En France, le mauvais goût est tellement détestable qu’on est prêt à effacer des pans entiers de création artistique au nom de la Modernité triomphante (ou de la branchitude effrénée, je ne saurais trop dire). Les peintres figuratifs de la fin du XIX ème qui s’étaient spécialisés dans un classicisme de genre trustaient les médailles, honneurs et postes administratifs. La nouvelle vague portée par les Impressionnistes s’est retrouvée en première ligne et, pour ne pas changer, la dispute théorique s’est transformée en guerre de tranchées. Le Français étant revanchard, la fin des figuratifs a vu leur expulsion des musées, catalogues et de l’Histoire de l’Art en général. Seules les préfectures de province ont longtemps résisté à cette épuration mais, pour les autorités, une peinture abstraite est finalement plus commode qu’un nu mérovingien : personne ne comprend ce que cela signifie et c’est toujours très décoratif. Bref, il est désormais impossible de trouver facilement un livre sur le sujet. Seuls les Orientalistes, très bien vus aux États-Unis, ont droit à un revival (après tout, Géricault, Ingres ou Delacroix ont réalisés des choses dans le genre).
Dans les années 90, Cavanna a pondu deux livres d’Histoire de France illustrés par ces méchants figuratifs en une espèce de clin d’oeil décalé. Le premier est consacré aux Gaulois (1) et le second au Haut Moyen-Âge. Je vais essayer de scanner toutes les peintures ”intéressantes” réalisées par des artistes français (ce gros malin de Cavanna a pioché aussi chez les Anglo-Saxons mais ces derniers ne sont jamais tout à fait tombés dans l’oubli grâce notamment à la tradition de l’illustration dans ces pays).
Bien avant les reality shows, certaines avaient trouvé des trucs pour se faire remarquer.
Sainte Marthe fait un tour de hors-bord devant St Tropez (le modèle Tarrasque est complètement écologique).
Louis VI distribue des offres SuperPizza aux Parisiens.
(1) : je cherche activement un exemplaire d’occase pas cher de ce livre. Si vous avez ça, je l’échangerai volontiers contre un petit dessin…
Certains dessinateurs de BD d’ aujourd’hui sont un peu les descendants de ces ”Figuratifs”.
effectivement, et des illustrateurs jeunesse, ex : François Roca.
Oui, d’une certaine manière, on peut considérer que certains dessinateurs qui font dans le genre ”héroïque fantaisie” ou ”polar international” ou ”historique fantastique” sont des héritiers de cette façon de faire : mettre sa virtuosité technique au service de genres qui fonctionnent bien afin de contenter éditeurs et public.
François Roca est dans cette espèce de tradition aussi mais quelque fois pour de mauvaises raisons (ah ah ah).
En fait, je crois que c’est Druillet qui l’héritier batârd de ce courant : une envie de réaliser des choses plus grandes que nature avec une vision de l’Histoire épique.
La stigmatisée est aux musée des beaux arts de Nantes, je ne me lasse pas de la regarder. D’autant que le format du tableau est monumental et que l’on s’y abîme assez facilement…
Ah ben, j’ai dû la voir alors (ou alors elle était cachée sous une hideuse ”installation” des étudiants des Beaux-Arts). Merci de me rappeler l’existence de ce musée qui propose en effet de belles choses dans le ”genre”.
Au musée des Beaux-Arts de Montréal,j’avais pu aussi gouter à quelques”pompiers”.Et,en effet,on peut etre sensible et tomber amoureux,plonger sans préjugé avec une émotion réelle dans ces toiles,tableaux.LA STIGMATISEE:Il a tout de HERMANN le personnage à droite,en blanc!Trés beaux choix;(tiens,pour revenir à un précédent sujet,est-ce que tu mettrais feu-Jean claude Gal dans les pompiers..?)
Gal est pompier dans une certaine forme:il essaie de donner un aspect ”réaliste” avec beaucoup d’efforts. Mais son oeuvre ne l’est pas vraiment (cf. juste en dessous :-)). Pas Hermann qui n’essaie même pas de faire joli. Il faut qu’il y ait une certaine esthétique un peu facile pour faire pompier.