Où es-tu Métal, Métal Hurlant ?
On m’a bien bassiné pendant un an avec l’annonce de la ressortie de Métal Hurlant. J’attendais de voir, je n’ai toujours pas vu mais les slogans du type « se confronter à la réalité pour mieux la dépasser » m’ont laissé froid. Je préférais de loin les trucs du genre « la machine à rêver ». En fait, j’ai un peu de mal à reconnaître dans cette nouvelle mouture la philosophie de l’original qui voyait des auteurs fous de SF, un passionné dévoreur d’images et d’histoires mauvais genre et un comptable qui partira avec la caisse créer un magazine pour y mettre ce qui leur passait par la tête. Et Métal, ça a été un lieu de découverte d’auteurs incroyables, un bouillonnement confus et excitant. Est-ce que ce magazine qui met en avant des accroches dignes d’un cahier spécial Télérama ne part pas avec un sacré handicap ?
Troll un jour, troll malheureux toujours
En fait, mon inconscient doit bien travailler dans son coin parce que lorsque je suis tombé sur un groupe Facebook consacré à la revue, je me suis empressé de m’y inscrire. Las. Au bout de deux jours, aucun contenu en lien direct avec le magazine, des images de Liberatore (sic), des news sur Dune, des images de Moebius même pas publiées dans le magazine, sans information sur leur provenance. Par pure déception, je me suis fendu d’un message avant d’aller voir ailleurs – et c’est mal, il ne faut pas faire ce genre de choses, mon fils me le répète tous les jours. Bon, si un membre de ce groupe passe par ici, je m’excuse encore platement.
Petits traits et têtes coupées
Moi, si on m’avait laissé faire, j’aurais mis dans le nouveau Métal Hurlant des images de Dirty Iron. Le pseudo de Luan Tie, un illustrateur Chinois qui fait naître des visions dangereuses dans des carnets de croquis. On n’en sait pas plus. Mais quelles images ! Du cul malsain, des paysages irradiés où rôdent des ossements, une ambiance de fin du monde contaminé. On croit y reconnaître du Otomo voire du Moebius. C’est plus dense que du Kim Jung-GI, plus varié que du Terada et, non, ce n’est pas de l’éco-SF. Et c’est fait à la main. Comme dans Métal Hurlant première version. En fait, mon avis est fait sur la question. Les seuls capables de nous faire rêver de nouveau, ce sont les Russes et les Chinois. Pas très démocratique tout ça mais complètement dingos dans leur tête.
Pas de site officiel mais du réseautage social :
Bien qu’il ait légitimement titillé notre curiosité, le nouveau Métal Hurlant était obsolète avant même la parution du numéro 1, puisque le pire de la SF des années 70 (Andrevon, Brunner, Zemmour) est en train de se réaliser sous nos yeux.
Pour les nanas à gros seins, les astronefs scintillants et les extra-terrestres pédonculés, les enfants illégitimes de Corben, Druillet et Moebius sont un cran en dessous de leurs géniteurs. Et le concept lui-même est un peu vintage.
Mais imagine un gars qui lancerait une revue à la gloire de la chanson française et qui voudrait faire fructifier l’héritage des Brel, Brassens et Guy Béart : il aurait du mal à nommer des héritiers. Le moule est cassé ; l’époque est à autre chose.
Rien que d’y penser, je deviens moi-même décliniste.
Concernant Métal, la partie rédactionnelle, décourageante parce que tassée en début de revue, est honnête et intéressante. C’est la partie BD qui est décevante. Merci d’avoir trouvé un(e) chinois qui fait le poids pour notre ”Métal Hurlant Imaginaire”, qui sera toujours meilleur que celui publié dans la Réalité Réelle Ratée.
Je contribuerai prochainement à cette grande idée.
Voilà une grande idée : on va créer une revue imaginaire véritable héritière. Mais je sens que l’on n’a pas fini de se disputer sur qui mettre dedans.
Je vois que tu n’as pas cité Gainsbourg dans les ténors de la chanson française. Un signe qui ne trompe pas.
Sur Terre-38 (référencée par Grant Morrison dans son gloubi-boulguesque Multiversity), Serge Gainsbourg joue de la basse nucléaire en susurrant du Lautréamont au sein du Kilimanjaro Darkjazz Ensemble, un groupe de terror_doomjazz sévissant jusqu’à la ceinture d’astéroïdes. Il a troqué la boutanche contre la weed, et il est tellement stoned qu’il se prend pour Thiéfaine. Jane Birkin est leur attachée de presse, et elle les trouve un peu bruyants. C’est pourquoi ça ne marchera jamais entre eux. Voici une amorce pour une des histoires d’Acier Couinant imaginaire, qui explique pourquoi je n’ai pas inclus Gainsbourg dans mon panthéon.
On se croirait dans Le royaume de dix arpents de la série Isabelle.
Bien aimé Dirty Iron, étonnant digne successeur de MH..
.…Rien à voir, mais un site qui devrait vous amuser, jetez un coup d’oeil là :
https://incyclopedie.re/locean-reunionnais-avant-1946/
Un projet Kambooesque à ce que je vois. Bon, c’est une ébauche d’encyclopédie plus qu’une vraie somme. D’ailleurs, Moebius et Mézières avaient un projet d’encyclopédie SF autour d’une planète fictive qui ne s’est jamais concrétisé.