J’ai déjà parlé du blog de Yohan Radomski alors qu’il vivait en Pologne. Le voilà maintenant en Chine pour quelques temps et son blog présente des ”lianhuanhua”, les petits livres illustrés qui se rapprochaient le plus de la BD avant que la mondialisation ne fasse ses dégâts habituels (uniformisation de la culture et lecture obligatoire de Zep et Satrapi)…
- le blog :
- un blog consacré au genre (merci Provisus):
Superbe suggestion, mais ton lien ne nous envoie pas sur le blog en question. Bon, ce n’est pas difficile à retrouver avec Google :-)
Pour Zep et Satrapi, je conteste ! Il s’agit de deux dessinateurs (ou trice) qui ont leur style personnel. Ils ont du succès, bien sûr, mais cela ne les rend pas inintéressant.
Ben comment ça ? Ça marche très bien chez moi ??? Ah, je me moquais un peu, Raymond :-) (quoique, je ne suis pas encore convaincu par Miss Satrapi).
J’ai ramené pas mal de ces petits fascicules de Shanghai (où ils deviennent difficiles à trouver). Impossible de comprendre grand chose, mais que de dessinateurs talentueux !
Un site qui parle de lianhuanhua (连环画) :
Excellent Provisus ! Je le rajoute dans l’article (dommage que les scans ne soient pas de grande qualité). Mais personnellement, je ne considère pas le genre comme de la BD à proprement parler contrairement à ce qui est dit sur le blog.
Superbe, en effet, ce blog sur les ”lianhuanhua” (est-ce que j’ai écrit le mot juste ?). Il permet de découvrir tout un monde dont on a aucune idée. Quant à la question de savoir si c’est de la bande dessinée … eh bien … je prétendrai que oui ! :-)
Oula, on ne va pas rentrer dans les débats théoriques. Je pense que ça dépend surtout de ce que ça raconte…
Pourquoi dis tu cela ?
Je ne sais pas ce que ça raconte à cause de la barrière de la langue, mais visiblement, il y a une séquence d’images qui racontent bien une histoire : je dirais donc aussi que c’est une forme de BD, au même titre que ”Entre Deux” de Perriot ou que ”Barney et la Note Bleue” de Loustal et Paringaux, par exemple.
Ah mince, je crois que j’ai théorisé sans faire exprès.
J’avais déjà aperçu ces petits feuillets dans la boutique d’une expo (Musée Guimet ???). Il me semble qu’il y a aussi un ou des ”Tintin” (officiels ou pirates ?) imprimés de la même manière.
J’ai adoré le ”Zep coupé en tranches”, ainsi que ”L’Enfer des filles” et ”L’Enfer des concerts”. J’ai également beaucoup apprécié ses carnets de croquis qu’on a pu voir dans CaseMate (je crois).
Presque aussi beau qu’un croquis de Zep.
Oui, c’est étonnant comme tous les détails des visages restent justes, même avec un très fort agrandiseement.
C’est en principe la marque d’un grand dessinateur.
Tu parles de Titeuf, je suppose ? :-)
En 1982 le centre Pompidou à consacré une exposition à la bande dessinée chinoise. Je ne l’ai malheureusement pas vue, mais possède le catalogue (introuvable aujourd’hui). C’est étonnant de constater à quel point ces dessins, conçus pour le petit format (12,5 x 9,2 cm), sont superbes imprimés en grand. Ce catalogue contient également la traduction d’un récit complet de He Youzhi (auteur publié des années plus tard par les éditions de l’an 2).
Je ne résiste pas à vous montrer un de mes dessins préférés : , réalisé par Hua Sanchuan pour La Fille aux cheveux blancs en 1965. En voici le résumé :
”L’histoire réelle d’une jeune paysanne qui se réfugie dans les montagnes pour fuir les sévices d’un propriétaire foncier. Sa vie d’enfant sauvage lui rend prématurément les cheveux blancs. Les paysans la prenant pour un esprit la pourchassent, jusqu’à l’arrivée d’une troupe communiste qui la sauve de la démence dans laquelle elle sombrait.”
Et oui, la BD aussi devait servir la propagande…
@Provisus : Absolument superbe. Tu as bien fait de ne pas résister ;
Il y a un peu plus de 10 ans,à St.Luc de Liège,un de mes enseignants avait apporté un carton plein de bandes chinoises;des petits formats,à l’italienne,où la paysannerie chinoise était particulièrement présente…O ingratitude de la jeunesse:ça n’interessait pas grand’monde(personne en fait)pendant c’temps que le cher professeur devait se désespérer de ne pouvoir s’en débarasser…Finesse des décors,personnages immuables sur un papier fin,récit qui devaient mettre en valeur un propos,l’ame d’un peuple…A cette m^me époque,le manga était à la mode;j’ai pu prendre dans ce lot d’histoires d’un pays,sous Mao,un autre regard,une narration éloigné d’un dynamisme maniéré…Ce billet arrive en écho à ces souvenirs,tandis qu’un Taniguchi-par exemple-illustre(à mes yeux)depuis ces dernières années cet esprit,ce souffle là de cette autre culture,teintée d’une mélancolique humilité…Cette”propagande”ci,j’avoue,ne me choque pas;ses idées révèlent aussi des utopies.
Afin de (grandement) rebondir (en avant) sur le propos de Provisius, on trouve dans le merveilleux ouvrage de He Youzhi, Cent métiers du vieux Shanghaï, une page consacrée aux ”petits livres” où il fait allusion à l’exposition de Beaubourg, ainsi qu’une autre, consacrée aux auteurs de ces petits livres. Il y décrit les étapes de la création d’une bande dessinée : ”On dit que jadis (avant la libération), l’art de la bande dessinée se transmettait de maître à disciple au sein d’une équipe. Le maître ”brisait la coquille” (dessinait les personnages), l’assistant ”plaçait le décor” (dessinait l’arrière-plan), le disciple ”peignait les fleurs” (dessinait les motifs des vêtements), le scénariste mettait en ordre les textes et les dialogues. La réalisation de chaque dessin passait par ces étapes successives, en commençant par le trait et en finissant par la lettre. Le disciple apprenait ainsi toutes les subtilités de l’art.”
@Provisus : très beaux visages en effet.
je me souviens de quelques exemples de dessins chinois dans le shenzhen de guy delisle… et ça me donne envie de rouvrir ce livre, tiens.
Heureux que vous êtes ! Ici, en Chine, je n’ai pas accès aux blogs dont vous parlez, plus pour des raisons de serveur que de censure, je pense. Provisus, très beau dessin de Hua Sanchuan… J’ai acheté un beau livre sur l’histoire du lianhuanhua, en mandarin, donc il me faudra encore un peu de temps pour le décrypter et avoir quelques infos plus précises. J’ajoute que le graphisme de ces ouvrages renvoient à la bd. Je montre délibérement sur le blog des oeuvres un peu originales, mais on trouve des tas de lianhuanhua historiques ou de propagande (des histoires édifiantes à la campagne qui se dénouent grâce au bel héros communiste) dans un style proche de De la Fuente, par ex.
Il y a quelques années (10…) He Youzhi est venu à l’école des Beaux-Arts à Angoulême. Les étudiants gardent un souvenir ému de ce grand maître, auprès de qui, je crois, Cosey a étudié. He est connu pour sa mémoire photographique et il a bluffé tout le monde en observant au marché des halles d’Angoulême un type qui tressait des paniers, et en représentant avec détails la scène à son retour à l’école.
@yohan : Dis moi Yohan, ces lianhuanhua sont-ils toujours édités, ou ne les trouvent-on que d’occasion ?
Je les achète chez des bouquinistes. En librairie, on trouve quelques rééditions, notamment sous coffrets assez luxueux.Je ne sais pas s’il y a encore une production actuelle de ces petits livres… Je pense que le format est tombé en désuétude. A l’occase, j’en dirai plus sur mon blog si j’apprends du nouveau.