Si on me demande mon avis sur le dernier lauréat du Fauve du meilleur album, je dirai qu’une bonne bande dessinée n’a pas besoin d’un dessin virtuose, que le graphisme BD, en quête d’efficacité visuelle, joue avec la simplification et les formes abstraites où le lecteur est amené à se faire ses images tout en voyant des images.
Sinon, c’est aussi un gros crachat dans la gueule des artistes qui sont héritiers d’une tradition graphique que l’Art officiel a mis de côté et qui s’est réfugiée dans les marges. La BD m’a attiré parce qu’elle faisait sa propre histoire avec ses génies non reconnus et son mauvais esprit potache. Maintenant qu’elle rentre petit à petit dans le giron d’une Grande Culture bienveillante/maternelle mais aussi castratrice, elle me fait penser à un vieux rocker punk et riche qui va chercher sa Légion d’Honneur en serrant les mains des politiques qui demandent un selfie. Et pour finir, je n’ai pas lu l’album en question alors je n’ai pas trop d’idée sur ce que ça vaut. Disons que j’aurais salué le concept mais de là à lui refiler le prix de l’année…
Des animaux et des passages piétons
Pierre Clément est un artiste touche à tout qui a abordé le jeu de société ou l’animation. Mais dans les années 80, son travail était visible à travers la publicité et les illustrations pour Métal Hurlant. Sa ligne claire très épurée n’est pas sans rapport avec l’album que j’évoquais plus haut. Avec juste un peu plus d’ambition visuelle. Clément développe en une image un univers isométrique où des bestioles glissent dans une danse infinie. C’est d’une précision millimétrée et je ne sais même pas comment il réalisait les couleurs (sérigraphie ? Pentone ?). Ralentir passage d’animaux reprend toute la production Métal mais dans un format bien plus petit (mais avec un meilleur papier). Une folie douce tendance Ever Meulen ou Swaarte.
site officiel : http://pierreclement.paris/
Je trouve ton billet,comme ton humeur bienvenues,et formulées avec ce beau vrai sourire désabusé,pas amer,non,mais mélancolique…
Le travail de Pierre Clément,séduit et me renvoie à quelques lectures récentes entre Sto,Pablo Echawrren,ou certains travaux de Renato Calligaro…
Alala, M.Julien doit avoir une culture phénoménale et je ne suis qu’un nain à ses côtés. J’ai l’air malin à me plaindre de la Grande Culture.
Culture phénoménale ?..
Plutôt un étalage de noms,choses vues…J’avais « croisé »le travail de Pierre clément dans un dossier bd&peinture des cahiers de la bd(les jours de marché)où surgissent les noms de Ever Meulen,donc,mais aussi Gérald Poussin ou Pascal Doury,Petit-Roulet… comme ce chaînon,émergence très vive et abondante dans ces chères années 80,du graphisme où ‚de la bd ‚ne resteraient que les codes mais non le dispositif…
Dans son cas, il n’a jamais abordb la BD – mais Meulen non plus.
Il me semble que c’est un album qui méritait bien d’être signalé à l’attention du public d’une façon ou d’une autre, mais comme ”meilleur album de l’année”, il y avait tant d’autres bons titres en concurrence que c’est un choix un peu déconcertant… il se produit parfois un curieux phénomène quand la compétition est très ”ouverte”: on choisit le candidat qui plaît à peu près à tout le monde, sans plus, de préférence à un de ceux pour ou contre lesquels les jurés sont prêts à s’écharper ?
Il faudra que je lise l’histoire pour savoir si ça valait la peine de le mettre en valeur.
Sa pub pour les stylos Reynolds m’avait vivement marqué quand j’étais môme.
https://vimeo.com/94858841
Ah oui, c’était chouette.
A priori c’est pas très tentant, mais pourquoi pas. C’est plutôt original.
Le bureau des jardins et des étangs, un roman graphique de Julia Bourdet, tiré du roman de Didier Decoin est magnifique. Je me permets de vous le suggérer.
Merci pour la suggestion. Pas trop mon truc a priori – déjà c’est une adaptation d’un bouquin (je sais, moi même…). Disons que j’aime la pure BD en tant que lecteur. Plutôt un Kroston que du Decoin :-)