Le temps passe vite… En créant ce blog, j’avais pensé montrer un tas de trucs de Terada, un illustrateur japonais que l’on découvrait en France à l’époque, au dessin excitant qui lorgnait vers Moebius tout en ajoutant une dose personnelle. Et j’ai même dédicacé à côté de lui à La Réunion !
Mais tout cela date d’il y a quelques années et ce nouveau recueil publié à l’occasion d’une exposition résumant dix années de carrière est assez cruel : Terada n’a pas tout à fait tenu les promesses espérées – enfin que j’espérais, cf.les commentaires plus bas.
330 pages en petit format – A5 – avec juste une partie en vraies couleurs, le livre ne fait pas vraiment doublon avec les précédents ouvrages disponibles. J’avoue que je n’accroche plus avec son travail de couleurs ordi, assez répétitif aussi bien dans le rendu que dans la composition. C’est lorsque Terada fait dans la simplicité qu’il reste passionnant. Son travail au trait, ses recherches de motif, dans l’esprit de Moebius ou Mignola sont d’une efficacité étonnante. Mais on ne peut pas dire qu’il arrive à concrétiser et on se retrouve avec des morceaux d’histoires, des échappées intrigantes comme Moeb pouvait le faire dans les années 70. Excitant mais en tout petit comme ici, c’est relativement frustrant.
Reste un vrai artiste avec un univers que l’on pourra mettre en concurrence avec un certain Kim Jung-GI, artiste coréen incroyable au dessin assez proche de celui de Terada, plus complet probablement mais où il est difficile de trouver un vrai univers – un album à sortir avec Morvan au scénario.
- un Tumblr avec ses trucs mais j’ignore si c’est officiel : http://katsuyaterada.tumblr.com/
Ah, ce billet soulève un problème intéressant. Comment s’y prend-on, pour tenir des promesses faites en dessin ? On a une idée précise de ce qu’on veut faire, on veut y aller tout droit, alors on refait ce qu’on a déjà fait, en faisant attention de faire mieux que la première fois. On creuse un sillon, on avance on avance, et des fois on ne s’aperçoit pas que comme Dupond et Dupont, on repasse là où on est déjà passé. Alors évidemment si les gens vous attendaient au bout de la ligne droite ils se demandent où vous êtes et pourquoi vous n’êtes pas au rendez-vous. Mais ils auraient eu la même impression si vous étiez parti complètement de l’autre côté, non ?
Autre joli problème soulevé:Qu’injecte-t’on,par notre culture,nos goûts,chez un auteur qui éveille quelqu’intérêt naissant en nous..?Quelle trajectoire lui avions-nous rêvé..?
Je suis toujours surpris quand un X ou une Y dit préférer son travail actuel,celui là même qui nous déçoit:c’était donc ça son idéal..?Dans le cas de Terada,la transparence-revendiquée?-avec Moebius renforce sans doute le jugement.Un charme de la jeunesse éteint?Ou donner l’impression cruelle qu’il n’évoluera plus,désormais;qu’il s’est trouvé;comme on trouve un concept.
Un malentendu.Ou une somme de malentendu.
Et pourquoi que j’dis tout moins bien que Tororo ?
Bien vu Tororo. C’est en effet une déception toute personnelle. J’aime les dessinateurs qui évoluent, qui cherchent. Dans le bouquin-ci, difficile de voir si Terada évolue vraiment. On doit lui demander de refaire la même chose pour des choses commerciales.
Peut-être pour ça que les aventures actuelles de Blake et Mortimer ne me font ni chaud ni froid.
Je l’ai découvert récemment en furetant dans la librairie Junku à Paris. Est-ce qu’il y a quelque chose de lui qui vaut le coup d’oeil, à part les artbooks ? J’ai l’impression de n’avoir vu que ça en rayon. J’ai trouvé ça bizarre, comme si c’était un dessinateur qui ne dépassait jamais le stade des ébauches et des projets.
Il a fait un manga publié chez Delcourt : j’en parle vaguement ici https://www.li-an.fr/blog/zolies-images/un-japonais-a-la-reunion/. C’est un pur délire de dessinateur. D’autres mangas non traduits existent – voir le lien sur le même billet. Je suis assez étonné de ne pas en avoir parlé sur ce blog… D’ailleurs la suite (la fin ?) n’est jamais sortie.
Apparemment, il semblerait que Terada ait laissé tomber la BD, non ?
Moebius, lui, a continué la BD jusqu’au bout de la piste. Nous aurait-il autant marqué s’il s’était contenté de faire de l’illustration ?
En fait, je n’en sais rien – à propos de Terada. Moebius lui était un fan de BD qui voulait raconter des histoires. Pas sûr que ce soit le cas de Terada qui est surtout un fan de Moeb en ce qui concerne les BD.
A part ça, je ne sais toujours pas pourquoi il m’est impossible de poster des commentaires depuis mes postes habituels (aurais-je dépassé mon seuil de conneries ?).
Je réponds en privé.