Les morts dégringolent toujours en décembre (je me rappellerai toujours la mort de Charlie Chaplin) et ça va fort cette année.
Le dernier voyage de Den
L’ami Corben nous a quitté et je suis heureux de ne pas avoir raté son expo à Angoulême en bonne compagnie (mais je regrette de ne pas avoir pris le catalogue). Corben c’était curieusement (curieusement parce qu’il ne participe pas vraiment directement au projet) l’esprit exact de Métal Hurlant : des filles aux gros seins, des monstres, un dessin de folie et un décalage grinçant. Pour un ado, c’était ce que la BD pouvait offrir de plus excitant (à tous points de vue). Je ne vais pas faire croire que j’aimais tout mais le meilleur Corben restera comme des balises éclairées dans la Grande Nuit de la Médiocrité. Il a dessiné jusqu’au bout le même genre d’histoires tel un vieux rocker droit dans ses bottes Mon hommage s’intitule « Le dernier voyage de Den ».
Technique : crayons Wolff et graphite ArtGraf sur papier Illustration Canson 250 g. Filtres Affinity Photo.
Pouffiasses et cigares
J’ai déjà eu l’occasion de narrer l’arrivée de Archie Cash dans les pages du pudibond Spirou des années 1970. Voilà un aventurier qui pue le mauvais cigare, qui sent la sueur, qui se frotte à des filles peu farouches habillées d’un bout de tissu moite et qui flingue à tout va des espèces de zombies pourris. Pas étonnant que les minots de l’époque en parlent encore avec respect. Malik, c’était un pur dessinateur qui a un peu loupé le coche quelque part. Alors que ses modèles (Giraud et Herman je suppose) travaillaient un dessin réaliste avec toutes les contraintes et la réussite que ça impliquait, Malik semble ne pas avoir vraiment fait évoluer son dessin tout souple et entre deux eaux (pas vraiment réaliste, pas vraiment caricatural) ce qui explique pourquoi je n’ai jamais été vraiment fan.
Mais, avec le recul, créer un héros non Gringo avec une telle longévité, c’est un exploit impressionnant. Même Pratt ne s’y est pas risqué.
Technique : crayons Wolff sur carnet de croquis Moleskine (125 g). Filtres Affinity Photo.
Autres chers disparus
Juste un petit mot sur John le Carré dont Un pur espion m’a fortement impressionné. Et c’est un des écrivains dont les adaptations cinématographiques sont souvent réussies (The Constant Gardener de Fernando Meirelles vous arrachera des larmes et ça passe sur Arte ce soir).
Et, puisque c’est portes ouvertes aujourd’hui, les Viagra Boys s’associent avec la punkette Amy Taylor pour une reprise hommage d’un titre de John Prine qui prouve que la country n’est supportable que lorsqu’elle est chantée par des punks.
De bien beaux hommages. Celui à Corben est particulièrement vibrant.
Et John Le Carré, un des rares écrivains à réussir à nous passionner avec des aventures de petit bonhomme gris, en costume gris, en imperméable gris, dans un brouillard gris…
C’est sûr que ça changeait du gars Bond.
Le gars Bond ? en Afrique Noire ? il ne s’embarrasse guère de post-colonialisme, où qu’il aille. C’est le bon petit soldat qui finit toujours par faire ce qu’on lui dit de faire. Beaucoup plus mince psychologiquement que les gars de John, peu carrés.
Ton texte sur Corben me touche : c’est vrai qu’il racontait souvent la même histoire, et qu’en plus elle n’était pas terrible, mais son acharnement et son dévouement au genre choisi forçaient l’admiration. Et des fois, des gars bons genre Jan Strnad lui filaient des super-scénarios, genre Jeremy Brood.
C’est vrai que les deux faisaient une bonne paire et Strnad apportait de l’épaisseur aux personnages.