Concours de T‑shirts mouillés à Angoulême : le travail de Smilby

Pendant ce temps, les auteurs africains…

Alors est-ce que j’ai un avis sur la polémique qui a secoué le Lander­neau de la BD ces derniers jours, à savoir l’absence de femme dans la sélec­tion officielle pour le Grand Prix d’Angoulême ?
J’avoue que ça m’a laissé perplexe. J’igno­rais que les ”concours” à carac­tère artis­tique néces­si­taient une repré­sen­ta­ti­vi­té exemplaire. Et en même temps, j’attends toujours que Nicole Clave­loux soit sacrée Grand Prix. Au moins, pour les César et autres Cannes, ils ont bien contour­né le problème en créant un prix d’inter­pré­ta­tion mascu­line ET un prix d’inter­pré­ta­tion féminine. Comme ça pas de jaloux. On pourrait donc imagi­ner un Grand Prix mascu­lin et un Grand Prix féminin. Et encore mieux, un Grand Prix du Couple où on y caserait les Keras­coët. Après tout, il n’y a pas plus fédéra­teur que le couple.

La vraie place de la femme

Tiens, pour rendre hommage aux dames, je vous présente aujourd’­hui le travail d’un illus­tra­teur britan­nique, Smilby, de son vrai nom Francis Wilford-Smith (1927 – 2009), dont on connaît de nos jours surtout le travail pour Playboy.
Un travail assez étonnant puisque si les gags sont toujours d’une gentillesse extrême et d’un goût peu sûr, son travail graphique est très sophis­ti­qué dans le cadrage et les couleurs qui ne sont pas sans rappe­ler les verti­cales de Barbier. D’ailleurs Smilby a collec­tion­né les illus­tra­teurs Art Déco français comme beaucoup d’autres choses. C’était une autori­té recon­nu en blues et gospel qui faisait une émission de référence sur radio BBC et a enregis­tré des pointures. Il a aussi publié un livre sur les premières pin-up en se basant sur les œuvres qu’il possé­dait. Il existe un biogra­phie qui lui est consa­crée – Blues for Francis de Caroline Beecroft et Howard Rye – mais qui semble surtout consa­cré à sa passion de la musique. Et il a été agent pour les services secrets améri­cains tout gamin pendant la Seconde Guerre Mondiale du côté de l’Afrique.
J’aurais bien aimé voir autre chose que les gags d’une grande finesse pour Playboy mais il semble­rait que personne n’ai pensé à scanner ses autres travaux graphiques.

Mais qui est son père ?
Mais qui est son père ?
Dragon SM
Dragon SM
Dessinez c'est gagné
Dessi­nez c’est gagné
Manifestation à Angoulême
Manifes­ta­tion à Angoulême
Journée des voisins
Journée des voisins
L'Ouest sauvage
L’Ouest sauvage
Les désagréments du daltonisme
Les désagré­ments du daltonisme
Uniforme nord-coréen
Uniforme nord-coréen
Un Noël très doux
Un Noël très doux
...dans la cuisine avec un couteau
…dans la cuisine avec un couteau
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12 commentaires

    • Je n’ai pas trouvé beaucoup de Wilson de cette époque et ils ont une approche très diffé­rente je trouve. Beaucoup plus Art déco chez Smilby.

      • Bonjour, je suis la fille de Smilby, je viens de trouver votre blog!! Je vieux bien savoir qui a écrit ce morceau de l’his­toire de mon père. Je vous remer­cie beaucoup tous les personnes qui ont aimée ses dessins!!

        • Si vous voulez savoir qui a écrit ce billet, c’est bien moi. Si je comprends bien, vous êtes la coauteure de Blues for Francis ? Je me permets une demande : est-ce qu’il est possible de voir d’autres œuvres graphique de votre père sur le Web ?

          • Oui, c’est moi, qui est la coauteur de Blues for Francis. A ce moment j’ai pris tous ses oeuvres en Angle­terre pour un Auction, je pense que le mot en français et enchères.…? Je sais si vous mettez dans un google search sur images vous pouvez les voir. Il y en a beaucoup, il a travaille pour Playboy depuis 1966 jusqu’à 2006, alors pendant les quarante ans de travaille il ya environ mille oeuvres. Je vois que vous avez dit Angou­leme.…. est ce que vous êtes prêt ?

            • I saw a lot of illus­tra­tions of your father on the Web but I was curious to know if there will be some official site with some galleries.
              It’s ”enchères” in french.
              It’s an old post, I’m not sure I will be in Angou­lême this year.

  1. ”J’ignorais que les « concours » à carac­tère artis­tique néces­si­taient une repré­sen­ta­ti­vi­té exemplaire.”
    A priori, la parité n’est pas l’enjeu, c’est l’absence TOTALE de femme qui choque.
    Perso je trouve ce système de ”grand prix” foireux à la base. Qui récom­pen­ser ? Les vieux qui on fait leur preuves et qui font plus rien depuis 15 ans ? Les jeunes à la carrière fulgu­rante bientôt passés de mode ? Les injus­te­ment laissés pour compte ?
    La parité c’est sans doute pour jamais, mais au moins en temps qu’au­teurs on peut soute­nir les auteures dans un combat qu’on ne peut tout simple­ment pas nier ni leur refuser.

    Voilà, mon humble opinion sur le sujet.

    • Ben, la BD ayant été pendant de longues années massi­ve­ment mascu­line, il n’est pas très étonnant que les femmes soient en hyper minori­té sur ce genre de prix… pour l’ins­tant puisqu’elles sont de plus en plus nombreuses à en faire.
      Mais je suis d’accord que c’est un prix qui est très bancal – dans sa vieille formule comme dans sa nouvelle. Dans les deux, il a récom­pen­sé des auteurs qui ne faisaient plus de BD depuis longtemps et, surtout, il oblige à des choix prioritaires.
      Satra­pi est un bon exemple : nominée les années précé­dentes, elle a fini par sortir de la liste. Mais en même temps, elle a toujours fait des décla­ra­tions très mitigées sur sa culture BD et ce que ça repré­sen­tait pour elle et n’a pas dessi­né depuis plus de dix ans – et il y a quand même très peu de chance qu’elle redes­sine mais on ne sait jamais. On imagine mal un prix litté­raire décer­né à un/​e artiste qui a décla­ré qu’elle ne s’inté­resse pas trop à la litté­ra­ture et qui n’a rien publié depuis plus de dix ans. Sauf que les médias ont l’impres­sion que Satra­pi est toujours auteure de BD – alors qu’elle doit se consi­dé­rer comme réalisatrice.
      Je ne suis pas contre le combat féministe – je serai franche­ment pour – mais ”mettre des femmes pour qu’il y ait des femmes” me semble encore pire. J’avoue que je ne voterai pas sur une liste où des noms ont été ajouté suite à des pressions extérieures. Le scandale, évidem­ment, serait de faire une liste de nominés unique­ment mâles dont on pourrait contes­ter leur légiti­mi­té. Je n’ai pas l’impres­sion que ce soit le cas cette année.
      Et, par rapport à Angou­lême, j’aurais large­ment préfé­ré un prix ”à la Fémina” pour contrer ce Grand Prix – qui est quand même étrange dans son essence puisqu’il ne juge pas une œuvre mais une carrière. Encore une fois, on donne l’impres­sion que hors Angou­lême, il n’existe rien. Ma philo­so­phie va vers la contes­ta­tion, pas la rentrée dans le rang.
      Et puis tant que Mouchel n’aura pas un prix à Angou­lême, je refuse d’être nominé dans les Grands Prix :-)

  2. Un prix dédié au femmes ça serait un peu dire ”vous êtes bien gentilles, allez jouer de votre coté” je trouve. Et puis des pris y’a a bien assez !
    Quand à l’his­toire de la BD, c’est sûr on va pas la refaire, c’est la même que l’his­toire de l’art, du cinéma, de la litté­ra­ture : beaucoup de mecs y’a que de ça on dirait. Mais bon, Riad Sattouf il est pas dans l’his­toire, y’a des auteurs femmes du même âge.
    Tout à fait d’accord pour Satra­pi : ça serait casse gueule de lui donner un prix… mais pas beaucoup plus que Bill Watterson !
    Les nanas du ”Collec­tif des créatrices de bande dessi­née contre le sexisme” (les premières à avoir réagis) on refusé d’ajou­ter des noms de femmes, pour elles je crois que c’est trop tard : le mal est fait. Elles aussi boycot­te­rons. Du coup c’est le festi­val qui « met des femmes pour qu’il y ait des femmes »… pas les auteures.
    Et oui, le soucis c’est que média­ti­que­ment, en dehors d’Angou­lême c’est le néant.

    • Finale­ment il n’y aura plus personne :-) Mais le mal est fait : il y aura mainte­nant l’idée que la liste est soumise à des pressions et n’est plus vraiment indépendante.
      Pour ce qui est des Prix, il n’y en a pas telle­ment puisque même ceux d’Angou­lême ont une impor­tance relative – même s’il paraît que c’est de plus en plus intéres­sant pour les libraires.
      D’accord pour Watter­son et même Otomo cette année !

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