Pierre-Louis Mangeard dit Mozezli

en chemise blanche, de gauche à droite: Pierre Christin, Boby Antoir, Pierre-Louis Mangeard qui admire notre chef à tous
en chemise blanche, de gauche à droite : Pierre Chris­tin, Boby Antoir, Pierre-Louis Mangeard qui admire notre chef à tous

Alors que je digérais la mort de Moebius, je suis tombé par hasard sur le Net sur un hommage à Mozez­li qui est décédé… en 2010. J’avoue que ça a fait plus que l’effet de la double lame des fameux rasoirs mais plutôt quatre lames et un burin.

Pierre-Louis Mangeard, je l’ai rencon­tré à St Denis, rue de la Victoire, à l’étage d’une librai­rie où il remet­tait à jour le rayon BD/​SF/​Polar. Il soldait un paquet de BD – il n’y avait pas de retour pour les livres métro­po­li­tains à la Réunion et pendant longtemps, les librai­ries regor­geaient de trésors introu­vables – et j’en ai profi­té pour acheter quelques Humanoïdes Associés qui manquaient à ma collec­tion genre Les Mémoires de l’Espion ou Une nuit au Macam­bo de Serge Clerc.
J’ai rarement rencon­tré un type aussi étonnant. Non seule­ment il était impres­sion­nant physi­que­ment (il faisait de la muscu­la­tion) mais semblait tout connaître sur la BD, la SF (ce qui était en fait le cas) et le roman policier et nous avons entamé des discus­sions passion­nées surtout qu’il n’aimait pas beaucoup avoir tort. Le Margouillat était en pleine forma­tion et je lui ai propo­sé de venir écrire dans nos pages. Il a donc pondu des articles scien­ti­fiques, des réflexions SF et des textes étranges. Lorsque je suis rentré à La Réunion en tant qu’en­sei­gnant, il prési­dait aux desti­nées de la média­thèque de St Pierre et nous avons repris nos discus­sions enfié­vrées une fois qu’il m’eut convain­cu que ça valait le coup de me remettre à lire de la science fiction avec toute une jeune généra­tion qui débar­quait (Banks, Simmons…). Il s’était pris de passion pour l’infor­ma­tique et la program­ma­tion (on parle d’une époque où le lecteur CD débar­quait sur PC et où Amiga semblait le comble du chic pour jouer) et il avait program­mé un jeu de morpion de quali­té professionnelle.
Dans sa maison, une seule pièce était clima­ti­sée : la biblio­thèque où trônait sa collec­tion de bouquins SF à l’hydro­mé­trie soigneu­se­ment contrô­lée. Je me rappelle aussi d’une virée au collège de Cilaos où nous sommes inter­ve­nus devant une classe pour parler BD, impro­vi­sant sur le chemin notre future confé­rence pour finale­ment nous dispu­ter sur l’impor­tance du scéna­riste devant des élèves inter­lo­qués et ravis.

Après mon départ en métro­pole, nos rencontres se sont faites rares. Il s’est retrou­vé en procès avec la mairie de St Pierre, en attente d’une solution. Son énergie inven­tive l’ont amené à créer un moteur de mots croisés (feu drmox​.com), à monter une boutique en ligne consa­crée aux livres de science fiction et il m’avait envoyé plusieurs nouvelles SF complè­te­ment scato­lo­giques en s’éton­nant de ne pas trouver d’édi­teur. J’avais l’impres­sion que ces derniers mails dataient d’à peine quelques mois… Je ne pourrais donc pas commen­ter avec lui le dernier recueil du Cycle de la Culture où rigoler du délire de L’écor­cheur de Neal Asher. Ça va me manquer…

L’hom­mage se poursuit demain avec la publi­ca­tion ici-même de son fameux texte Chercher la petite bête – Le cafard : un mammi­fère bien sympa­thique.

Internet ou le retour des morts-vivants

À la recherche d’infos sur le Web pour étoffer mon hommage (un texte paru dans Cyber­dreams 11, une citation en rapport avec une nomina­tion pour un prix moucate chez Bifrost…), je tombe sur un dessin de moi qui lui est attri­bué (une commande de l’U3P) et une appari­tion dans la fameuse encyclo­pé­die mondiale du cinéma, l’IMBD. Un peu inter­lo­qué, je jette un oeil et je découvre que mon gars Pierre-Louis a fait de la figura­tion dans un navet de première grandeur appelé Remous, un film de Benja­min Jules-Rosette tourné à la Réunion et sorti en 1986. Coup de chance, il existe une image du film où il apparaît en gros bras raciste.

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Pierre-Louis Mangeard, à droite en polo blanc, prêt à agir
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2 commentaires

  1. J’ai appris avec une grande tristesse la dispa­ri­tion de Pierre-Louis Mangeard, un ami des ”années lycées” que j’avais rencon­tré dans les années 70 à Poissy.

    Nous parta­gions le même intérêt pour la Science Fiction et avions décou­vert ensemble les ”classiques” de ce genre litté­raire qui sortait à peine de l’Enfert édito­riale. Les collec­tions ”Présence du Future”, ”Fleuve Noire”, Opta, J’ai Lu, avaient de plus en plus de lecteurs et les premières librai­ries spécia­li­sées commen­çaient à apparaître, notam­ment de ”Temps futurs” que fréquen­tait assidû­ment Pierre-Louis.

    Notre ami était égale­ment à la recherche de ”pulps” US chez les bouqui­nistes. Je crois me rappe­ler qu’il était très fier d’un Weird Tales conser­vé sous plastique.

    Avec deux autres copains branchés BD, nous avions esquis­sé le projet d’une conven­tion BD/​SF à Poissy, mais le BAC appro­chait à grand pas …

    La dernière fois que j’ai revu PLM, ce fut dans le train qui l’ame­nait à l’aéro­port : il partait avec ses parents à la Réunion, à priori pour une année de ”break” avant d’envi­sa­ger un cursus dans une fac ou autre.

    Bien des années plus tard, j’ai repris contact avec PLM par le biais d’Inter­net. Nous avions échan­gé quelques mails où il me faisait part de son intérêt pour la culture réunion­naise. J’avais été très impres­sion­né par le fait qu’il ait appris le créole et par son engage­ment dans la culture réunionnaise.

    Et puis, pris dans ma vie profes­sion­nelle et familiale, j’ai à nouveau perdu ses coordon­nées et c’est en effec­tuant une nouvelle recherche que j’ai appris cette triste nouvelle.

    Que dire de plus, sinon que je garde de notre ami un souve­nir fort et durable.

    Joël Tetard

    • @Tetard : merci pour ce témoi­gnage. Visible­ment, si j’en crois les diffé­rentes personnes qui me contactent à propos de Pierre-Louis, il a marqué ceux qui l’ont croisé. Mais le contraire aurait été étonnant…

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