Planète lointaine est une histoire publiée d’abord dans le fanzine réunionnais Le Cri du Margouillat (les 80 premières pages à peu près) sous le titre Funny Girl puis en album en 1998 aux éditions Delcourt dans la collection Encrage. C’est donc un album petit format de 192 pages en noir et blanc qui raconte le dur combat de plusieurs individus contre le Gouverneur d’une cité perdue sur une planète isolée. Entre autres…
Planète lointaine remonte à plus loin encore dans le temps. En 1989, alors jeune enseignant stagiaire à Reims, je tente une nouvelle histoire moins prise de tête que celles que j’avais précédemment produites et j’envoie 6 planches aux éditeurs (comme tous les ans depuis quelques années).
Ô surprise, certains me répondent positivement pour la première fois. Évidemment, ce n’est pas tant le scénario qui les interpelle que le dessin et l’univers. Jean-Claude Camano me demande de faire une histoire courte pour un numéro spécial de Circus, Révolution des mœurs qui se changera au dernier moment en Révolution des sens, Laurent Galmot me contacte et me propose un scénario de Téhy, bref, me voilà brusquement éditable. Cette première version de Funny Girl contient pas mal d’éléments de la version définitive. Un gros bonhomme maladroit nommé Marvin croise les membres d’un magazine politico/cul et une révolution gronde au loin.
Comme à mon habitude de l’époque, c’est une histoire construite au fur et à mesure à la manière du Major Fatal de Moebius. Je reprendrai dix ans plus tard le concept après la lecture de Lapinot et les carottes de Patagonie de Lewis Trondheim avec une différence de taille dans mon cas particulier : interdiction de faire du ”beau” dessin et obligation d’un rendement d’une planche par jour (sur les exhortations amicales d’Appollo).
La publication du Cri du Margouillat étant assez aléatoire à l’époque, je produisais des séries de quelques planches avant d’arrêter, découragé par ma nullité. Mais, mine de rien, les planches s’accumulaient et Jean-Claude Denis, de passage à la Réunion, m’encouragea à les envoyer à Casterman ( pour l’anecdote, Emmanuel Lepage zonant dans les bureaux de ladite maison m’a raconté avoir vu le dossier en haut d’une pile sur un des bureaux). Mais point de nouvelles Castermaniennes positives. En parallèle, Delcourt, intéressé par mon dessin, m’a convaincu de chercher un scénariste et de fil en aiguille, je rencontrai épistolairement un jeune scénariste qui venait de publier son premier album chez Zenda : Jean-David Morvan. C’est lui qui me signalera la sortie d’une nouvelle collection chez Delcourt où Funny Girl pourrait trouver sa place. Je m’étais arrêté à la pl.80 et des patates et il a fallu écrire un scénario pour les 100 dernières planches pour pouvoir signer.
L’album est sorti avec quelques jolies critiques et je suis bien obligé d’admettre qu’il est devenu ”culte” dans le meilleur sens du terme. Régulièrement, je croise des gens qui n’ont lu de moi que cet album et qui l’adorent.