Mes billets consacrés au Cri du Margouillat sont tellement empreints de l’esprit de l’époque qu’ils respectent presque les délais de parution du magazine. En effet, ce numéro 13 est daté de juillet/août 1994, c’est à dire six mois après le précédent.
Sous une couverture de Huo-Chao-Si prévue pour Angoulême (je soupçonne la couverture d’avoir été conçue pour être vendue au fameux festival mais le rédactionnel prouve amplement que la revue est parue après Angoulême 1994), c’est encore une fois un numéro ”historique”. Historique pour moi puisque je commence deux séries : Funny Girl qui sera publiée en album sous le titre Planète lointaine et La Ti Do qui sortira en album au Centre du Monde.
Ce numéro voit la multiplication des pains puisqu’on y trouve huit pages couleurs cette fois-ci. En face de l’édito, un dessin de Huo-Chao-Si annonce l’Ubu colonial du théâtre Vollard dont Serge a illustré le livret. David fait une histoire de pirate margouillat, Bello (1) démontre que Dragon Ball Z commence à faire des ravages même dans la population créole, Mandico pond deux pages étranges en couleur , Fabrice continue dans les histoires de Ti Louis (3), on retrouve un autre enfant des îles avec Bao de Vincent Lietard (4), plusieurs planches d’Anselme (5), le retour du Ti Burce de Tehem qui commence à trouver son personnage (6), une belle histoire d’amour interstellaire et créole de Maïe qui aura fait bien plus d’histoires que je ne le pensais dans la revue (7), des gags de notre vénéré rédacteur en chef Boby (8), l’arrivée remarquable d’une jeune fille (deux filles dans la revue !) qui signe Flo et qui raconte des histoires de couples (rappelons que son premier album ARGT est disponible au Centre du Monde) (9), Appollo (10) publie de nombreux textes dont Lettres d’Angoulême sur notre passage au festival où il raconte mes mésaventures médicales malheureusement authentiques, quelques dédicaces (dont Goossens et un certain Lewis Trondheim) et Hobopok ferme la marche avec son Temps béni des colonies (11) dont l’album a été réédité au Centre du Monde, je le rappelle. En fait, ce n’est pas tout à fait fini puisque Tehem fait la quatrième de couverture (12).
Je suis encore assez prolifique dans ce numéro avec Le complot, une ”histoire” en trois pages où j’ai l’étrange idée de placer entre deux pages de gag une page incompréhensible, le début de La Ti Do en trois strips (a), deux illustrations pour le feuilleton d’Alfred Lénine dit Anpa qui est responsable d’une bonne partie du rédactionnel (b) (c), neuf pages de Funny Girl qui voit l’Ombre échapper aux requins (d).
Le reste sera publié sur ce site.
Côté critiques BD, je dégomme Corail Noir de Cailleteau & Vatine dont je n’aime pas la SF, je tombe amoureux de la nouvelle série Le pont dans la vase de Chomet & Chevillard, je pose des questions existentielles sur La Nef des Fous de Turf et je copine sur Horde scénarisé par un jeune homme que je viens de rencontrer appelé Jean-David Morvan sur un dessin de Jab Jab Whamo. Appollo ne peut pas s’empêcher de me moucater et en profite pour chroniquer un album mystérieux signé Morvan & Li-An, Le moine mort publié chez Delcourt ! Je vous la donne.
Le Moine mort (Li-An/J.D. Morvan – Delcourt)
Un premier album ! Des moines ! Des morts ! Du sexe ! Beaucoup de sexe ! Ces deux auteurs (intimement liés) nous entraînent dans une course sans répit où la folle nous guette à chaque instant. Que dire de ces superbes décors d’abbaye cistercienne où Bulrog le héros connaîtra enfin l’amour physique avec Ludmilla ?
Une histoire peu classique au service d’un vrai talent graphique (je vous conseille la page 25 où les traits du chien borgne sont criants de vérité).
Un très bon album, finalement. À paraître bientôt. SI un éditeur en veut bien.
OA
Anecdotes
C’est donc en 1994 que je chope ma paralysie faciale à Angoulême, courant de cabinet médical en cabinet médical en commençant par un dentiste (j’ai cru que c’était une rage de dent au départ). Je rencontre aussi pour la première fois Lewis Trondheim avec lequel je suis en correspondance épistolaire régulière suite à la lecture de Lapinot et les carottes de Patagonie. Il est particulièrement troublé par ma paralysie et, pris probablement de pitié, décide de montrer les premières pages de Funny Girl à l’équipe de l’Association présente sur le festival. Les avis sont tièdes et David B. déclare, avec une certaine perspicacité, que ”c’est bon pour Delcourt ce truc là”.
Super beau, Mandico
Ça me fait penser qu’il faut que j’avertisse de bons amis à lui qui étaient curieux de voir ce qu’il dessinait à l’époque – François A. et Lucie D. pour ne pas les nommer…