Je ne suis pas un grand fan Disneyen mais ce Before the Animation Begins de John Canemaker sort de l’ordinaire. Il s’intéresse ici aux artistes engagés par Walt Disney dans l’équipe artistique chargée d’apporter leur expérience ou leur vision en préparation des longs métrages qui ont fait la gloire des studios Disney.
Canemaker ne se contente pas de s’exclamer sur le travail disneyen des illustrateurs mais récapitule toute leur vie et expliquant soigneusement les raisons qui ont fait que Disney a signé avec eux et quelles furent les conséquences sur leur carrière artistique voire leur vie tout court.
Ce n’est donc pas une ode au génie de Walt Disney et, en lisant les commentaires des artistes en question, on finit pas se faire une idée du talent de Disney et de ses défauts. Certains le considèrent comme un père de substitution – qui a pu être très dur avec eux – d’autres en sont sortis désabusés de cette expérience (en général, les artistes avec le plus de caractère quittent les studios qui leur imposent de se cacher derrière le nom Walt Disney et qui ”oublient” de les créditer au générique quand leur travail finit sur les écrans quelque fois plusieurs années après leur départ).
Le livre fait une belle place à Mary Blair dont les rapports très particuliers avec Disney ont des répercussions jusque dans sa vie personnelle et souligne l’ouverture des studios – trois femmes sont présentées dans le livre ainsi qu’un Chinois, ce qui est hors norme pour l’époque. Enfin, un chapitre est consacré à la ”relève” ( à partir du Roi Lion) – le livre date de 1996. Il ne faut pas oublier que Disney, fatigué des délais de fabrication d’un long métrage d’animation et des investissements nécessaires s’est orienté vers des projets qui l’excitaient plus (le propres des grands entrepreneurs) comme les parcs d’attraction ou la télévision et qu’il était prêt à fermer le studio d’animation avant que le succès des 101 dalmatiens ne le prenne par surprise et l’oblige à reconsidérer sa position.
Artistes portraiturés : Albert Hurter, Ferdinand Horvarth, Gustav Tenggren, Joe Grant, James Bodrero, Bianca Majolie, Sylvia Moberly-Holland, Mary Blair, Tyrus Wong, Davil Hall, Edwind Earle et Ken Anderson.
Au final un beau et bon livre (200 pages, 30cm x 30cm) plus porté sur l’illustration que sur l’animation proprement dite, richement illustré et au texte passionnant.
Ca a l’air super intéressant.
Les images d’Eywind Earle me font penser à l’énorme making off de La Belle au bois dormant par Pierre Lambert qu’on trouve toujours en librairie et qui coûte malheureusement très très cher.
C’est celui sur Pinocchio que j’ai longtemps hésité à acheter et maintenant, c’est cuit – en plus d’être plus pauvre qu’à l’époque.
Je ne suis pas entré dans les détails mais il y a une anecdote assez drôle où l’on apprend que le père de Earle a travaillé chez Disney bien avant son fils et c’était une tête de lard imbue de lui-même – je n’ai pas la place d’expliquer comment il a éduqué son fils – qui s’était fâché avec tout le monde.
Désigné pour définir l’aspect visuel de Cendrillon – au grand dam des animateurs qui se demandaient comment gérer ces espaces tout plat – Earle junior s’est juré de ne pas reproduire les erreurs de son père. Il a fait aussi mal en quinze jours :-)
Je ne savais pas du tout que Earle avait un papa dans le métier également ! J’ai cherché (rapidement) sur google et je n’ai trouvé aucune image signée de son père… Sur l’éducation tu fais peut-être référence à l’anecdote qui est relatée sur neverpedia ? (il aurait commencé à peindre parce que son père exigeait soit qu’il lise 50 pages d’un livre par jour soit qu’il fasse un dessin par jour) Méthode éducative originale !
En effet, c’est bien de ça dont je parle. Il faut savoir que son père l’avait embarqué de force dans un long périple notamment européen alors qu’il n’avait que dix ans – ça a duré quelques années – et qu’il a fini par fuguer à 15 ans pour rentrer auprès de sa mère en jurant de ne plus jamais dessiner de sa vie. Et je ne parle pas des violences physiques. La notice de Neverpedia est particulièrement clean.
Une famille intéressante puisque le grand-père était un général à la retraite millionnaire mais Earle ne s’est jamais posé la question de l’origine de cet argent et le père a évidemment tout claqué.