Les 110 pilules (Magnus – L’Écho des Savanes/​Albin Michel)

Alors que la BD érotique refait surface, il était temps de faire un billet sur le seul album incon­tour­nable que je connaisse dans le genre érotique/​pornographique. Magnus reprend ici un célèbre classique chinois de Jing Ping Mei qu’il illustre délica­te­ment avec une rigueur étonnante. Hsi-Men Cheng, riche patri­cien et liber­tin, se procure auprès d’un vieux moine médecin 110 pilules qui forti­fient le désir sexuel (un genre de Viagra, quoi). À ne consom­mer qu’une fois par jour. Mais la tenta­tion est trop forte et, face à la peur de vieillir, Hsi-Men abuse­ra du produit miracle jusqu’à sa déchéance finale. Il faut dire qu’entre maîtresses, concu­bines et prosti­tués des deux sexes, il a fort à faire…
C’est proba­ble­ment le meilleur album de Magnus qui a su dépas­ser l’éro­tisme un peu hypocrite de certains de ses collègues (ça commence par un M aussi) en réali­sant un album réelle­ment porno­gra­phique sans rien cacher des galipettes de notre héros. L’album fera partie de la prochaine collec­tion érotique de chez Delcourt qui se contente pour l’ins­tant de réédi­tion ou d’import, ce qui ne va pas bien loin. Quoiqu’il en soit, rendre cet album de nouveau dispo­nible n’est que justice à une époque où il semble­rait que seules les jeunes femmes ont la possi­bi­li­té de parler de leur cul.
À noter que Corné­lius réédite aussi les Nécron de Magnus. Plus rigolo mais aussi plus anecdotique.

preuve irréfutable

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27 commentaires

  1. Si je ne m’abuse, Les 110 pilules avait connu une suite dessi­née par Georges Pichard. Mais ne l’ayant pas lu, j’ignore ce que ça pouvait bien donner…

    Absolu­ment d’accord en ce qui concerne M (pour ma part je suis un incon­di­tion­nel de Crepax)

  2. Atten­tion ! quand je parle de Crepax, c’est à Valen­ti­na que je fais allusion, pas à Emmanuelle ou Histoire d’Ô

  3. Il faudrait que je relise Crepax dont le travail ne corres­pon­dait pas à mes envies à l’époque où on le trouvait facile­ment… Je ne sais même pas si j’ai eu la version Pichard entre les mains…

    • J’ai jamais compris l’inté­rêt des BDs érotiques de Crépax (Valen­ti­na, on ne voit rien du tout, et on imagine à peine plus) mais ses BDs politiques sont extra­or­di­naires (Le Point de Non-Retour, L’Homme de Harlem).

      Magnus je le trouve très froid par contre.

      • C’est plus graphique qu’autre chose. Pour les BD politiques, je n’ai jamais eu l’occasion de les lire.

  4. Ben, de petits enfants peuvent y débar­quer en cherchant ”Boule de Suif”. J’ai le sens des respon­sa­bi­li­tés moi, môssieur.

  5. Tu connais ”L’affaire Louis Trio ” ? 

    … avec Cleet Boris qui chantait : 

    ”Non non tout mais pas ça,

    tais toi tais toi, 

    non ne racontes pas ça, 

    ohhhh non tais toi … ” 

  6. moi je trouve le dessin de Magnus un peu froid sur les ”110 pilules ”et j’avoue ne pas detes­ter le ”Histore d’O de Crepax son trait ”vibrant” me parait plus sensuel que la préci­sion graphique d’un Ma…:)

  7. Magnus n’a jamais fait partie de mes dessi­na­teurs favoris (tout comme l’autre ”M” d’ailleurs), même si l’humour de Necron n’est pas désagréable. Crepax, par contre, c’est un auteur subtil, qui aime faire référence aux classiques de la BD.

    Dans le genre ”porno chic”, je trouve que la plus belle BD est Les perles de l’amour, de Georges Levis, grâce à son humour décalé et sa belle technique au lavis.

  8. Crepax semble faire l’una­ni­mi­té parmi mes lecteurs. J’avoue que j’ai eu du mal avec sa narration.

    Les perles de l’amour est un peu étrange : on n’est pas sûr de lire un bouquin érotique. 

  9. C’est peut être parce que les meilleurs albums de Crepax (avec le monde de Valen­ti­na) ne sont pas faciles à trouver aujourd’­hui. Comme beaucoup d’autres, j’ai décou­vert Crepax dans Charlie Mensuel. Cette décou­verte du dessi­na­teur dans un journal que l’on lit réguliè­re­ment rendait les choses plus facile. Cela permet­tait de pénétrer sans effort (à la longue) dans son univers person­nel. C’est une chose que l’on a perdu avec la préémi­nence actuelle de l’album.

  10. @Raymond : ah peut-être. Mais bon, l’album est l’équi­valent du roman et j’ignore si il y a des théories du même genre pour le roman :-)

  11. c’est bien de ne pas avoir été ponctuel aux ”RDV” de ton blog , comme ça je fouine et je découvre des choses :-)
    aahhh oui quelle madeleine de proust cet album , je l’avais oublié …mais je l’ai lu aussi et j’en garde effec­ti­ve­ment un souve­nir excellent ! un album vraiment hot avec une histoire interessante …

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