dupuis et j’ai sans doute tort. J’ai bien aimé ses bouquins autobio aussi, oui il y a un peu de cul et alors ? C’est sa vie qu’il raconte, jamais eu l’impression d’une complaisance ou autre.
Je ne me rappelle plus trop le concept de Colin Maillard mais il y avait beaucoup d’enfants impliqués dans des jeux sexuels et même avec des adultes sans qu’il y ait un quelconque recul là-dessus. Pour les chats, je ne pense pas que ce soit du vécu, non ?